La quatrième Conférence internationale sur le financement du développement qui se tiendra en 2025 à Séville (Espagne) devra s’attaquer à des défis complexes. Le présent chapitre offre un aperçu du paysage géoéconomique dans lequel s’inscriront les débats de la Conférence et examine les perspectives pour accélérer la transition vers le développement durable. Il met en évidence les principaux messages ressortant de l’état des lieux dressé, sur dix ans, de chacun des sept domaines d’intervention du Programme d’action d’Addis-Abeba, afin de renforcer la préparation de l'accord auquel aboutira la Conférence et de contribuer à l’instauration d'un cadre de financement solide à l’appui du Programme 2030.
Perspectives mondiales du financement du développement durable 2025

1. Préparer l’après-2025 : une transformation dans un contexte de tensions géoéconomiques
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1.1. Un monde de tensions géoéconomiques
Copier le lien de 1.1. Un monde de tensions géoéconomiquesDans un contexte de chocs multiples, l’économie mondiale fait preuve de résilience, l’inflation diminuant progressivement, tandis que divers indicateurs économiques laissent présager un atterrissage en douceur. La forte incertitude économique nuit toutefois à la stabilité financière internationale et aux perspectives de croissance à long terme, alors qu’au même moment, les tensions géopolitiques croissantes menacent de fragmenter la coopération mondiale et de faire obstacle aux progrès en matière de développement. Une analyse de la convergence au regard d’indicateurs de revenu et des Objectifs de développement durable (ODD) montre que les pays en développement risquent de creuser davantage leur retard.
La stabilisation de l’économie masque un ralentissement des perspectives de croissance à long terme
Au cours des premières années qui ont suivi l’adoption du Programme d’action d’Addis-Abeba, et jusqu’à la pandémie de COVID-19 (2015-19), l’économie mondiale a progressé à un rythme constant. Les performances des pays à faible revenu (PFR) étaient toutefois inférieures à celles de la plupart des autres pays. Nombre d’entre eux ont souffert de la chute des prix de produits de base tels que le pétrole et les métaux, due à un ralentissement de la croissance en République populaire de Chine (ci-après la « Chine ») et à un affaiblissement de la demande mondiale. Cette situation a entraîné non seulement une diminution de leurs recettes d’exportation, mais également une forte dépréciation de leurs devises. Ils ont par conséquent enregistré une croissance économique faible, voire négative, et des niveaux élevés d’inflation. Au cours de la période située entre le lancement du Programme d’action d’Addis-Abeba et la pandémie de COVID-19, les économies des pays à faible revenu se sont stabilisées, tandis que l’inflation reculait et que la croissance économique amorçait une nouvelle tendance à la hausse (Graphique 1.1).
L’économie mondiale fait preuve d’une résilience globale, en dépit des multiples crises qu’elle traverse depuis 2020. La pandémie de COVID-19 a provoqué des bouleversements sans précédent de l’économie mondiale et a perturbé les flux de capitaux transnationaux et le commerce international. L’économie mondiale s’est fortement contractée en 2020 (de 3.4 %), ce qui représente une baisse par rapport aux prévisions qui faisaient état d’une croissance de 2.5 % au début de l’année (FMI, 2020[1]). Les perturbations subies par les chaînes d’approvisionnement en raison de la pandémie ont été suivies par une crise énergétique et alimentaire provoquée par l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie et une flambée de l’inflation au niveau mondial. L’activité économique a toutefois redémarré relativement rapidement. Selon les estimations, la production mondiale a augmenté de 3.2 % en taux annualisé au cours du premier semestre 2024, et devrait se stabiliser à ce niveau en 2024 et 20251 (OCDE, 2024[2]). Des ajustements en continu des chaînes d’approvisionnement et de la logistique ont permis d’améliorer l’efficience et la stabilité, ce dont ont bénéficié la production et la distribution. L’inflation a continué de diminuer cette année dans la plupart des pays2.
Toutefois, la reprise dissimule des transformations des caractéristiques structurelles et du potentiel de croissance de l’économie mondiale. Les prévisions de croissance mondiale à moyen terme pour 2029 sont de 3.1 %, soit le niveau le plus bas depuis des décennies3. Depuis la crise financière mondiale, les prévisions de croissance mondiale sont systématiquement revues à la baisse. L’investissement privé, de même que la productivité et les taux d’activité restent inférieurs aux tendances antérieures à la pandémie (Cho et al., 2024[3]), ce qui alimente une transition progressive vers un environnement à faible croissance qui pourrait nuire à la transition écologique et à la réduction de la pauvreté à l’échelle mondiale (FMI, 2024[4] ; OCDE, 2024[2]) (FMI, 2024[4] ; OCDE, 2024[2]).
Les pays à faible revenu affichent des conditions économiques moins favorables que les économies avancées. L’inflation y reste à des niveaux élevés, dans un contexte d’atténuation des tensions sur les prix au niveau mondial (Graphique 1.1, partie B). Plusieurs économies en développement sont particulièrement touchées par les coûts élevés des denrées alimentaires, des combustibles et des engrais, qui entraînent de graves crises du coût de la vie. L’inflation des prix alimentaires dans les PFR a atteint son apogée en avril 2023 à 32 %, et si elle a de nouveau diminué en décembre 2023 pour s’établir à 17 %, les taux restent supérieurs à leur niveau antérieur à la pandémie (12 % en décembre 2019, par exemple) (FAO, 2024[5]). La faiblesse des monnaies locales des pays en développement a exacerbé les pressions inflationnistes, qui ont entraîné, dans les économies émergentes et les pays en développement, une croissance plus lente que prévue. Les PFR ont enregistré une faible croissance économique, de 1.0 % en 2022 contre 3.9 % dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure (PRITI), 4.1 % dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure (PRITS) et 2.4 % dans les pays à revenu élevé (PRE) (Graphique 1.1, partie A).
Graphique 1.1. Dans un contexte de reprise mondiale, les pays à faible revenu continuent de pâtir de faibles taux de croissance et de niveaux élevés d’inflation
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Source : Calculs des auteurs sur la base des Indicateurs du développement dans le monde (2024[6]) du Groupe de la Banque mondiale (base de données), https://databank.worldbank.org/source/world-development-indicators.
