Les frais de scolarité en licence varient considérablement d’un pays à l’autre. Dans un tiers des pays de l’OCDE et autres entités dont les données sont disponibles, les établissements publics offrent un enseignement gratuit aux ressortissants nationaux, ou à moins de 1 100 USD de frais de scolarité par an. Dans un autre tiers des pays, les frais de scolarité annuels sont relativement modestes, se situant en moyenne entre 1 400 et 3 100 USD par étudiant. Dans le reste des pays, les frais sont considérablement plus élevés, excédant 4 500 USD par an.
Les frais de scolarité sont seulement plus élevés en master qu’en licence dans la moitié des pays de l’OCDE et autres entités dont les données sont disponibles.
Les pays de l’OCDE et autres entités se répartissent entre trois groupes différents selon leur approche en matière de frais de scolarité et de soutien financier direct aux étudiants dans l’enseignement tertiaire : soit les frais de scolarité sont nuls et les aides sont élevées ; soit les frais et les aides sont élevés ; soit les frais sont modérés et les aides sont ciblées et versées à un pourcentage inférieur d’étudiants.
Regards sur l'éducation 2024

Chapitre C5. Combien les étudiants paient-ils et quelles aides publiques reçoivent-ils dans l’enseignement tertiaire ?
Copier le lien de Chapitre C5. Combien les étudiants paient-ils et quelles aides publiques reçoivent-ils dans l’enseignement tertiaire ?Faits marquants
Copier le lien de Faits marquantsContexte
Le contexte politique qui entoure les frais de scolarité dans l’enseignement tertiaire est souvent scruté et débattu. Au cœur des enjeux : l’accessibilité, l'aspect financier et la valeur sociétale de l'éducation dans un contexte d’expansion rapide de l’enseignement tertiaire. D’un côté, les défenseurs des frais de scolarité affirment que ces derniers sont nécessaires au maintien d’une éducation de qualité et de la viabilité financière des institutions. Ils font valoir que les étudiants bénéficient des investissements réalisés dans les infrastructures, le personnel enseignant et les ressources éducatives, et que les frais de scolarité sont un moyen équitable de répartir les coûts entre ceux qui en bénéficient directement. Toutefois, leurs opposants avancent que des frais de scolarité élevés empêchent les étudiants à faible revenu d’accéder à l’éducation, exacerbant ainsi les inégalités sociales tout en limitant la mobilité ascendante. Ils réclament un soutien public plus important pour alléger le fardeau financier qui pèse sur les étudiants, par le biais de mesures telles que des bourses, des allocations et des prêts publics. Le débat englobe des discussions plus générales sur l’équilibre entre financement public et privé, ainsi que les implications économiques de la dette étudiante. Les pays membres et partenaires de l’OCDE ont tendance à adopter des approches différentes en ce qui concerne le soutien financier et la répartition des coûts de l’enseignement tertiaire entre les pouvoirs publics, les étudiants et leurs familles et d’autres entités privées. Trouver une solution qui concilie ces intérêts divergents demeure un défi majeur pour les responsables politiques du monde entier.
Autres faits marquants
Dans les établissements publics, les domaines d’études où les frais de scolarité annuels sont les moins élevés en master dans la plupart des pays sont l’éducation ; les lettres et arts ; et l’ingénierie, les industries de transformation et la construction.
Les établissements privés indépendants sont moins soumis à la réglementation et sont souvent plus libres de fixer les frais de scolarité. Par conséquent, les frais de scolarité annuels y sont plus élevés que dans les établissements publics en master dans tous les pays de l’OCDE, à l’exception de la Lituanie.
Les frais de scolarité sont plus élevés à charge des ressortissants étrangers qu’à charge des ressortissants nationaux dans plus des deux tiers des pays de l’OCDE dont les données sont disponibles.
Les pays où les frais de scolarité sont élevés sont aussi ceux où les entités privées autres que les ménages contribuent davantage au financement des établissements d’enseignement tertiaire. En général, ils ont également des systèmes d'aide financière aux étudiants qui offrent à tous les étudiants des prêts conditionnés par les revenus et/ou des bourses sous condition de ressources. En revanche, dans les pays où les régimes fiscaux sont plus progressifs, les étudiants ne paient souvent pas de frais de scolarité et ont accès à de généreuses subventions publiques pour l'enseignement tertiaire, mais ils sont soumis à des taux d'imposition élevés sur leurs revenus plus tard dans la vie.
Analyse
Copier le lien de AnalyseDifférenciation des frais de scolarité annuels pour les études à temps plein
Différenciation selon le niveau d’enseignement
De plus en plus d’étudiants intègrent l’enseignement tertiaire chaque année, les programmes de licence ou équivalents étant désormais le diplôme tertiaire le plus couramment obtenu par les étudiants.
Les frais de scolarité en licence varient considérablement d’un pays à l’autre. Dans un tiers des pays de l’OCDE et autres entités dont les données sont disponibles, les établissements publics offrent un enseignement gratuit aux ressortissants nationaux – comme au Danemark, en Finlande, en Norvège et en Suède –, ou à moins de 1 100 USD de frais de scolarité par an – comme en Allemagne, en Autriche, en Communauté française de Belgique et en France. Dans un autre tiers des pays, les frais de scolarité annuels sont relativement modestes, se situant en moyenne entre 1 400 et 3 100 USD par étudiant. Dans les autres pays et entités, les frais de scolarité sont considérablement plus élevés : ils vont de 4 500 à 6 000 USD par an en Australie, au Canada, en Corée, au Japon, en Lituanie et en Nouvelle-Zélande, atteignant plus de 9 500 USD en Angleterre (Royaume-Uni) et aux États-Unis (Tableau C5.1 et Graphique C5.1).
Aller au-delà du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou du post-secondaire non tertiaire est devenu la norme dans la plupart des pays de l’OCDE. Au même titre que les programmes de licence, les cursus de cycle court de l’enseignement tertiaire prennent aussi de l’importance dans de nombreux pays de l’OCDE, car ils sont moins longs et moins onéreux et se distinguent dans un certain nombre de pays par un meilleur ratio coût-bénéfice qu’en cycle long, en licence ou en master, par exemple (OCDE, 2019[1]). Dans les établissements publics, les frais de scolarité à charge des étudiants sont dans l’ensemble moins élevés en cycle court qu’en licence. Ils sont nuls en cycle court au Danemark, en Espagne, en France et en Suède, et représentent moins de la moitié des frais de scolarité facturés en licence aux États-Unis, où ils sont inférieurs à 3 600 USD par an. Les frais de scolarité à charge des étudiants inscrits dans des établissements publics sont en revanche identiques en cycle court et en licence en Lituanie et aux Pays-Bas. En Norvège, le cycle court est le seul niveau de l’enseignement tertiaire où les frais de scolarité ne sont pas nuls (Tableau C5.1).
