Perspectives économiques de l'OCDE, Volume 2025 Numéro 1

Italie

La croissance du PIB devrait ralentir légèrement pour atteindre 0.6 % en 2025, avant de remonter à 0.7 % en 2026. Les perturbations des politiques commerciales à l’échelle mondiale devraient peser sur la croissance. La hausse des salaires réels devrait soutenir la demande des consommateurs. L’investissement sera stimulé par l’accélération de la mise en œuvre des projets au titre du Plan national pour la reprise et la résilience (PNRR). Les volumes d’exportations devraient stagner en 2025 en raison d’une politique commerciale plus restrictive et d’une faible demande sur les principaux marchés européens. Les risques de divergence à la baisse sont prédominants, liés notamment à la réaction incertaine des investisseurs et des employeurs face aux évolutions mondiales de l’action publique. Une mise en œuvre plus rapide des projets du PNRR ou une demande à l’exportation plus forte de la part d’autres pays européens stimulerait la croissance.

Une poursuite de l’assainissement budgétaire est prévue en 2025 et 2026, le gouvernement restant déterminé à réduire le déficit budgétaire et inscrire les finances publiques sur une trajectoire durable à moyen terme. Les progrès réalisés dans la mise en œuvre du PNRR devraient favoriser l’augmentation de l’investissement privé et de l’emploi à moyen terme. Pour préserver les niveaux de vie à plus long terme, il sera nécessaire d’améliorer les opportunités pour les jeunes diplômés et les travailleurs plus âgés afin d’actualiser leurs compétences pour répondre aux besoins du marché du travail.

Le fléchissement de la production industrielle pèse sur la croissance du PIB

Le PIB a progressé de 0.7 % en 2024, affichant une croissance faible au second semestre de l’année. Les exportations en volume ont reculé. En mars 2025, la production industrielle était inférieure de 1.8 % au niveau enregistré un an auparavant et diminue depuis plus de deux ans. L’atonie concerne tous les secteurs, la production de véhicules automobiles et de pièces étant particulièrement touchée. L’investissement est freiné par la baisse de la construction de logements, avec la suppression début 2024 du généreux crédit d’impôt accordé au titre de la rénovation des bâtiments (dispositif dit « Superbonus »). La consommation privée a bénéficié du soutien aux revenus disponibles procuré par l’augmentation de l’emploi et des salaires et par une inflation sous-jacente modérée. Le taux de chômage s’est établi à 6 % en mars 2025, soit proche de son plus bas niveau depuis le début de la crise financière mondiale.

L’Italie est exposée au durcissement de la politique commerciale des États-Unis du fait du relèvement des droits de douane sur les produits de l’UE. En 2023, plus de 10 % des exportations totales de biens de l’Italie étaient à destination des États-Unis. En outre, les effets indirects pourraient être significatifs, par exemple par le biais des chaînes mondiales de production de véhicules automobiles ou du fléchissement de la demande à l’échelle mondiale. L’Italie est également exposée à la concurrence croissante des produits industriels chinois. La volatilité des prix internationaux de l’énergie s’est répercutée sur les prix à la consommation. La hausse des prix du gaz au début de l’année 2025 a contribué à porter l’inflation globale à 2.0 % en glissement annuel en avril 2025. En réaction, le gouvernement a mis en place un nouveau programme de soutien ciblant les ménages à faible revenu. La chute des prix du gaz et du pétrole en mars et avril 2025 se répercute sur les prix à la production et à la consommation.

Italie 1

Source : Istat ; et base de données des Perspectives économiques de l’OCDE, n° 117.

Statlink

Italie : demande, production et prix

Statlink

Italie 2

Source : Banque d’Italie ; et base de données des Perspectives économiques de l’OCDE, n° 117.

Statlink

L’assainissement budgétaire se poursuit parallèlement à la mise en œuvre du PNRR

Le déficit budgétaire s’est réduit pour s’établir à 3.4 % du PIB en 2024, soit 0.4 point de pourcentage de moins que ce que le gouvernement avait prévu dans son budget. Une réduction modeste est prévue en 2025 et de nouveaux efforts d’assainissement en 2026, conformément au plan budgétaire structurel à moyen terme soumis à la Commission européenne, ce qui devrait résorber le déficit budgétaire de base de 0.6 % du PIB. La baisse des dépenses liées au crédit d’impôt accordé au titre de la rénovation des bâtiments favorise l’assainissement des comptes publics, conjuguée à l’augmentation des recettes et à certaines économies dans les dépenses des ministères. Le gouvernement espère que ces mesures seront suffisantes pour compenser les effets des réductions prévues de l’impôt sur le revenu et des tranches d’imposition, ainsi que des augmentations anticipées des dépenses, notamment dans les domaines de la santé et de l’investissement. Le gouvernement table également sur de légères augmentations des dépenses de défense et de sécurité nationale, et compte accélérer les dépenses d’investissement public, même si l’essentiel de cet effort aura lieu en 2026. L’amélioration du solde budgétaire pourrait être plus modeste que le gouvernement le prévoit, compte tenu de l’assombrissement des perspectives de croissance et des pressions pour augmenter certaines dépenses, notamment celles de défense. L’Italie a progressé dans la mise en œuvre des réformes du Plan national pour la reprise et la résilience (PNRR), et ses taux de dépenses ont augmenté.