Les évolutions géopolitiques et les nouveaux modèles d'échanges et de flux financiers renforcent la fragmentation de l’économie mondiale
Ce phénomène, qualifié de fragmentation géoéconomique (Aiyar et al., 2023[7]), s’accélère ces dernières années du fait de la multiplication des événements géopolitiques et des conflits. Le nombre des conflits actifs s’élevait à 56 en 2023, soit le nombre le plus élevé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale (Institute for Economics & Peace, 2024[8]). Des événements comme le Brexit, les différends commerciaux entre les États-Unis et la Chine, les restrictions aux flux d’échanges en lien avec la pandémie de COVID-19, ainsi que les conflits internationaux et les tensions géopolitiques sont l’expression de la montée en puissance du protectionnisme et ont, ensemble, divisé les économies en blocs géopolitiques distincts (D’Orazio, Ferriani et Gazzani, 2024[9]). Le soutien croissant aux partis populistes et isolationnistes dans de nombreux pays occidentaux est à la fois le reflet et le moteur de cette évolution.
Le changement de cap des politiques commerciales reflète cette fragmentation géoéconomique. Les inquiétudes relatives à la résilience des chaînes d’approvisionnement et à la sécurité nationale sont à l’origine d’un nombre croissant de restrictions des échanges internationaux. Environ 2 000 nouvelles restrictions commerciales ont été signalées en 2022, en hausse par rapport à 2019 (752) d’après les données du Global Trade Alert (Graphique 1.2. partie A). Les échanges commerciaux entre blocs géopolitiques ont diminué de 10 % en 2022 (Carluccio et al., 2024[10]). Cette baisse des échanges entre blocs géopolitiques peut nuire à la diffusion des technologies et du savoir-faire et conduire à une diminution du bien-être pouvant, d’après les projections, atteindre 12 % dans certaines régions (Góes et Bekkers, 2022[11]).
La fragmentation affecte également les flux financiers internationaux. Les sanctions financières sont en hausse depuis la crise financière mondiale (Graphique 1.2.). Les institutions financières ont décidé de limiter leurs liens avec les juridictions considérées comme présentant un risque élevé, non seulement en raison de considérations liées à la rentabilité, mais également du risque de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme, des coûts élevés de mise en conformité, des sanctions, du durcissement de la concurrence géopolitique, de l’instabilité politique et des conflits (Réseau du CAD de l’OCDE sur la gouvernance, à paraître[12]). La pratique consistant à limiter certaines relations commerciales ou à y mettre fin risque d’avoir des répercussions négatives sur les flux de capitaux et l’inclusion financière dans les pays en développement. Les normes en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme peuvent ainsi avoir des conséquences inattendues dans les pays dotés de faibles capacités de supervision et de réglementation (GAFI, 2021[13]). L’analyse menée par Kida et Paetzold (2021[14]) à partir de données provenant de 89 pays émergents et en développement a révélé que l’inclusion sur une liste noire ou grise du Groupe d’action financière se traduisait par des coûts substantiels pour les pays concernés, sous la forme d’une baisse des capitaux, de l’investissement direct étranger (IDE) et des entrées d’investissement de portefeuille, chiffrée en moyenne à 7.6 % de leur produit intérieur brut (PIB).
Graphique 1.2. Le nombre des restrictions commerciales et des sanctions a fortement augmenté depuis 2010.
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Source : Partie A : Calculs des auteurs sur la base de Global Trade Alert (2024[15]), Data Center (base de données), https://data.globaltradealert.org. Partie B : Calculs des auteurs sur la base de Syropoulos et al. (2024[16]), « The global sanctions data base – Release 3 : COVID‐19, Russia, and multilateral sanctions », https://doi.org/10.1111/roie.12691 ; Felbermayr et al. (2020[17]), « The global sanctions data base », https://doi.org/10.1016/j.euroecorev.2020.103561 ; Kirilakha et al. (Kirilakha et al., 2021[18]), « The global sanctions data base: An update that includes the years of the Trump presidency », https://doi.org/10.4337/9781839102721.
La convergence en matière d’économie et au regard des ODD a ralenti, et cette trajectoire s’est même parfois inversée
L’environnement à faible croissance et les multiples crises affectent le rythme de convergence entre les économies avancées et en développement. Si les perspectives de croissance à moyen terme sont systématiquement revues à la baisse à l’échelle mondiale depuis la crise financière mondiale, cette tendance est plus prononcée pour les pays en développement. Comme le montre le Graphique 1.3, les taux de rattrapage des PFR, mesurés par l’évolution annuelle moyenne de leur écart par rapport au niveau de PIB par habitant dans les PRE, s’élevaient à 0.5 % au début des années 2000 avant d’amorcer une évolution inverse pour s’établir à – 0.5 % entre 2008 et 2014, et à – 1.1 % entre 2015 et 2022, ce qui signifie que les PRE et les PFR ont accentué leur divergence au lieu de converger. Les taux de rattrapage des pays à revenu intermédiaire (PRI) ont eux aussi diminué ces dernières années. Pour les PRITI, la convergence avec les PRE s’est accélérée pour passer de 0.7 % entre 2000 et 2007 à 2.1 % entre 2006 et 2014, avant que les taux de rattrapage ne chutent à 0.1 % entre 2015 et 2022. S’agissant des PRITS, la convergence avec les PRE est restée stable au cours de la période 2000-2006 et 2007-2015 à respectivement 1.8 % et 1.9 %, avant de décliner à 0 % entre 2015 et 2022. Sur la base des prévisions de croissance économique à long terme, la divergence entre les PFR et les PRE devrait se poursuivre au cours de la période 2023-2030, tandis que la convergence entre les PRI et les PRE sera plus lente qu’entre 2000 et 2007, et 2008 et 2015.