Aller au-delà de la licence est associé à de meilleurs débouchés sur le marché du travail dans la plupart des pays. Les diplômés de l’enseignement tertiaire ont en effet de meilleures perspectives professionnelles et financières après un master, un doctorat, ou équivalent, dans la plupart des pays (voir les chapitres A3 et A4). Les frais de scolarité sont seulement plus élevés en master qu’en licence dans la moitié des 22 pays de l’OCDE et autres entités dont les données sont disponibles pour les deux programmes. Les frais de scolarité sont 25 à 50 % plus élevés en master qu’en licence en Corée, France, aux États-Unis (où master et doctorat sont confondus dans les chiffres), en Espagne, en Israël et en Nouvelle-Zélande et plus de 70 % plus élevés en Australie, au Canada, en Communauté française de Belgique et en Lituanie dans les établissements publics (Tableau C5.1).
Ces frais de scolarité plus élevés dans certains pays peuvent avoir pour effet de limiter la participation des étudiants défavorisés au sein des programmes de ce niveau s’ils ne sont pas combinés avec un niveau suffisant d'aide financière, mais ils reflètent également les meilleures perspectives qu’un diplôme de master offre sur le marché du travail. Les frais de scolarité à charge des ressortissants nationaux scolarisés à temps plein sont du même ordre en master et en licence dans le réseau public dans les autres pays, malgré l’avantage salarial que le master procure. Les frais de scolarité sont nuls en master dans les quatre pays où ils sont nuls en licence (Tableau C5.1).
Il n’en va pas de même pour les programmes de doctorat. Il n’y a que quatre pays dans lesquels les établissements publics présentent des frais plus élevés en doctorat qu’en master : il s’agit de la Corée, de la France, de la Lituanie et de la Roumanie. La Lituanie est le seul de ces pays où les frais de scolarité annuels sont plus de trois fois plus élevés en doctorat qu’en licence. Des frais de scolarité généraux moindres en doctorat peuvent s’expliquer par les subventions publiques pour les doctorants, alignées sur les objectifs politiques afin de doper la recherche en établissements d'enseignement tertiaire dans certains pays. Dans quelques pays et autres entités (en Australie, en Italie et en Suisse, par exemple), les frais de scolarité sont moins élevés en doctorat qu’en licence et en master dans les établissements publics, une mesure destinée à promouvoir l’inscription en doctorat et à attirer des talents au service de la recherche et de l’innovation. En Australie, les frais de scolarité annuels moyens sont par exemple environ 25 fois moins élevés en doctorat (200 USD environ) qu’en licence (5 000 USD) dans les établissements publics. D’autres pays, comme la Norvège, attribuent aux doctorants un statut d’employé plutôt que d’étudiant (Tableau C5.1).
Différenciation selon le type d’établissement
Les établissements privés proposent souvent des programmes spécialisés qui n’existent pas nécessairement dans les établissements publics. Ces programmes peuvent aller de disciplines académiques de niche à des formations professionnelles adaptées à des industries ou à des professions spécifiques. En moyenne, environ un cinquième des étudiants fréquentent des établissements privés indépendants. Mais ce chiffre cache d’importantes différences entre les pays. Les établissements privés indépendants accueillent moins de 15 % de l’effectif de l’enseignement tertiaire dans la moitié des pays et autres entités de l’OCDE dont les données sont disponibles. Par ailleurs, la majorité des étudiants en Corée et au Japon fréquentent des établissements privés indépendants, tandis que la grande majorité des étudiants en Angleterre (Royaume-Uni) fréquentent des établissements privés subventionnés par l’État (Tableau C5.1).
Les établissements publics demandent quant à eux généralement des frais de scolarité moins élevés, favorisant un meilleur accès à l'éducation, mais ils peuvent être confrontés à des problèmes d'allocation des ressources et de maintien de la qualité en raison de contraintes budgétaires. Les établissements publics sont également plus affectés par les règles édictées par les pouvoirs publics et dépendent davantage de leur financement que les établissements privés indépendants ; ils sont souvent moins libres de facturer des frais de scolarité plus élevés. C’est pourquoi les frais de scolarité annuels moyens sont moins élevés en licence et en master dans les établissements publics que dans les établissements privés indépendants dans tous les pays et autres entités de l’OCDE dont les données sont disponibles, sauf en Lituanie. Les frais de scolarité pour les programmes de master ou équivalents dans les établissements privés indépendants sont plus de cinq fois plus élevés que dans les établissements publics en Espagne ; les frais sont plus de deux fois plus élevés aux États-Unis, en Israël et en Italie, mais moins de deux fois plus élevés en Australie, en Corée, au Japon et en Roumanie (Tableau C5.1).
Différenciation entre les ressortissants nationaux et étrangers
Les politiques en matière de frais de scolarité visent généralement tous les étudiants scolarisés dans les établissements du pays, y compris les ressortissants étrangers. Le niveau de formation a fortement augmenté au cours des deux dernières décennies, et l’effectif d’étudiants intégrant l’enseignement tertiaire augmente chaque année. Les établissements dans certains pays n’ont donc eu d’autre choix que trouver des ressources supplémentaires pour que l’enseignement reste de qualité. Dans ce contexte, l’imposition de droits d'inscription plus élevés aux étudiants étrangers peut contribuer à compenser les coûts des programmes, à atteindre un équilibre entre les sources publiques et privées de financement de l'enseignement tertiaire et à générer des ressources supplémentaires pour les établissements et les pouvoirs publics.
Les frais de scolarité sont donc plus élevés à charge des ressortissants étrangers qu’à charge des ressortissants nationaux dans 10 des 14 pays dont les données sont disponibles, ce qui contribue considérablement au financement des établissements dans l’enseignement tertiaire. La différence des frais de scolarité entre les étudiants nationaux et étrangers peut être importante dans certains pays. Dans les établissements publics, les ressortissants étrangers versent en moyenne plus de 6 000 USD de plus par an en master que les ressortissants nationaux en Australie, au Canada, aux États-Unis, en Finlande, en Nouvelle-Zélande, aux Pays-Bas et en Roumanie (ou les ressortissants de l’État aux États-Unis) (Tableau C5.1).
Toutefois, en Finlande et en Roumanie, ainsi que dans les pays membres de l’Union européenne (UE) et de l’Espace économique européen (EEE), les frais de scolarité ne varient pas entre les ressortissants nationaux et les ressortissants étrangers originaires d’un autre pays membre de l’UE et de l’EEE. Aux États-Unis, les frais de scolarité des étudiants étrangers dans les établissements publics sont généralement équivalents à ceux dont s’acquittent les ressortissants nationaux hors de l’État. En Finlande, les frais de scolarité à charge des étudiants venus de pays hors UE et EEE s’élèvent à 14 000 USD environ par an en master dans les établissements publics. En France, les frais à charge des étudiants en master venus de pays hors UE et EEE sont 5 200 USD plus élevés, tandis que cet écart est inférieur à 1 800 USD en Autriche et en Suisse. En master, les frais de scolarité à charge des ressortissants nationaux et étrangers dans les établissements publics sont du même ordre en Espagne, en Italie et au Japon. En Norvège, ni les ressortissants nationaux ni les ressortissants étrangers n’ont de frais de scolarité à leur charge (Tableau C5.1).