La baisse des taux d’intérêt dans la zone euro se répercute sur les taux débiteurs et créditeurs. La demande d’emprunts des ménages a commencé à se redresser début 2025, bien que les entreprises aient continué de réduire leurs emprunts. Les rendements des obligations d’État à long terme étaient globalement stables entre la mi-2024 et mai 2025, tandis que les écarts de rendement par rapport aux obligations d’État allemandes équivalentes ont fortement diminué à quelque 105 points de base à la mi-mai 2025, après avoir oscillé autour des 125 points au cours des six mois précédents. Le gouvernement s’attend néanmoins à ce que les charges d’intérêts de la dette publique augmentent.

Les évolutions des politiques commerciales au niveau mondial freineront le redressement de la croissance du PIB

La croissance du PIB réel devrait ralentir pour s’établir à 0.6 % en 2025, avant de se redresser légèrement pour atteindre 0.7 % en 2026. Les nouvelles restrictions aux échanges mondiaux devraient entraîner une légère contraction des volumes d’exportation en 2026 — la première fois depuis la crise financière mondiale (hors pandémie). Les exportations devraient repartir à la hausse en 2026 lorsque d’autres pays européens augmenteront leurs dépenses d’investissement et de défense. La demande des consommateurs devrait rester résiliente, malgré l’accentuation des incertitudes économiques, les salaires réels étant soutenus par une solide croissance de l’emploi et des salaires et par une inflation modérée. L’investissement devrait augmenter avec l’accélération des décaissements des fonds versés au titre des projets financés par le plan NextGenerationEU, tandis que les dépenses de construction résidentielle retrouveront leurs niveaux moyens à long terme avec la suppression des crédits d’impôt au titre du Superbonus. Les autres investissements des entreprises devraient rester faibles, malgré la diminution des coûts de financement, en raison de l’incertitude qui entoure le contexte économique et politique mondial. L’inflation globale devrait ralentir à mesure que la hausse des prix de l’énergie et des produits frais alimentaires s’estompera, tandis que l’inflation sous-jacente augmentera modérément sous l’effet de la progression continue des salaires.

Les risques pesant sur la croissance sont orientés à la baisse du fait des incertitudes générées par les évolutions des politiques commerciales à l’échelle mondiale. De nouvelles restrictions des échanges ou des mesures de rétorsion, ou bien un fléchissement plus prolongé de la demande dans la zone euro, pourraient provoquer une contraction des exportations plus marquée que prévu. L’incertitude qui entoure l’action publique pourrait conduire les entreprises à revoir à la baisse leurs projets d’investissement et de recrutement davantage que prévu, et inciter les ménages à réduire leurs dépenses pour constituer une épargne de précaution. À l’inverse, il se peut que le nombre de projets d’investissement public financés par le Plan national pour la reprise et la résilience (PNRR) mis en œuvre en 2025 et 2026 soit plus élevé que prévu.

Accroître le potentiel de l’économie tout en poursuivant l’assainissement budgétaire permettra de soutenir l’investissement

Il faudra mener à bien l’assainissement budgétaire prévu pour que la dette publique suive une trajectoire prudente et pour contenir les charges d’intérêts. Le montant élevé des dépenses de retraite et les tensions grandissantes sur les dépenses liées au vieillissement de la population, au financement de la transition climatique et aux besoins en matière de défense à moyen terme nécessitent d’importantes réformes. Augmenter les impôts sur le patrimoine et lutter contre la fraude fiscale, tout en maîtrisant les dépenses de retraite malgré les pressions démographiques, peut permettre de dégager des marges de manœuvre budgétaires pour financer les investissements publics. Assurer le décaissement efficace et en temps voulu des financements accordés au titre des projets du plan NextGenerationEU stimulera la demande à court terme et améliorera le climat de l’investissement à plus long terme. Simplifier les procédures d’autorisation des investissements dans les énergies renouvelables et des investissements connexes dans le réseau électrique permettrait de réduire la dépendance à l’égard du gaz naturel, de faire baisser les coûts de l’énergie et d’accélérer l’électrification. Il sera essentiel d’accroître la population active pour améliorer les perspectives de l’investissement privé. Mieux préparer les jeunes à la sortie du système scolaire à intégrer le marché du travail, par exemple en renforçant l’apprentissage et l’enseignement technique de niveau supérieur, permettrait d’accroître la taille et les compétences de la main-d’œuvre et de rendre l’Italie plus attrayante pour les jeunes adultes. Continuer de renforcer le soutien public à la garde des enfants et des autres personnes à charge permettrait d’augmenter le taux d’activité des femmes. Élargir l’accès des adultes à des possibilités de reconversion afin d’allonger leur vie active contribuera en outre à relever les défis démographiques et à répondre aux besoins de main-d’œuvre.