La fragmentation géoéconomique, l’essor de l’intelligence artificielle (IA) ainsi que d’autres évolutions qui façonnent l’économie mondiale devraient freiner plus encore la convergence économique. Ainsi, l’application de barrières commerciales à l’ensemble des secteurs, qui contraindrait les pays à se limiter exclusivement à des relations commerciales au sein de différents blocs géopolitiques se traduirait, selon les estimations, par un recul du PIB mondial de 2.3 % (Bolhuis, Chen et Kett, 2023[19]). Les économies avancées et les marchés émergents enregistreraient une baisse respective de 2.1 % et 2.5 %, et les PFR subiraient des pertes de production de l’ordre de 4.3 % (Graphique 1.3, partie B). Les PFR seraient pénalisés plus lourdement en raison de leur forte exposition au commerce de produits de base, notamment avec la Chine, dont la croissance a ralenti ces dernières années (Encadré 1.1). Les PFR dépendent également de manière générale davantage des produits de base et se spécialisent souvent dans les exportations de produits de base essentiels, comme les métaux et l’énergie. De même, les économies avancées sont en général en position de bénéficier plus rapidement de l’IA que les marchés émergents et les pays en développement, car leur économie affiche souvent une intensité supérieure en connaissances et en technologie4 (Cazzaniga et al., 2024[20]).
Graphique 1.3. Le ralentissement de la convergence se poursuivra en raison des tensions géoéconomiques
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Note : Les ratios pour 2023-30 ont été calculés sur la base de projections de l’OCDE.
Source : Partie A : Calculs des auteurs sur la base du modèle interne et de prévisions de l’OCDE. Partie B : Calculs des auteurs sur la base de Bolhuis, Chen et Kett (2023[19]), « Fragmentation in global trade: Accounting for commodities », https://www.imf.org/en/Publications/WP/Issues/2023/03/24/Fragmentation-in-Global-Trade-Accounting-for-Commodities-531327.
Encadré 1.1. Les pays en développement d’Afrique subsaharienne sont particulièrement vulnérables au ralentissement structurel de l’économie chinoise
Copier le lien de Encadré 1.1. Les pays en développement d’Afrique subsaharienne sont particulièrement vulnérables au ralentissement structurel de l’économie chinoiseEntre 1979 et 2018, la Chine a enregistré une croissance annuelle moyenne de 10 %, qui a permis à 800 millions de personnes de sortir de la pauvreté. Les liens qui existent entre la Chine et les pays en développement au titre du commerce et de l’investissement étant très étroits, cette montée en puissance du pays a également eu de vastes répercussions sur les pays en développement ailleurs dans le monde, notamment en Afrique. La valeur des échanges de marchandises entre la Chine et l’Afrique a augmenté à un taux de croissance annuelle cumulé de 16.1 %, et est passée d’environ 9.9 milliards USD en 2000 à 260.8 milliards USD en 2022 (Chakrabarty, 2024[21]).
Le ralentissement de la demande chinoise, ses répercussions sur les prix des produits de base et la réduction actuelle des financements alloués par la Chine devraient affecter les pays d’Afrique. En 2022, le taux de croissance de la Chine n’était que de 3 %. Le pays avait entrepris de réorienter progressivement son économie en abandonnant une stratégie de croissance fondée sur les exportations et l’investissement, au profit d’une augmentation de la consommation intérieure et de ce que les dirigeants chinois qualifiaient de « croissance de meilleure qualité » ciblée sur la durabilité et les secteurs de haute technologie (Chakrabarty, 2024[21]). D’après Chen, Fornino et Rawlings (2024[22]), une baisse d’un point de pourcentage de la croissance du PIB chinois entraîne une baisse de 0.25 point de pourcentage de la croissance du PIB en Afrique subsaharienne en un an. Au cours de la même période, les versements de la Chine à l’Afrique au titre de prêts, qui avaient atteint leur plus haut niveau en 2016, ont également reculé régulièrement, passant de 28.8 milliards USD en 2016 à 1.0 milliard USD en 2022 (Global Development Policy Center, 2024[23]).
Afin de s’adapter aux changements provoqués par le ralentissement de l’économie chinoise et de réduire leur dépendance à son égard, les pays africains devront diversifier davantage leur économie, notamment en accroissant les échanges intra-africains (Abdel-Latif et al., 2023[24]).
Source : Chakrabarty (2024[21]), « Shrinking Chinese demand, loan volumes weaken Africa’s growth prospects », https://www.orfonline.org/expert-speak/shrinking-chinese-demand-loan-volumes-weaken-africa-s-growth-prospects ; Chen, Fornino et Rawlings (2024[22]), « Navigating the evolving landscape between China and Africa’s economic engagements », https://doi.org/10.5089/9798400267840.001 ; Global Development Policy Center (2024[23]), Chinese Loans to Africa Database, https://www.bu.edu/gdp/chinese-loans-to-africa-database/, Abdel-Latif et al. (2023[24]), “China’s slowing economy will hit Sub-Saharan Africa’s growth, https://www.imf.org/en/News/Articles/2023/11/09/cf-chinas-slowing-economy-will-hit-sub-saharan-africas-growth.
La convergence entre les scores de l’Indice ODD dans les PRE et les pays en développement a progressé rapidement dans le prolongement immédiat de l’adoption du Programme d’action d’Addis-Abeba en 2015, avant de ralentir fortement ces dernières années. Avant la pandémie de COVID-19, entre 2015 et 2019, les PFR ont progressé plus rapidement au regard de l’Indice ODD (+ 1.6 point) que les PRE (+ 0.7 point). Depuis 2020, toutefois, le score de l’Indice ODD des PRE s’est légèrement amélioré (+ 0.3 point) tandis que celui des PFR stagne (+ 0.1 point) (Sachs, Lafortune et Fuller, 2024[25]). Ainsi que le révèlent les taux de rattrapage, la tendance, ces dernières années, est davantage à la divergence qu’à la convergence. À compter de 2019, l’écart avec les scores de l’indice ODD des PRE a augmenté de 2.6 % pour les PFR, mettant au jour une divergence dans les performances au regard des ODD (Graphique 1.4).
Graphique 1.4. La convergence en termes de performance au regard des ODD a ralenti ces dernières années
Copier le lien de Graphique 1.4. La convergence en termes de performance au regard des ODD a ralenti ces dernières annéesConvergence de scores de l’Indice ODD avec les pays à revenu élevé

Source : Calculs des auteurs sur la base de Sachs, Lafortune et Fuller (2024[25]), Sustainable Development Report 2024 : The SDGs and the UN Summit of the Future, https://sdgtransformationcenter.org/reports/sustainable-development-report-2024.