Les frais de scolarité plus élevés à charge des ressortissants étrangers pourraient influer sur les flux d’étudiants en mobilité internationale. Il ressort toutefois des chiffres que des frais de scolarité plus élevés ne dissuadent pas nécessairement les étudiants de partir faire des études dans certains pays. En master, les étudiants en mobilité internationale constituent par exemple 39 % de l’effectif en Australie, et 19 % en Nouvelle-Zélande, contre 15 % seulement en moyenne dans les pays de l’OCDE, alors que les frais de scolarité à charge des ressortissants étrangers dans les deux pays précités sont parmi les plus élevés des pays de l’OCDE (voir le Tableau B4.3).
Dans l’enseignement tertiaire, les pays où les frais de scolarité à charge des ressortissants étrangers sont plus élevés peuvent rester attractifs en raison du prestige ou de la réputation des établissements d'enseignement, des perspectives professionnelles offertes aux futurs diplômés, ou encore de la langue parlée dans le pays. De plus, certains pays proposent des bourses et des allocations supplémentaires pour les étudiants étrangers issus de milieux socialement défavorisés.
Variation nationale entre niveaux d’enseignement identiques
Les frais de scolarité varient non seulement entre les pays et les niveaux d’enseignement, mais également entre les établissements aux mêmes niveaux d’enseignement. Trois grands facteurs interviennent à cet égard.
Le premier est le degré d’autonomie dont jouissent les établissements pour définir leurs frais de scolarité (entière ou partielle). Aux Pays-Bas et en Roumanie, par exemple, les frais de scolarité sont définis par les pouvoirs publics, mais peuvent être jusqu’à cinq fois plus élevés dans quelques établissements (voir les frais minimum et maximum dans le Tableau C5.2).
La deuxième raison qui explique les différences de frais de scolarité pour un niveau donné d’études est la volonté d’encourager les inscriptions dans des domaines où la demande est moindre, ou de prendre en compte la disparité des coûts entre les programmes. En Nouvelle-Zélande, par exemple, les frais sont fixés individuellement par les établissements, et reflètent largement les différences de coûts. Les différences de frais peuvent également refléter les différentes perspectives d’emploi offertes aux diplômés des différents domaines d’études. Au niveau mondial, 9 des 17 pays pour lesquels des données sur les programmes de master ou équivalents sont disponibles appliquent des frais de scolarité annuels différents selon les domaines d'études. L’Australie et le Canada ont le plus large éventail de frais de scolarité demandés par les établissements publics aux ressortissants nationaux inscrits à ce niveau. En Australie, les frais s’étalent de 3 300 USD par an dans le domaine de l’éducation à environ 15 800 USD pour les cursus de commerce, d’administration et de droit, tandis qu’au Canada, les frais annuels vont de 4 400 USD pour les cursus de lettres et arts à environ 14 900 USD pour ceux de commerce, d’administration et de droit (Tableau C5.2).
Il est difficile de dégager une tendance commune à tous les pays de l’OCDE, mais dans les établissements publics, les domaines d’études en master où les frais de scolarité annuels sont les moins élevés dans la plupart des pays sont l’éducation ; les lettres et arts ; et l’ingénierie, les industries de transformation et la construction. Les diplômés gagnent souvent moins dans ces domaines que dans d’autres (OCDE, 2021[2]). À titre de comparaison, des domaines tels que la santé et la protection sociale et le commerce, l’administration et le droit comptent parmi ceux où les frais de scolarité sont les plus élevés dans de nombreux pays, ce qui pourrait s’expliquer par le fait que le rendement de ces études peut être très élevé sur le marché du travail, mais plus probablement en raison du coût (perçu ou réel) de l’enseignement. En dépit de ces tendances générales, les frais de scolarité varient parfois entre les pays dans le même domaine d’études. Le domaine du commerce, de l’administration et du droit est par exemple celui où les frais de scolarité annuels sont les plus élevés en Australie, au Canada et en Espagne, mais les moins élevés après les sciences sociales, le journalisme et l’information en Lituanie. Ces écarts peuvent s’expliquer en partie par des différences structurelles entre les économies des pays, mais aussi par la valeur des diplômes sur le marché du travail, qui varie d’un pays à l’autre (Tableau C5.2).
Les exemptions de frais d'inscription constituent la troisième raison des variations des frais d'inscription au sein des pays et de la différence entre les frais payés par les étudiants et ceux facturés par les établissements. Si les étudiants bénéficient d’une exemption, les frais de scolarité applicables ne changent pas, mais le montant de leur exemption réduit d’autant les frais à leur charge. À la différence des bourses d’études, qui sont des aides directes apportées aux étudiants, les exemptions de frais de scolarité sont souvent accordées directement par les établissements et financées indirectement par le secteur public par le biais du financement de l’établissement d’enseignement ou des ressources de ce dernier, selon le type d’établissement et le type d’exemption accordée. Ces exemptions réduisent ou annulent les frais de scolarité pour un certain nombre de crédits, mais leur montant ne peut servir à financer d’autres dépenses liées aux études. Dans un certain nombre de pays et autres entités dont les données sont disponibles (la Communauté française de Belgique, la Croatie, l’Espagne, la France et l’Italie), entre 23 et 57 % des étudiants inscrits en master dans des établissements publics, en particulier ceux issus de milieux défavorisés, bénéficiaient d’une bourse ou d’une exemption de frais de scolarité en 2022/23 (Tableau C5.3).
Évolution des frais de scolarité et des inscriptions d’étudiants dans l’enseignement tertiaire au cours de la dernière décennie
L’augmentation du nombre d’étudiants dans l’enseignement tertiaire au cours de la dernière décennie pèse sur le financement des systèmes d’éducation. Entre 2013 et 2022, les inscriptions au sein des établissements d’enseignement supérieur ont augmenté de 9 % en moyenne, à quelques exceptions près – la Corée, les États-Unis, la Lituanie, la Nouvelle-Zélande et la Roumanie, où les inscriptions ont baissé (Tableau C5.3).
Cette demande croissante, conjuguée au besoin de maintenir la qualité de l’éducation face à l’afflux d’étudiants, se traduit inévitablement par un accroissement de la pression financière. Les données indiquent que les frais de scolarité ont augmenté au cours de la dernière décennie, dans une mesure toutefois bien inférieure à celle de l’inflation dans de nombreux pays.
