Perspectives économiques de l'OCDE, Volume 2025 Numéro 1

Suisse

La croissance du PIB réel devrait s’établir à 1.1 % en 2025 et à 1.2 % en 2026. La consommation privée bénéficiera de la hausse des salaires réels et de l’emploi, tandis que l’investissement continuera de se redresser. La croissance des exportations va ralentir en raison de l’affaiblissement de la croissance mondiale et de la hausse des droits de douane appliqués par les États-Unis. Des tensions modérées liées à la demande maintiendront l’inflation dans la fourchette cible retenue comme objectif par la banque centrale.

L’orientation de la politique monétaire continuera de soutenir la croissance en 2025-26. Il en sera de même pour la politique budgétaire, dans la mesure où le faible excédent budgétaire global attendu en 2025 se réduira en 2026, même si la dette publique brute reculera légèrement par rapport au PIB. Le développement du guichet unique public contribuerait à une augmentation des investissements. L’assouplissement des restrictions aux prises de participation étrangères permettrait d’attirer davantage d’investissements directs étrangers. Pour parvenir à la neutralité climatique, la Suisse devra mettre en œuvre de nouvelles réformes visant à faciliter les investissements dans les énergies renouvelables.

La croissance s’est accélérée et l’inflation a ralenti

Corrigé des effets des événements sportifs, le PIB a progressé de 0.5 % au quatrième trimestre de 2024 par rapport au trimestre précédent. La croissance a été principalement stimulée par l’industrie manufacturière, en particulier les secteurs des produits chimiques et pharmaceutiques et celui des services. Portée par la consommation et l’investissement, la demande intérieure est restée vigoureuse. Les indicateurs de l’activité économique ont progressé au début de 2025, mais certaines enquêtes indiquent que les entreprises restent prudentes quant aux perspectives des mois à venir dans plusieurs secteurs, dont l’industrie manufacturière. Les pénuries de main-d’œuvre s’atténuent et les intentions de recrutement ont progressé. L’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) a ralenti, passant en glissement annuel de 0.6 % en décembre 2024 à 0.0 % en avril 2025. Les anticipations d’inflation à un an ont légèrement régressé mais restent en phase avec la définition de la stabilité des prix de la banque centrale.

En 2024, les États-Unis ont représenté 19 % des exportations de biens de la Suisse, hors métaux précieux. Ces exportations étaient principalement constituées de produits chimiques et pharmaceutiques. Les droits de douane imposés par les États-Unis sur les produits pharmaceutiques n’ont pas changé, mais une enquête spéciale sur les importations de ces produits a été ouverte aux États-Unis et pourrait aboutir à un rehaussement des droits de douane qui leur sont appliqués. Les exportations d’acier et d’aluminium vers les États-Unis sont soumises à un droit d’importation de 25 %, tandis que celui appliqué aux autres exportations est de 10 %.

Suisse

1. Taux de croissance en glissement annuel. La somme de toutes les composantes peut s’écarter de la croissance observée du PIB, en raison des postes résiduels, des procédures de chaînage des indices et des méthodes de désaisonnalisation (directe ou indirecte) retenues.

2. Taux de croissance en glissement annuel.

Source : Base de données des Perspectives économiques de l’OCDE, n° 117 ; et Office fédéral de la statistique.

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Suisse : demande, production et prix

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Les politiques monétaire et budgétaire soutiendront la croissance

La banque centrale devrait continuer d’abaisser son taux directeur pour le ramener à 0 % d’ici à la mi‑2025, dans un contexte d’accentuation des tensions commerciales et d’incertitude entourant les perspectives de croissance. Le taux d’intérêt réel devrait donc devenir négatif au cours des prochains trimestres, ce qui soutiendra l’activité économique. Les administrations publiques enregistreront un excédent global de 0.6 % du PIB en 2025, qui diminuera à 0.1 % du PIB en 2026 sous l’effet de l’augmentation des dépenses de retraite consécutive à la mise en œuvre de la réforme adoptée l’année dernière. Au niveau fédéral, la politique budgétaire continuera de respecter la règle du frein à l’endettement, qui exige le maintien à l’équilibre du solde structurel. Le ratio dette publique/PIB diminuera au cours de la période 2025-26.

La croissance devrait ralentir

Le PIB réel progressera de 1.1 % en 2025 et de 1.2 % en 2026, principalement grâce à la demande intérieure. La hausse des salaires réels et de l’emploi contribuera à soutenir la croissance de la consommation privée. La croissance des exportations sera freinée par le ralentissement de la croissance mondiale et par le relèvement des droits de douane américains sur les exportations suisses. Ces effets ne seront que partiellement compensés par une hausse des investissements réalisés en Allemagne. L’inflation augmentera en 2025-26, mais les tensions jugulées liées à la demande la maintiendront dans la fourchette cible de 0-2 %. Les risques de divergence à la baisse par rapport aux projections sont prédominants. Une nouvelle escalade des tensions commerciales à l’échelle mondiale pourrait entraîner des entrées de capitaux et une appréciation du franc suisse, les investisseurs étant en quête de valeurs refuges. Cette évolution pourrait affaiblir encore davantage la croissance des exportations. Le ralentissement de la réalisation de projets d’investissements en Allemagne pourrait également peser sur les exportations.

Une simplification des procédures réglementaires permettrait de stimuler l’investissement

Afin de soutenir l’investissement, la Suisse pourrait alléger encore les charges administratives pesant sur les entreprises, par exemple en développant le guichet unique public pour y intégrer les services cantonaux. L’assouplissement des restrictions aux prises de participation étrangères pourrait attirer davantage d’investissements directs étrangers. Pour parvenir à la neutralité climatique, il faudra développer l’électrification, ce qui nécessitera d’investir massivement dans des sources d’énergie bas carbone. Une accélération des procédures de planification et d’autorisation de construction de centrales électriques utilisant les énergies renouvelables favoriserait ce processus. Afin d’améliorer le réseau électrique saturé, la Suisse devra rationaliser les procédures d’autorisation et réduire les délais d’autorisation des projets de réseau de transport et de distribution.