1.2. Les besoins de financements nécessaires pour soutenir le développement durable ont considérablement augmenté
Copier le lien de 1.2. Les besoins de financements nécessaires pour soutenir le développement durable ont considérablement augmentéL’augmentation des vulnérabilités macroéconomiques fait apparaître une exacerbation des besoins de financement. Le creusement des déficits de financement des ODD et des objectifs climatiques risque de saper les progrès accomplis et d’accentuer la marginalisation des populations vulnérables, comme évoqué précédemment. Cette section dépasse ces défis immédiats pour étudier l’évolution de l’ensemble des flux financiers depuis l’adoption, en 2015, du Programme à l’horizon 2030 (accompagné des ODD et du Programme d’action d’Addis-Abeba) et de l’Accord de Paris. Au cours de cette période de près de dix ans, les progrès ont été mitigés, ce qui montre qu’il est urgent de renforcer les liens entre les politiques macroéconomiques et les stratégies de financement pour relever les défis actuels et faire face aux risques qui se profilent à l’horizon.
Un rebond du financement en faveur du développement durable a été observé
La crise du COVID‑19 a eu un impact sans précédent sur le financement du développement durable, entraînant de fortes baisses des flux financiers. Les financements disponibles à l’appui du développement durable dans les pays en développement (hors Chine) ont diminué, passant de 4 600 milliards USD en 2019 à 3 900 milliards USD en 2020, soit une baisse de 774 milliards USD ou 17 % (OCDE, 2022[26]). Les recettes publiques disponibles (après paiements au titre du service de la dette) ont essuyé le plus fort recul en valeur absolue enregistré sur la période, passant de 3 100 milliards USD à 2 400 milliards USD entre 2019 et 2020, soit une baisse de 689 milliards USD ou 22 % (OCDE, 2022[26]). Ce recul a été plus marqué que durant la crise financière mondiale de 2008‑09 : plus précisément, trois fois plus dans les PFR, deux fois plus dans les PRITI et quatre fois plus dans les PRITS (OCDE, 2022[26]). La pandémie a également induit une régression des financements privés extérieurs à destination des pays en développement de 700 milliards USD sur la période 2019‑20, soit une baisse de 60 % plus importante que celle observée après la crise de 2008‑09 (OCDE, 2020[27]).
Depuis 2020, les volumes de toutes les sources de financement préconisées par le Programme d’action d’Addis-Abeba ont augmenté, signe de résilience malgré les difficultés posées par la pandémie de COVID‑19. Comme le montre le Graphique 1.5, le total des flux de financements disponibles à l’appui du développement durable dans les pays en développement (hors Chine) a atteint 5 240 milliards USD en 2022 (aux prix constants de 2015), soit une augmentation notable de 22 % par rapport aux 4 310 milliards USD enregistrés en 2015 et une hausse de 9 % par rapport aux niveaux d’avant la pandémie (4 790 milliards USD en 2019). Le total des flux financiers prend en compte les financements publics et privés tels que les recettes publiques disponibles, le service de la dette, les financements publics concessionnels (aide publique au développement [APD]) et non concessionnels (prêts uniquement), les IDE, les envois de fonds et les apports philanthropiques.
Graphique 1.5. Le financement du développement durable dans les pays en développement a fait preuve de résilience
Copier le lien de Graphique 1.5. Le financement du développement durable dans les pays en développement a fait preuve de résilienceÉvolution des volumes d’apports, 2015‑22

Note : Les calculs portent sur les pays éligibles à l’APD (hors Chine) et sont exprimés en USD aux prix constants de 2015. Les fonds publics non concessionnels, le service de la dette, les IDE, les envois de fonds et les recettes publiques disponibles sont corrigés à l’aide du déflateur du PIB de la Banque fédérale de réserve de Saint-Louis (États-Unis). Les apports concessionnels publics (APD) et les apports philanthropiques sont corrigés à l’aide du déflateur du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE. Les recettes publiques disponibles correspondent aux recettes publiques diminuées du service de la dette. Cette analyse s’inspire de l’outil de suivi « Trillions Tracker » de The ONE Campaign et couvre la période allant de 2015 (adoption du Programme d’action d’Addis-Abeba) à 2022. Les chiffres antérieurs à 2018 sont calculés selon la méthode des flux financiers ; à partir de 2018, les calculs reposent sur la méthode de l’équivalent-don (lorsqu’ils sont disponibles, les chiffres de 2023 sont également inclus dans le corps du texte qui suit le Graphique 1.5.).
Source : Calculs des auteurs. Les chiffres sur les apports publics non concessionnels sont calculés à partir des versements bruts de prêts non concessionnels consentis par des sources publiques bilatérales et multilatérales, et s’appuient sur les données relatives à la dette à long terme publique ou garantie par l’État de : Groupe de la Banque mondiale (2024[28]), Data Bank: International Debt Statistics (base de données), https://databank.worldbank.org/source/international-debt-statistics. Les chiffres sur les paiements au titre du service de la dette, qui comprennent à la fois le principal et les intérêts de la dette à long terme publique ou garantie par l’État, sont calculés à partir des données de : Banque mondiale (2024[29]), International Debt Report 2024, http://hdl.handle.net/10986/42444. Les chiffres relatifs aux recettes publiques proviennent des données sur les recettes des administrations publiques, dans : Fonds monétaire international (2024[4]), Perspectives de l’économie mondiale, avril 2024 : Reprise stable mais lente : résilience sur fond de disparités, https://www.imf.org/fr/Publications/WEO/Issues/2024/04/16/world-economic-outlook-april-2024. Les chiffres sur les apports publics concessionnels (APD) de tous les donneurs publics (versements bruts), et les apports philanthropiques proviennent de : OCDE (2024[30]), Explorateur des données de l’OCDE – CAD1 : Flux par fournisseur (APD+AASP+privé) (base de données), https://data-explorer.oecd.org/vis?pg=0&snb=3&df[ds]=dsDisseminateFinalDMZ&df[id]=DSD_DAC1%40DF_DAC1&df[ag]=OECD.DCD.FSD&dq=DAC...1140%2B1160..Q%2BV.&lom=LASTNPERIODS&lo=10&to[TIME_PERIOD]=false&lc=fr. Les données sur les entrées d’IDE proviennent de : ONU commerce et développement (2024[31]), Investissement direct étranger : flux et stock entrants et sortants, annuel (base de données), https://unctadstat.unctad.org/datacentre/dataviewer/US.FdiFlowsStock. Les données sur les envois de fonds proviennent de : Groupe de la Banque mondiale (2024[32]), Données : Transferts personnels et rémunération des employés (USD courants) (base de données), https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/BX.TRF.PWKR.CD.DT.