En valeur réelle, l’augmentation des frais de scolarité a excédé le taux d’inflation dans la moitié des 17 pays et autres entités dont les données sont disponibles. Dans les autres pays, le coût représenté par un diplôme de master n’a pas augmenté plus vite que l’augmentation générale du prix des biens et des services. Les frais de master des ressortissants nationaux ont augmenté en valeur réelle au cours de la dernière décennie en Australie, en Communauté flamande de Belgique, en Croatie, et Italie (programmes de licence et de master combinés) et en Lituanie. C’est dans ce dernier pays que l'augmentation est la plus remarquable, puisqu’elle représente 75 % au cours de cette période. Par ailleurs, c’est en Allemagne, en Autriche, en Communauté française de Belgique, en Espagne, en France (programmes de licence et de master combinés) et en Roumanie, qu’on note les baisses les plus importantes de frais de scolarité en valeur réelle pour les programmes de master au cours de cette période. Rien n’a changé pour les ressortissants nationaux dans les pays dont les données sont disponibles et qui ne réclament pas de frais de scolarité (au Danemark, en Finlande, en Norvège et en Suède), mais des frais de scolarité ont été instaurés à charge des ressortissants étrangers en Finlande au cours de cette période, et des frais à charge des ressortissants hors de l’UE et de l’EEE ont été mis en place en Suède juste avant, en 2011 (Tableau C5.3).
Dans la plupart des pays et autres entités, les frais de scolarité des cursus de licence et de master ont évolué de façon similaire, avec une tendance à la hausse ou à la baisse à des rythmes similaires. Toutefois, il existe des exceptions, à l’instar de l’Australie et de la Lituanie, où les frais de scolarité annuels des programmes de master ont augmenté plus vite que ceux de licence pendant cette période. À l'inverse, en Espagne, les frais de scolarité des programmes de master ont diminué plus rapidement que ceux de licence au cours de la même période (Graphique C5.2).
Soutien financier public aux ressortissants nationaux inscrits dans l’enseignement tertiaire
Différentes approches en matière de soutien financier
Accroître l’accès à l’enseignement tertiaire est un enjeu pour l’action publique depuis des décennies, mais les leviers fiscaux utilisés pour promouvoir l’enseignement tertiaire sont assez différents. On trouve des niveaux élevés de formation dans les pays où les frais de scolarité tendent à être élevés ainsi que dans ceux où ils sont faibles (Cattaneo et al., 2020[3]).
Les pays adoptent des approches différentes en matière de soutien financier aux étudiants de l’enseignement tertiaire. Les pays et autres entités se distinguent par l’importance du soutien financier accordé aux étudiants, quel que soit le montant des frais de scolarité dans l’enseignement tertiaire. En 2022/23, le pourcentage de ressortissants nationaux bénéficiaires d’aides publiques (prêts d’études, bourses ou allocations) était égal ou supérieur à 80 % en Angleterre (Royaume-Uni), en Australie, au Danemark, aux États-Unis et en Suède. Ce pourcentage était compris entre 50 et 75 % en Finlande, en Lituanie, on Nouvelle-Zélande et en Norvège, entre 30 et 45 % au Canada, en Espagne, en France, en Italie et en Roumanie, mais inférieur ou égal à 25 % en Allemagne, Autriche, en Communautés flamande et française de Belgique, en Croatie et en Suisse (Tableau C5.3 et Graphique C5.3). Dans ces pays et autres entités, les soutiens publics ciblent des groupes spécifiques d’étudiants, par exemple ceux issus de milieux socio-économiques défavorisés.
Ces dix dernières années, le pourcentage d’étudiants bénéficiaires d’aides publiques dans l’enseignement tertiaire a augmenté de 7 points de pourcentage au moins en Angleterre (Royaume-Uni), en Espagne, en Italie et en Lituanie ; c’est en Italie qu’il a le plus augmenté (de 25 points de pourcentage). En revanche, ce pourcentage a connu une baisse significative en Nouvelle-Zélande (15 points de pourcentage) et en Suisse (6 points de pourcentage) entre 2012/13 et 2022/23. En Nouvelle-Zélande, cette baisse s’explique par la mise en place en 2018 de frais de scolarité nuls en première année pour les étudiants qui intègrent l’enseignement tertiaire pour la première fois. Ce pourcentage est resté stable dans tous les autres pays de l’OCDE dont les données sont disponibles, variant au plus de 6 points de pourcentage (Graphique C5.3).
Lien entre le type d'aide publique et le montant des frais de scolarité
Dans de nombreux systèmes d’éducation se pose la question cruciale de choisir sous quelle forme — prêts d’études, allocations ou bourses — aider financièrement les étudiants inscrits dans l’enseignement tertiaire. D’un côté, les partisans des prêts étudiants font valoir qu’ils permettent de venir en aide à un nombre plus élevé d’étudiants avec le même budget. En effet, si le budget consacré aux bourses et allocations servait plutôt à garantir les prêts, les mêmes fonds pourraient aider plus d’étudiants et les études seraient globalement plus accessibles (OCDE, 2014[4]). Les prêts reviennent aussi à reporter une partie du coût de l’enseignement supérieur sur ceux qui bénéficient le plus de cet investissement, en l’espèce les diplômés de l’enseignement tertiaire dont le rendement privé est élevé après les études. En revanche, les adversaires des prêts d’études considèrent que ces prêts sont moins efficaces que les bourses pour encourager les jeunes de condition modeste à faire des études tertiaires. De plus, ils estiment aussi qu’un endettement trop élevé à la fin des études peut être lourd de conséquences à la fois pour les étudiants et les pouvoirs publics si un grand nombre de diplômés sont incapables de rembourser leur prêt (OCDE, 2014[4]). Un pourcentage élevé de diplômés endettés pourrait poser un problème si les perspectives d’emploi ne suffisent pas à garantir le remboursement des prêts d’études.
Un programme d'aide aux étudiants bien conçu et doté de ressources suffisantes peut contribuer à atteindre les objectifs politiques d'équité et d'inclusion dans les systèmes d'enseignement supérieur. Actuellement, l’équilibre entre les financements privés et publics d'une part, et la capacité des pays à fournir diverses formes de subventions publiques aux établissements d'enseignement supérieur d'autre part – y compris des subventions indirectes aux étudiants de l'enseignement supérieur (Encadré C5.1) – sont deux facteurs qui contribuent à expliquer les grandes différences dans les approches du financement de l'enseignement tertiaire.
Encadré C5.1. Quelles sont les autres formes de subventions indirectes dont peuvent bénéficier les étudiants de l’enseignement supérieur et leurs familles ?