Les paragraphes qui suivent analysent l’évolution des ressources financières sur la période 2015‑22, qu’illustre le Graphique 1.5, en y ajoutant des données concernant 2023 lorsqu’elles sont disponibles.
Les recettes publiques disponibles (après paiements au titre du service de la dette) ont rebondi depuis la crise du COVID‑19 et ont même, dans certains cas, dépassé leurs niveaux d’avant la pandémie. Au début de la pandémie, les recettes publiques disponibles dans les pays éligibles à l’APD (hors Chine) ont chuté de 11 %, passant de 3 420 milliards USD en 2019 à 3 040 milliards USD en 2020, mais se sont rapidement redressées pour atteindre 3 460 milliards USD en 2021 et 3 790 milliards USD en 2022, soit une hausse de 9 % par rapport à l’année précédente (Graphique 1.5). Entre 2015 et 2022, année où leur volume ressortait à 3 150 milliards USD, les recettes publiques disponibles ont augmenté de 20 % (soit une hausse de 2 % par an), progressant dans toutes les catégories de revenu : +21 % dans les pays les moins avancés (PMA) et autres PFR, +30 % dans les PRITI et +15 % dans les PRITS (Groupe de la Banque mondiale, 2024[28]) (Graphique 1.6). Dans le même temps, cependant, la part des recettes publiques disponibles dans le financement du développement durable a diminué : elle était 2.7 fois plus importante que la part des autres sources de financement en 2015, contre 2.1 fois en 2022. Sur cette période, les recettes fiscales sont passées de 16.8 % du PIB à 17.5 % en moyenne dans les pays en développement (Nations Unies, 2024[33]). Néanmoins, le ratio impôts/PIB est resté en dessous du taux d’imposition effectif de 15 % visé dans les PFR (11.44 % en 2022) et dans les PMA (13.2 % en 2022)5 (UNU-WIDER, 2023[34]). Pour comparaison, le niveau moyen des recettes fiscales exprimé en pourcentage du PIB dans les pays de l’OCDE est passé de 32.9 % en 2015 à 34 % en 20226 (OCDE, 2023[35]).
La baisse des recettes publiques disponibles s’explique en partie par le service de la dette, qui a considérablement augmenté dans le prolongement de la crise, surtout dans les PMA et autres PFR et dans les PRITI. Les charges d’intérêts nettes associées à la dette publique de l’ensemble des pays en développement se sont élevées à 847 milliards USD en 2023, et plus de la moitié d’entre eux consacrent au moins 8 % de leurs recettes publiques au paiement d’intérêts (CNUCED, 2024[36]). Comme le montre le Graphique 1.5, le service de la dette des pays éligibles à l’APD (hors Chine) est passé de 217 milliards USD en 2015 à 280 milliards USD en 2022, un maximum de 329 milliards USD ayant été enregistré en 2019. Cela représente une hausse de 29 % sur l’ensemble de la période considérée, soit de 4 % par an. Au cours de la période 2015‑22, même si l’augmentation du service de la dette n’a été que de 8 % dans les PRITS, elle a atteint des niveaux alarmants dans les PMA et autres PFR (62 %) et dans les PRITI (61 %). Sur la période 2019‑21, pendant la pandémie, le service de la dette a représenté entre 9 % et 10 % des recettes publiques, contre 6 % en 2015. En 2022, il est tombé à 7 %. Au début de la pandémie, en mai 2020, le Groupe des Vingt (G20) a lancé l’Initiative de suspension du service de la dette (ISSD) dans l’optique d’empêcher que la charge de la dette ne s’alourdisse encore davantage. Cette initiative a permis à 48 des 73 pays éligibles de réorienter leurs ressources de manière à faire face à la crise et à protéger la vie des personnes vulnérables. À son achèvement en décembre 2021, l’ISSD avait permis la suspension de 12.9 milliards USD de paiements au titre de la dette pour les pays en développement participants.
Les envois de fonds ont augmenté de façon régulière depuis 2015. Il s’agit de la deuxième source de financement des pays en développement (hors Chine) et de la plus importante source de financements extérieurs. Ils s’élevaient à 476 milliards USD en 2023, en légère baisse par rapport à 2022 (486 milliards USD), mais en hausse par rapport à 2015 (370 milliards USD) – soit une augmentation de 31 % sur la période 2015‑22, équivalant à 4 % par an (Graphique 1.6). Si les envois de fonds ont augmenté dans toutes les catégories de revenu, cette hausse est plus marquée dans les PRITS (+48 %) que dans les PMA et autres PFR (+24 %) ou dans les PRITI (+26 %). Depuis 2015, les envois de fonds constituent la principale source de financement extérieur à destination des PRITI, dépassant à la fois le volume des apports publics concessionnels et celui des IDE. Toutefois, au quatrième trimestre de 2023, le coût moyen à l’échelle mondiale pour envoyer 200 USD restait élevé, à 6.4 %, soit 0.2 point de pourcentage de plus qu’en 2022 et plus du double de l’objectif de 3 % fixé dans la cible 10.c.1 relative aux ODD (Portail sur les données migratoires, 2024[37]).
Après avoir sensiblement reculé pendant la crise, les flux d’IDE ont rebondi, quoique de manière inégale, dans les pays en développement. D’après les derniers chiffres disponibles sur les flux mondiaux d’IDE, ces derniers ont atteint un total de 802 milliards USD au premier semestre de 2024 (OCDE, 2024[38]). En 2023, les entrées d’IDE dans les pays éligibles à l’APD (hors Chine) se sont élevées à 286 milliards USD, soit une baisse de 15 % par rapport à 2022. Néanmoins, les entrées d’IDE dans les pays en développement ont également fait preuve de résilience au fil du temps. Les IDE se sont chiffrés à 335 milliards USD en 2022, soit un niveau proche de celui de 2015 (338 milliards USD), enregistrant un net rebond par rapport au niveau de 2020, qui s’établissait à 238 milliards USD. Cela représente une baisse marginale de 1 % sur l’ensemble de la période 2015‑22. Cependant, tous les groupes de revenu n’ont pas bénéficié d’un tel rebond : si les apports n’ont diminué que de 2 % dans les PRITI et ont augmenté de 8 % dans les PRITS, ils ont reculé de 42 % dans les PMA et de 84 % dans les autres PFR (Graphique 1.6). Pour les PMA, cette baisse peut s’expliquer par le niveau exceptionnellement élevé enregistré en 2015. Et si, en raison de leur plus forte intégration dans les marchés financiers mondiaux, les PRITS ont été le plus durement touchés durant la pandémie, elle leur a aussi permis de se redresser plus rapidement.