Copier le lien de Encadré C5.1. Quelles sont les autres formes de subventions indirectes dont peuvent bénéficier les étudiants de l’enseignement supérieur et leurs familles ?Les subventions indirectes dont bénéficient les étudiants pendant leurs études sont cruciales pour assurer un accès équitable à l’éducation et contribuer au bien-être général des étudiants. Ces subventions, qui peuvent revêtir différentes formes, notamment des réductions en matière de transport, la couverture des frais médicaux, des options de logement abordables, des plans de cantine et la fourniture de livres et de matériel, permettent d’alléger le fardeau financier qui pèse sur les étudiants. Elles complètent les aides directes telles que les prêts, les subventions et les bourses en répondant aux besoins quotidiens spécifiques qui affectent la capacité des étudiants à réussir sur le plan académique. En réduisant les dépenses personnelles pour les services essentiels, les subventions indirectes permettent à tous les étudiants, quelle que soit leur situation financière, de se concentrer sur leurs études sans subir le stress supplémentaire de la gestion des frais de subsistance de base.
Les subventions les plus couramment accordées aux étudiants de l’enseignement tertiaire concernent les frais de transport (dans 13 des 18 pays et autres entités dont les données sont disponibles), les services médicaux (dans 10 sur 19 pays) et les études à l’étranger (dans 9 sur 19 pays). Les subventions en matière de transport, que proposent les pays tels que l’Allemagne, la France et les Pays-Bas, impliquent généralement des réductions sur les abonnements des transports publics qui réduisent significativement les coûts pour les étudiants. En Allemagne par exemple, les étudiants bénéficient du « Semester Ticket » qui leur permet de se déplacer sans limitation à un tarif réduit. Les subventions aux services médicaux prennent souvent la forme de réductions sur les primes d’assurance maladie, comme en France, où les étudiants bénéficient d’une couverture médicale complète à des tarifs réduits. L’Autriche, les Communautés flamande et française de Belgique, la Corée, le Danemark, la Finlande, la France, le Japon et les Pays-Bas apportent tous un soutien financier substantiel aux étudiants qui étudient à l’étranger afin d’encourager les études à l'étranger. Par exemple, l’Autriche offre des bourses à ses étudiants pour étudier à l'étranger, tandis que le programme Erasmus+ accorde des subventions aux étudiants de l’Union européenne qui étudient dans d'autres États membres. Ces initiatives rendent les expériences internationales plus accessibles, favorisant ainsi les échanges académiques et culturels (Graphique C5.4).
Les autres subventions sont plus rares. Les subventions pour l’alimentation, comme les repas subventionnés ou les programmes alimentaires, ne sont disponibles que dans sept pays et autres entités : l’Autriche, le Canada, la Communauté française de Belgique, la Corée, la Croatie, la Finlande et la France. Au Canada, de nombreuses universités proposent des plans et services alimentaires qui permettent aux étudiants d’accéder à des repas accessibles et nutritifs sur les campus. Les subventions à but social et récréatif sont encore plus rares : seules l’Allemagne et la France proposent ce type de soutien. Les étudiants de ces deux pays peuvent profiter de tarifs réduits pour accéder à des événements culturels, à des infrastructures sportives et à des activités de loisir. Seuls le Canada et la Communauté française de Belgique subventionnent les livres et les fournitures en offrant un soutien financier aux étudiants en matière de matériel pédagogique, ce qui contribue à réduire le coût global des études (Graphique C5.4).
Deux autres formes importantes de subventions publiques sont les allocations familiales et parentales liées au statut d’étudiant, et les réductions d’impôts. Les allocations familiales et parentales sont proposées par les deux tiers des pays et autres entités dont les données sont disponibles. Par exemple, l’Autriche propose des allocations familiales aux étudiants jusqu’à l’âge de 24 ans. Les réductions et crédits d’impôts permettant de soutenir les familles des étudiants sont disponibles dans 12 des 22 pays et autres entités dont les données sont disponibles. Aux États-Unis, les parents peuvent bénéficier de crédits d’impôt tels que l’American Opportunity Tax Credit (AOTC) pour compenser les coûts de l’éducation. En Angleterre (Royaume-Uni), si un étudiant a obtenu un diplôme de l’enseignement tertiaire dans un délai déterminé en débutant ses études avant le 1er août 2014, il peut bénéficier d’une réduction d’impôt sur la base des remboursements de son prêt étudiant effectués auprès de la banque. La France propose également des réductions d’impôts aux familles dont les enfants étudient dans l’enseignement tertiaire, ce qui contribue à alléger le fardeau financier pesant sur les étudiants et leurs familles (Graphique C5.4).
Bien que la plupart des bourses et allocations soient accordées sous condition de ressources, ou ciblées d’une manière ou d'une autre, dans de nombreux cas, les réductions d’impôts et les allocations familiales ne tiennent pas compte des besoins et des revenus des étudiants ou de leurs familles. Aussi, les foyers aux revenus moyens et élevés pourraient, en fait, en tirer davantage de bénéfices que les familles à faible revenu. Certaines recherches (Dynarski, 2003[5]) ont montré que l’attribution de fonds pour l’éducation aux familles par le biais de réductions d'impôts (par opposition à l’octroi de subventions sous forme de bourses ou de prêts soumis à conditions de ressources) a peu d’effet sur la participation à l’éducation. Cependant, l'octroi de réductions fiscales et d'allocations familiales en fonction du statut d'étudiant est, dans de nombreux pays, motivé par des facteurs autres que la politique éducative.
En comparant les systèmes de soutien financier accordés aux ressortissants nationaux inscrits dans l’enseignement tertiaire, on distingue trois groupes de pays et autres entités de l’OCDE : ceux dans lesquels les frais de scolarité sont nuls et les aides aux étudiants généreuses (le Danemark, la Finlande, la Norvège et la Suède) ; ceux dans lesquels les frais sont élevés et les aides aux étudiants généreuses (l’Angleterre [Royaume-Uni], l’Australie, les États-Unis, la Lituanie et la Nouvelle-Zélande) ; et ceux dans lesquels les frais sont peu élevés ou modérés et où moins de 50 % des étudiants bénéficient d’un soutien financier ciblé (l’Allemagne, l’Autriche, les Communautés flamande et française de Belgique, la Croatie, l’Espagne, la France, l’Italie et la Roumanie) (Tableau C5.1 et Tableau C5.3). Ces groupes sont relativement stables depuis plusieurs décennies, malgré les diverses mesures prises récemment par de nombreux pays pendant et après la pandémie de COVID-19, à la fois en matière de coût de l’enseignement et d’aide publique aux étudiants (Encadré C5.2).