Les apports publics concessionnels (APD) et non concessionnels ont joué un rôle contracyclique, atténuant les effets de la crise du COVID‑19. En 2023, l’APD totale émanant de l’ensemble des donneurs publics et fournie aux pays en développement a atteint un niveau record de 233 milliards USD (aux prix constants de 2015), les donneurs ayant accru leur soutien à l’Ukraine et leur aide humanitaire aux pays en développement7. Sur ce total, les contributions des pays du CAD se sont chiffrées à 194 milliards USD, et celles des pays non membres du CAD et des organisations multilatérales à, respectivement, 15 milliards USD et 23 milliards USD (OCDE, 2024[39] ; OCDE, 2024[30]). Les apports publics concessionnels (APD) et non concessionnels (prêts uniquement) ont sensiblement augmenté sur la période 2015‑22. Les apports publics concessionnels (APD) fournis par les donneurs publics aux pays en développement, hors Chine, ont atteint 224 milliards USD en 2022, en hausse par rapport aux 147 milliards USD enregistrés en 2015 (+52 % sur la période, soit +6 % par an). Sur la même période, les apports d’APD ont augmenté de 21 % dans les PMA, de 29 % dans les autres PFR, de 85 % dans les PRITI et de 5 % dans les PRITS (Graphique 1.6). Les apports publics non concessionnels se sont élevés au total à 116 milliards USD en 2022, contre 84 milliards USD en 2015 (+38 % sur la période, soit 5 % par an). L’augmentation de 75 % des apports multilatéraux non concessionnels, qui sont passés de 49 milliards USD à 86 milliards USD entre 2015 et 2022, a compensé la baisse de 13 % des apports bilatéraux non concessionnels, lesquels sont passés de 35 milliards USD 30 milliards USD sur la même période (Graphique 1.6). La nature contracyclique des financements publics internationaux a contribué à contrebalancer l’insuffisance d’autres apports extérieurs, même si elle n’a pas pu combler entièrement les pertes (OCDE, 2022[26]).
Les apports philanthropiques ne représentent qu’une faible part du volume total des apports financiers à l’appui du développement durable. Ils se sont élevés à 9.9 milliards USD en 2022, contre 3.5 milliards en 2015 (+185 % sur la période, soit +23 % par an), même si cette hausse s’explique en grande partie par l’amélioration de la couverture des données (OCDE, 2024[40]).
Graphique 1.6. L’augmentation des apports financiers dans les pays en développement diffère selon les types d’apports et les catégories de revenu des pays
Copier le lien de Graphique 1.6. L’augmentation des apports financiers dans les pays en développement diffère selon les types d’apports et les catégories de revenu des paysÉvolution des apports, variation annuelle en pourcentage, 2015‑22

Note : Les calculs portent sur les pays éligibles à l’APD (hors Chine) et s’appuient sur les prix constants de 2015. Les apports publics non concessionnels, le service de la dette, les IDE, les envois de fonds et les recettes publiques disponibles sont corrigés à l’aide du déflateur du PIB de la Banque fédérale de réserve de Saint-Louis (États-Unis). Les apports publics concessionnels (APD) sont corrigés à l’aide du déflateur du CAD. Les recettes publiques disponibles correspondent aux recettes publiques diminuées du service de la dette. D’autres données sur les autres PFR sont incluses lorsqu’elles sont disponibles. Les calculs ont été effectués par les auteurs en collaboration avec The ONE Campaign.
Sources : Les apports publics non concessionnels sont calculés à partir des versements bruts de prêts non concessionnels consentis par des sources publiques bilatérales et multilatérales, et s’appuient sur les données relatives à la dette à long terme publique ou garantie par l’État de : Fonds monétaire international (2024[4]), Perspectives de l’économie mondiale, avril 2024 : Reprise stable mais lente : résilience sur fond de disparités, https://www.imf.org/fr/Publications/WEO/Issues/2024/04/16/world-economic-outlook-april-2024 ; Groupe de la Banque mondiale (2024[28]), Data Bank: International Debt Statistics (base de données), https://databank.worldbank.org/source/international-debt-statistics (publiée en décembre 2023), laquelle est également la source de données pour les paiements au titre du service de la dette, qui comprennent à la fois le principal et les intérêts de la dette à long terme publique ou garantie par l’État. Les chiffres relatifs aux recettes publiques proviennent des données sur les recettes des administrations publiques, dans : Fonds monétaire international (2024[4]), Perspectives de l’économie mondiale, avril 2024 : Reprise stable mais lente : résilience sur fond de disparités, https://www.imf.org/fr/Publications/WEO/Issues/2024/04/16/world-economic-outlook-april-2024. Les chiffres sur les apports publics concessionnels (APD) de tous les donneurs publics (versements bruts) proviennent de : OCDE (2024[30]), Explorateur des données de l’OCDE – CAD1 : Flux par fournisseur (APD+AASP+privé) (base de données), https://data-explorer.oecd.org/vis?pg=0&snb=3&df[ds]=dsDisseminateFinalDMZ&df[id]=DSD_DAC1%40DF_DAC1&df[ag]=OECD.DCD.FSD&dq=DAC...1140%2B1160..Q%2BV.&lom=LASTNPERIODS&lo=10&to[TIME_PERIOD]=false&lc=fr. Les données sur les entrées d’IDE proviennent de : ONU commerce et développement (2024[31]), Investissement direct étranger : flux et stock entrants et sortants, annuel (base de données), https://unctadstat.unctad.org/datacentre/dataviewer/US.FdiFlowsStock. Les données sur les envois de fonds proviennent de : Groupe de la Banque mondiale (2024[32]), Données : Transferts personnels et rémunération des employés (USD courants) (base de données), https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/BX.TRF.PWKR.CD.DT.