Le groupe au sein duquel les frais de scolarité sont élevés est aussi celui où les entités privées autres que les ménages contribuent davantage au financement des établissements d’enseignement tertiaire. Ces pays ont également tendance à être dotés de systèmes d’aides financières pour étudiants bien développés, proposant soit des prêts avec des remboursements en fonction des revenus, soit des bourses sous condition de ressources, soit une combinaison des deux. En Angleterre (Royaume-Uni), plus de 90 % des étudiants peuvent uniquement prétendre à un prêt d’études (et pas à des bourses ou allocations) pour financer le coût de leurs études tertiaires. Aux États-Unis, 38 % des étudiants contractent un prêt d’études et perçoivent bourses ou allocations, 35 % d’entre eux perçoivent uniquement bourses ou allocations et 7 % d’entre eux contractent un prêt d’études, mais ne perçoivent ni bourses, ni allocations. En Australie et en Nouvelle-Zélande, la plupart des étudiants contractent un prêt d’études et peuvent percevoir en plus une bourse ou des allocations. En Lituanie, seuls 57 % des étudiants bénéficient de bourses ou d’allocations. Le Canada fait partiellement figure d’exception au sein de ce groupe, puisque les frais de scolarité y sont élevés pour les ressortissants nationaux, mais seuls 39 % d’entre eux bénéficient d’un soutien financier public (Tableau C5.3).
En revanche, dans les pays où les régimes fiscaux sont plus progressifs, les étudiants ne paient souvent pas de frais de scolarité et ont accès à de généreuses subventions publiques pour l'enseignement tertiaire, mais ils sont soumis à des taux d'imposition élevés sur leurs revenus plus tard dans la vie. Dans les pays où les frais de scolarité sont nuls en licence et en master dans les établissements publics parmi ceux dont les données sont disponibles, la plupart des ressortissants nationaux contractent un prêt d’études et bénéficient de bourses ou d’allocations qui les aident à financer leurs frais de subsistance. Les étudiants concernés sont au moins 50 % en Finlande, en Norvège et en Suède. Au Danemark en revanche, la plupart des étudiants bénéficient de bourses ou d’allocations (66 %), mais seuls 18 % d’entre eux contractent en plus un prêt d’études (Tableau C5.1).
Enfin, dans des pays de l’OCDE et autres entités tels que l’Allemagne, l’Autriche, la Communauté française de Belgique, la Croatie, l’Espagne, la France, l’Italie, la Roumanie et la Suisse où les frais de scolarité moyens de l’enseignement tertiaire sont inférieurs à 3 100 USD, moins de 45 % des étudiants bénéficient d’une quelconque aide financière — sous la forme uniquement de bourses ou d’allocations le plus souvent (Tableau C5.1).
Le montant perçu ou emprunté varie lui aussi sensiblement entre les pays. Parmi les pays de l’OCDE et autres entités dont les données sont disponibles, le montant moyen emprunté chaque année par prêt d’études accordé ou garanti par les pouvoirs publics aux étudiants de l’enseignement tertiaire est égal à 2 900 USD aux États-Unis, mais supérieur à 15 000 USD en Angleterre (Royaume-Uni), en France et en Norvège (où les frais de scolarité sont nuls et où les prêts d’études servent à financer les frais de subsistance). Les bourses ou allocations moyennes versées aux étudiants vont de 2 200 USD par an aux États-Unis à 9 700 USD en Italie. Toutefois, ces chiffres doivent être interprétés avec une certaine prudence, car ils portent sur des années de référence différentes selon les pays (voir le Tableau C5.3).
Il est intéressant de noter que, dans environ 60 % des pays et autres entités dont les données sont disponibles, la bourse ou l’allocation moyenne est généreuse et est supérieure aux frais de scolarité annuels moyens facturés par les établissements publics pour un programme de master. Dans ces pays, les bourses et allocations peuvent également servir à financer les frais de subsistance des étudiants. Dans les autres pays, la somme versée ne suffit pas à couvrir entièrement les frais de scolarité. Ce montant correspond par exemple à un pourcentage des frais de scolarité annuels en master qui est égal à 17 % aux États-Unis, à 52 % en Corée, à 63 % au Canada et à plus de 75 % en Australie. Même si les bourses et allocations sont déclarées sous la forme de moyennes pour tous les étudiants de l’enseignement supérieur et pas uniquement les étudiants en master, la comparaison reste malgré tout intéressante. Dans ces pays, les étudiants bénéficiaires de bourses ou d’allocations peuvent avoir contracté un prêt d’études pour financer leurs études s’ils manquent de moyens financiers (Tableau C5.1 et Tableau C5.3).
Encadré C5.2. Mesures prises pour soutenir les étudiants de l’enseignement tertiaire à la suite de la pandémie de COVID-19 (2021 à 2023)
Copier le lien de Encadré C5.2. Mesures prises pour soutenir les étudiants de l’enseignement tertiaire à la suite de la pandémie de COVID-19 (2021 à 2023)Dans le monde entier, la pandémie de COVID-19 a eu un impact important sur les frais de scolarité et les aides publiques aux étudiants. De nombreux pays ont dû faire face à des défis économiques, ce qui a contribué à accroître le fardeau financier qui pèse sur les individus et sur les foyers. Par conséquent, certains gouvernements ont mis en place des mesures entre 2020 et 2021 pour alléger le fardeau des étudiants. Parmi ces mesures, on a observé des gels ou des réductions des frais de scolarité, des ajustements du soutien apporté aux étudiants en mobilité internationale, la mise en place d’une aide financière d’urgence pour tous les étudiants et les établissements, et l’assouplissement des critères d’admissibilité aux programmes d'aide aux étudiants.
À l’heure actuelle, on peut se demander s'il faut maintenir ces mesures après la pandémie de COVID-19. Si les réponses initiales ont été déterminantes pour soulager les étudiants de façon immédiate, la durabilité et le maintien de ces réformes sont actuellement débattus. Les responsables politiques et les établissements d’enseignement évaluent les conséquences à long terme de ces interventions afin de déterminer s’il faut les pérenniser. Le défi constant consiste à équilibrer la viabilité financière des établissements d’enseignement et le besoin de garantir une éducation abordable et accessible pour tous les étudiants – particulièrement à un moment où le monde se remet de la pandémie.
Le Graphique C5.5 montre que, parmi les 21 pays et autres entités dont les données sont disponibles, seul un tiers d’entre eux ont mis en place des mesures concernant les frais de scolarité pour aider les étudiants entre 2021 et 2023 : l’Autriche, la Communauté française de Belgique, la Corée, l’Espagne, l'Italie, la Lituanie, la Norvège et les Pays-Bas. L’Italie, par exemple, a augmenté le seuil requis pour bénéficier d’une exemption des frais. En Espagne, les frais de scolarité des programmes de master, requis pour exercer une profession réglementée, ont été ajustés pour correspondre à ceux des programmes de licence pour l’année universitaire 2022/23. Aux Pays-Bas, les étudiants qui intègrent l’enseignement tertiaire pour la première fois ne paient plus que la moitié des frais de scolarité au cours de leur première année d'études, mais cette mesure sera supprimée à partir de l’année universitaire 2024/25. Ces réformes visant à alléger le fardeau financier des étudiants ont souvent été doublées d’un renforcement des mesures d'aide publique aux étudiants.