Les ressources restent insuffisantes pour répondre à l’accélération des besoins de financement
Le déficit de financement des ODD s’est considérablement creusé depuis la crise du COVID‑19. En 2014, juste avant l’adoption officielle des ODD, l’Organisation des Nations Unies (ONU) a estimé que le déficit de financement annuel pour parvenir à un développement durable dans les pays en développement s’élevait à 2 500 milliards USD, d’où la nécessité d’investissements accrus dans les infrastructures économiques (électricité, transports, télécommunications, eau et assainissement, etc.), la sécurité alimentaire, les infrastructures sociales (éducation, santé, etc.) et la durabilité environnementale (CNUCED, 2014[41] ; Nations Unies, 2023[42]). Les financements pour la mise en œuvre des ODD étaient déjà insuffisants, mais en 2020, après l’apparition du COVID‑19, ce déficit s’est envolé pour atteindre 3 900 milliards USD, soit une hausse de 56 % en seulement six ans. La pandémie a encore accentué ce que l’on appelle l’effet de ciseaux dans le financement des ODD, c’est-à-dire la conjonction d’une augmentation des besoins et d’une diminution des ressources (OCDE, 2020[27]). Dans les pays en développement, deux grands facteurs en sont à l’origine : la baisse de 689 milliards USD des recettes publiques disponibles sur 2019‑20, qui a représenté plus de 80 % de la baisse totale du financement du développement durable, et l’augmentation de 907 milliards USD des dépenses publiques engagées pour des interventions d’urgence face au COVID‑19. Ces dépenses d’urgence ont représenté près de 30 % des recettes publiques totales en 2019 et ont exacerbé les difficultés auxquelles ces pays ont été confrontés pour mobiliser des ressources financières intérieures et extérieures (OCDE, 2022[26]). Le creusement du déficit reflète également des défis systémiques tels que l’insuffisance des investissements publics et privés, les vulnérabilités liées à l’endettement, et une marge de manœuvre budgétaire limitée dans de nombreux pays (OCDE, 2020[27]).
Le déficit annuel de financement à l’appui de la réalisation des ODD a atteint des niveaux alarmants, les dernières estimations s’échelonnant entre 3 000 milliards USD et 4 000 milliards USD. ONU commerce et développement (CNUCED) a estimé que le déficit d’investissement dans les ODD dans les pays en développement s’élèverait à 4 000 milliards USD par an entre 2023 et 2030 (CNUCED, 2023[43]). Selon le Groupe d’experts indépendants du G20 (2023[44]) et Bhattacharya et al. (2023[45]), le déficit annuel estimé en 2023 était de 3 000 milliards USD dans les marchés émergents et les pays en développement hors Chine, dont 2 500 milliards USD de dépenses publiques. Selon The ONE Campaign (2024[46]), les dépenses publiques annuelles (et les dépenses planifiées) consacrées au climat et au développement ont augmenté d’environ 700 milliards USD par an entre 2019 et 2022, mais elles représentent seulement 29 % de la somme nécessaire pour combler le déficit de financement, ce qui laisse un déficit de financement public de près de 1 750 milliards USD (Tableau 1.1).
Tableau 1.1. Diverses estimations montrent que le déficit annuel de financement des ODD est substantiel et va grandissant
Copier le lien de Tableau 1.1. Diverses estimations montrent que le déficit annuel de financement des ODD est substantiel et va grandissantEstimations du déficit de financement des ODD (en milliers de milliards USD)
Total des besoins de financements pour les ODD d’ici 2030 |
Dont besoins de financements en lien avec le climat |
Déficit de financement des ODD avant le COVID‑19 |
Déficit de financement des ODD d’ici 2030 |
Dont déficit de financements en lien avec le climat |
Pays |
|
---|---|---|---|---|---|---|
CNUCED |
2.5 (en 2014) |
3.8-4.3 Médiane : 4 |
2.2 |
Pays en développement |
||
Bhattacharya et al. (2023) |
5.4 |
2.4 |
3 |
1.8 |
Marchés émergents et pays en développement hors République populaire de Chine |
|
Groupe d’experts indépendants pour le Sommet du G20 de 2023 |
3 |
Marchés émergents et pays en développement hors République populaire de Chine |
||||
OCDE |
3.9 (en 2020) |
Pays éligibles à l’APD, hors République populaire de Chine |
||||
Climate Policy Initiative |
9 |
5.5 |
Monde |
Note : Les chiffres sont exprimés en milliers de milliards USD. Les montants sont calculés sur la base des investissements annuels à l’horizon 2030.
Sources : CNUCED (2023[47]), World Investment Report 2023: Investing in Sustainable Energy for All, https://unctad.org/publication/world-investment-report-2023 ; Bhattacharya et al. (2023[45]), A Climate Finance Framework: Decisive Action to Deliver on the Paris Agreement – Summary, https://www.lse.ac.uk/granthaminstitute/publication/a-climate-finance-framework-decisive-action-to-deliver-on-the-paris-agreement-summary/ ; Groupe d’experts indépendants du G20 (2023[44]), Strengthening Multilateral Development Banks: The Triple Agenda - Volume 1, https://www.gihub.org/resources/publications/strengthening-multilateral-development-banks-the-triple-agenda-report-of-the-g20-independent-experts-group/ ; OECD (2022[26]), Global Outlook on Financing for Sustainable Development 2023: No Sustainability Without Equity, https://doi.org/10.1787/fcbe6ce9-en ; Buchner et al. (2023[48]), Global Landscape of Climate Finance 2023, https://www.climatepolicyinitiative.org/publication/global-landscape-of-climate-finance-2023/.
Les besoins augmentent à un rythme plus rapide que les ressources disponibles, d’où un creusement du déficit de financement des ODD, y compris concernant les objectifs en lien avec le climat. Entre 2015 et 2022, le total des ressources disponibles a progressé de 22 %, mais le déficit de financement des ODD s’est creusé de 60 %, soit près de trois fois plus vite (Graphique 1.7). Compte tenu du taux de croissance des ressources disponibles pour financer le développement durable enregistré sur la période 2015‑22, où leurs volumes sont passés de 4 310 milliards USD à 5 240 milliards USD, elles devraient atteindre au total 6 370 milliards USD en 2030, soit une hausse de 48 % par rapport à 2015. Cependant, si le déficit de financement des ODD continue de croître au même rythme qu’entre 2015 et 2022, où il est passé de 2 500 milliards USD à 4 000 milliards USD, il devrait atteindre 6 400 milliards USD en 2030, ce qui correspondrait à une hausse de 156 % par rapport à 2015. Il convient de souligner que ces estimations sont prudentes, compte tenu des défis et des incertitudes qui se profilent d’ici 2030.