D'importants efforts ont également été consentis au cours de cette période afin d’augmenter le nombre d’étudiants bénéficiant de bourses et d’allocations, ou de revaloriser le montant de ces aides financières. Ainsi, dans 13 des 22 pays et autres entités, on a observé une importante augmentation des étudiants bénéficiant d’allocations ou de bourses publiques entre 2021 et 2023. Cette tendance reflète un engagement plus vaste en faveur de l’accessibilité à l’enseignement tertiaire dans l’ère postpandémique. En Australie par exemple, des bourses et des prêts liés aux revenus vont être mis en place à la demande pour tous les étudiants indigènes à partir de 2024. En Autriche, l’âge limite pour recevoir des bourses a été augmenté de 3 ans pour atteindre 38 ans. En Israël, le nombre de bourses d'études a doublé cette année, tandis que le plafond de revenu pour obtenir des bourses ou des prêts publics a été temporairement supprimé en Suède entre janvier 2020 et juin 2022. Dans la plupart de ces pays, non seulement la proportion d’étudiants bénéficiant de bourses et d’allocations a augmenté, mais le montant moyen accordé a également connu une forte hausse.
L’augmentation du nombre d’étudiants bénéficiant de prêts publics ou garantis par le gouvernement a été moins répandue au cours de cette période : peu de pays et autres entités disposaient, en effet, de systèmes de prêts bien développés. Seuls 4 sur 19 pays – l’Australie, la Finlande, la Lituanie et les Pays-Bas – ont vu une augmentation du nombre d’étudiants ayant recours à ce type de prêts au cours de cette période.
Enfin, même si les exemptions de frais constituent un outil précieux pour aider les étudiants, elles ont été apparemment moins répandues que les autres formes de soutien aux étudiants à la suite de la pandémie de COVID-19. Seul un tiers des pays et autres entités dont les données sont disponibles ont étendu ces exemptions à davantage d’étudiants au cours de cette période (Graphique C5.5).
Définitions
Copier le lien de DéfinitionsDans ce chapitre, les ressortissants nationaux sont les étudiants en formation dans le pays dont ils ont la nationalité. Par ressortissants étrangers, on entend les étudiants en formation dans un pays dont ils ne sont pas ressortissants, parmi les pays dont les données sont disponibles. Cette définition est pragmatique et opérationnelle, mais n’est pas appropriée pour prendre la mesure de la mobilité internationale des étudiants, en raison de différences dans les politiques nationales de naturalisation des immigrants. Dans les pays membres de l’Union européenne (UE) et de l’Espace économique européen (EEE), les frais de scolarité ne varient généralement pas entre les ressortissants nationaux et les ressortissants étrangers originaires d’autres pays membres de l’UE et de l’EEE. Dans ces cas, les étudiants étrangers sont ceux originaires de pays tiers de l’UE et de l’EEE. Le chapitre B4 fournit des détails supplémentaires au sujet de ces définitions.
Les établissements privés sont ceux dont la direction et la gestion relèvent d’acteurs non étatiques (tels qu’une Église, un syndicat ou une entreprise) ou dont le conseil de direction est essentiellement constitué de membres qui n’ont pas été désignés par une instance publique. Les établissements privés subventionnés par l’État sont ceux dont le budget est financé à plus de 50 % par les pouvoirs publics ou dont le personnel enseignant est rémunéré par une instance publique. Les établissements privés indépendants sont ceux dont moins de 50 % du budget principal est financé par les pouvoirs publics et dont le personnel enseignant n’est pas rémunéré par une instance publique. Dans les définitions de l’OCDE, les établissements privés indépendants ne font pas exclusivement référence aux institutions à but lucratif, certains d’entre eux étant des établissements sans but lucratif. Le montant des frais de scolarité se réfère aux frais de scolarité bruts facturés par les établissements, hors subventions, bourses d’études et exemptions de frais de scolarité.
Méthodologie
Copier le lien de MéthodologieLes montants des frais de scolarité et des prêts d’études exprimés en devise nationale ont été divisés par l’indice des parités de pouvoir d’achat (PPA) pour le produit intérieur brut afin d’obtenir leur équivalent en dollars (USD). Les montants des frais de scolarité et les pourcentages d’étudiants concernés doivent être interprétés avec prudence dans la mesure où ils sont basés sur des moyennes pondérées des principales formations de l’enseignement tertiaire et où ils ne couvrent pas tous les établissements.
Les prêts d’études accordés ou garantis par les pouvoirs publics sont indiqués en valeur totale afin de fournir des informations sur le niveau d’aide dont bénéficient les étudiants. Le montant brut des prêts permet d’évaluer le volume d’aide dont les étudiants bénéficient pendant leur formation. Le capital remboursé et les intérêts payés par les emprunteurs devraient être pris en compte pour évaluer le coût net des prêts d’études contractés auprès d’organismes publics ou privés. Dans la plupart des pays, ces prêts ne sont pas remboursés aux autorités en charge de l’éducation, qui ne peuvent donc pas utiliser ces montants pour financer d’autres dépenses d’éducation.
Le chapitre C5 tient compte du montant global (brut) des bourses et prêts lorsqu’il s’agit de rendre compte de l’aide financière apportée aux étudiants pendant leur formation. Certains pays de l’OCDE éprouvent des difficultés à chiffrer les prêts d’études accordés aux étudiants. Une certaine prudence s’impose donc lors de l’interprétation des données sur les prêts d’études.
Source
Copier le lien de SourceLes données se rapportent à l’année académique 2022/23 ou à l’année civile 2022 et proviennent d’une enquête spéciale réalisée par l’OCDE en 2023. Les données tendancielles se rapportent à l'année académique 2012/13 ou à l'année civile 2012.
Références
[3] Cattaneo, M. et al. (2020), « Analysing policies to increase graduate population: Do tuition fees matter? », European Journal of Higher Education, vol. 10/1, pp. 10-27, https://doi.org/10.1080/21568235.2019.1694422.
[5] Dynarski, S. (2003), « Does aid matter? Measuring the effect of student aid on college attendance and completion », American Economic Review, vol. 93/1, pp. 279-288, https://doi.org/10.1257/000282803321455287.
[2] OCDE (2021), Comment l’avantage salarial associé à l’obtention d’un diplôme de l’enseignement tertiaire varie-t-il selon le domaine d’études ?, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/dedf89e2-fr.
[1] OCDE (2019), Regards sur l’éducation 2019 : Les indicateurs de l’OCDE, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/6bcf6dc9-fr.
[4] OCDE (2014), Regards sur l’éducation 2014 : Les indicateurs de l’OCDE, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/eag-2014-fr.
Tableaux du chapitre C5
Copier le lien de Tableaux du chapitre C5Tableaux du chapitre C5. Combien les étudiants paient-ils et quelles aides publiques reçoivent-ils dans l’enseignement tertiaire ?
Copier le lien de Tableaux du chapitre C5. Combien les étudiants paient-ils et quelles aides publiques reçoivent-ils dans l’enseignement tertiaire ?
Frais de scolarité annuels moyens (ou les plus courants) à charge des ressortissants nationaux et étrangers dans le tertiaire (2022/23) |
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Frais de scolarité annuels à charge des ressortissants nationaux inscrits dans des programmes de master, ou équivalents, au sein d’établissements publics, par domaine d’études (2022/23) |
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Évolution des frais de scolarité entre 2012/13 et 2022/23 et soutien financier public aux étudiants inscrits dans des programmes de l’enseignement tertiaire (2022/23) |
Date butoir pour les données : 14 juin 2024 Ces données et d’autres données désagrégées peuvent être consultées dans l’Outil d’exploration des données de l’OCDE (http://data-explorer.oecd.org/s/4s).
Tableau C5.1. Frais de scolarité annuels moyens (ou les plus courants) à charge des ressortissants nationaux et étrangers dans le tertiaire (2022/23)
Copier le lien de Tableau C5.1. Frais de scolarité annuels moyens (ou les plus courants) à charge des ressortissants nationaux et étrangers dans le tertiaire (2022/23)En équivalents USD convertis sur la base des PPA, effectif scolarisé à temps plein, selon le type d'établissement et le niveau du tertiaire

Remarque : voir la section Tableaux du chapitre C5 pour le StatLink et l’Encadré C5.3 pour les notes relatives à ce tableau.
Tableau C5.2. Frais de scolarité annuels à charge des ressortissants nationaux inscrits dans des programmes de master, ou équivalents, au sein d’établissements publics, par domaine d’études (2022/23)
Copier le lien de Tableau C5.2. Frais de scolarité annuels à charge des ressortissants nationaux inscrits dans des programmes de master, ou équivalents, au sein d’établissements publics, par domaine d’études (2022/23)Frais convertis en équivalents USD sur la base des PPA, pour les étudiants à temps plein

Remarque : voir la section Tableaux du chapitre C5 pour le StatLink et l’Encadré C5.3 pour les notes relatives à ce tableau.
Tableau C5.3. Évolution des frais de scolarité entre 2012/13 et 2022/23 et aide financière publique aux étudiants inscrits dans des programmes de l’enseignement tertiaire (2022/23)
Copier le lien de Tableau C5.3. Évolution des frais de scolarité entre 2012/13 et 2022/23 et aide financière publique aux étudiants inscrits dans des programmes de l’enseignement tertiaire (2022/23)
Remarque : voir la section Tableaux du chapitre C5 pour le StatLink et l’Encadré C5.3 pour les notes relatives à ce tableau.
Encadré C5.3. Notes des tableaux du chapitre C5
Copier le lien de Encadré C5.3. Notes des tableaux du chapitre C5Tableau C5.1 Frais de scolarité annuels moyens (ou les plus courants) à charge des ressortissants nationaux et étrangers dans le tertiaire (2022/23)
* Légendes colonne 16 :
A. Différenciation des frais de scolarité entre les ressortissants nationaux, originaires d’un autre État et étrangers ; B. Distinction entre les ressortissants nationaux/de l’UE/de l’EEE et les ressortissants hors UE/EEE. Pour la Corée, différenciation des frais entre ressortissants nationaux et étrangers ; C. Différenciation des frais de scolarité entre les ressortissants nationaux, originaires d’un autre État et parfois étrangers.
1. Année de référence : année civile 2021 en Allemagne et en Australie ; année académique 2021/22 en Angleterre (RU), en Espagne et aux États-Unis.
2. Établissements privés subventionnés par l’État et indépendants confondus. En Allemagne, seuls les programmes universitaires sont pris en compte.
3. Établissements privés subventionnés par l’État, et non indépendants.
4. Les frais de scolarité à charge des ressortissants étrangers sont dans l’ensemble ceux à charge des ressortissants nationaux originaires d’un autre État. Les frais de scolarité à charge des ressortissants nationaux originaires d’un autre État sont toutefois inférieurs dans une minorité d’établissements.
5. Établissements privés subventionnés par l’État, et non publics.
Tableau C5.2. Frais de scolarité annuels à charge des ressortissants nationaux inscrits dans des programmes de master, ou équivalents, au sein d’établissements publics, par domaine d’études (2022/23)
1. Année de référence : année civile 2021 en Allemagne et en Australie ; année académique 2021/22 en Angleterre (RU), en Espagne et aux États-Unis.
2. Programmes de licence (ou équivalent) ou de doctorat (ou équivalent) inclus. Seuls les programmes universitaires sont pris en compte.
3. Programmes de doctorat (ou équivalent) inclus.
Tableau C5.3 Évolution des frais de scolarité entre 2012/13 et 2022/23 et aide financière publique aux étudiants inscrits dans des programmes de l’enseignement tertiaire (2022/23)
1. Consulter le Tableau C5.1 pour les années de référence correspondantes aux frais de scolarité. En Allemagne, la colonne 2 inclut les programmes de doctorat ou équivalents, et seuls les programmes universitaires sont inclus. Années de référence pour la répartition du soutien financier public : année scolaire 2020/21 pour le Canada ; année civile 2021 pour l’Allemagne et l'Australie ; année scolaire 2021/22 pour l'Angleterre (Royaume-Uni), l'Autriche, l’Espagne et la France ; année scolaire 2019/20 pour les États-Unis.
2. Année de référence pour l’évolution des frais de scolarité : année civile 2011 pour l’Australie ; année scolaire 2011/12 pour l'Angleterre (RU) ; année scolaire 2014/15 pour la Roumanie. Soutien financier public : année scolaire 2011/12 pour l'Angleterre (RU) et les États-Unis ; année civile 2014 pour la Lituanie.
3. Établissements publics uniquement.
4. Les programmes de master incluent également les programmes de doctorat, ou équivalents.
5. La répartition selon les prêts d’études ne concerne que les programmes tertiaires de cycle court et les programmes de licence, ou équivalents.
6. Les programmes de licence incluent également les programmes courts de l’enseignement tertiaire.
7. Établissements privés subventionnés par l’État, et non publics.
Pour de plus amples informations, voir les section « Définitions » et « Méthodologie » et Education at a Glance 2024 Sources, Methodologies and Technical Notes (https://doi.org/10.1787/e7d20315-en).
Ces données et d’autres données désagrégées peuvent être consultées dans l’Outil d’exploration des données de l’OCDE (http://data-explorer.oecd.org/s/4s).
Les symboles représentant les données manquantes et les abréviations figurent dans le Guide du lecteur.