Graphique 1.7. D’ici 2030, les besoins devraient continuer d’augmenter plus rapidement que les ressources disponibles dans les pays en développement
Copier le lien de Graphique 1.7. D’ici 2030, les besoins devraient continuer d’augmenter plus rapidement que les ressources disponibles dans les pays en développementDéficit de financement des ODD, 2015‑30 (estimation)

Note : Pour la deuxième colonne, le total des financements disponibles se fonde sur les chiffres de 2022, tandis que le déficit de financement des ODD est évalué pour 2023. Les chiffres des déficits de financement des ODD en 2015 et 2023 reposent sur des estimations d’ONU commerce et développement. Les chiffres du total des financements disponibles s’appuient sur les calculs des auteurs, aux prix constants de 2015. Les calculs des auteurs concernant les besoins de financement estimés pour 2030 se fondent sur les taux de croissance du total des financements disponibles et du déficit de financement des ODD entre 2015 et 2022.
Sources : Calculs des auteurs, et ONU commerce et développement (2023[47]), World Investment Report 2023: Investing in Sustainable Energy for All, https://unctad.org/publication/world-investment-report-2023.
La réponse à la crise climatique est l’un des principaux moteurs de l’augmentation des besoins de financement. D’après les estimations de Bhattacharya et al. (2023[45]), 2 400 milliards USD seront nécessaires chaque année pour les investissements en lien avec le climat dans les marchés émergents et les pays en développement autres que la Chine d’ici à 2030, ce qui représente plus qu’un quadruplement (+433 %) par rapport au niveau de référence de 2019 (Graphique 1.8). Sur le plan sectoriel, 1 500 milliards USD seront nécessaires pour la seule transition énergétique, 250 milliards USD pour l’adaptation et la résilience, 300 milliards USD pour les pertes et préjudices8, 300 milliards USD pour le capital naturel et l’agriculture durable, et 75 milliards USD pour une transition juste9 (Bhattacharya et al., 2023[45]).
Plus de la moitié du déficit annuel de financement des ODD est liée au climat, et principalement à la transition énergétique. Selon ONU commerce et développement (2023[43]), plus de la moitié du déficit de financement des ODD (soit 2 200 milliards USD par an) est associée à la transition énergétique, tandis que le déficit d’investissement dans les énergies a augmenté de 100 % (soit 1 100 milliards USD) depuis 2015. Ce dernier déficit concerne les investissements dans les énergies propres, notamment les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et toutes les sources d’énergie et technologies de transition connexes (CNUCED, 2023[43]). Le secteur de la biodiversité a besoin de 300 milliards USD supplémentaires pour soutenir la conservation de la nature, la pêche durable, la lutte contre la pollution des océans et la foresterie durable (Zhan et al., 2023[49]). Van Tilburg et al (2024[50]) soulignent que, d’après les analyses du Groupe d’experts indépendants du G20 (2023[44]) et de Bhattacharya et al. (2023[45]), le déficit annuel de financement des objectifs lié au climat pourrait atteindre 1 800 milliards USD par an d’ici à 2030. Dans le même temps, les pays en développement (hors Chine) ne suivent pas le rythme nécessaire pour la transition énergétique. En 2022, par exemple, les PFR et les PRITI ne représentaient que 7 % des dépenses mondiales consacrées aux énergies propres, ce qui met en évidence une forte disparité dans la répartition des investissements (Bhattacharya et al., 2023[45]). Les investissements mondiaux dans les énergies propres ont atteint un niveau record en 2023, principalement sous l’effet de la croissance rapide des technologies solaires photovoltaïques et des véhicules électriques. Plus de 90 % de l’essor des investissements depuis 2021 a eu lieu dans les pays développés et en Chine.
Le déficit de financement de l’adaptation se creuse. Comme l’illustre le Graphique 1.8, 250 milliards USD par an seront nécessaires pour l’adaptation et la résilience d’ici à 2030 (Bhattacharya et al., 2023[45]). Le Programme des Nations Unies pour l’environnement estime que 215 milliards USD par an seront nécessaires pour l’ensemble des pays en développement, ce qui correspondait à 0.56 % de leur PIB combiné en 2021. Si, en valeur absolue, les coûts d’adaptation sont les plus élevés pour les PRITS et les PRITI, en pourcentage du PIB, ils sont nettement plus lourds pour les PFR (3.5 %) que pour les PRITI (0.7 %) ou les PRITS (0.5 %). Qui plus est, alors que les habitants des PMA et des petits États insulaires en développement (PEID) contribuent peu aux causes du changement climatique, ils sont beaucoup plus vulnérables aux aléas climatiques et sont exposés à un risque accru de mortalité due aux catastrophes liées au climat. Pour les PMA et les PEID, les besoins estimés représentent respectivement 0.7 % et 2.0 % du PIB, soit un total de 29 milliards USD par an – c’est-à-dire approximativement 12 % des coûts d’adaptation modélisés pour l’ensemble des pays en développement (PNUE, 2023[51]). Les financements à l’appui de l’adaptation fournis et mobilisés par les pays développés se sont chiffrés à 32.4 milliards USD en 2022, ce qui représente une hausse significative par rapport aux 10.1 milliards USD enregistrés pour ce type de financements en 2016, mais le niveau actuel d’investissement reste insuffisant pour répondre aux besoins d’adaptation grandissants (OCDE, 2024[52]). Les coûts d’adaptation les plus élevés sont associés à la protection contre les débordements de cours d’eau, aux infrastructures et à la protection des côtes, et sont concentrés en Asie de l’Est et dans le Pacifique, ainsi qu’en Amérique latine et dans les Caraïbes, entre autres (PNUE, 2023[51]).
Graphique 1.8. Les besoins annuels de financement climatique pourraient être multipliés par plus de quatre d’ici à 2030
Copier le lien de Graphique 1.8. Les besoins annuels de financement climatique pourraient être multipliés par plus de quatre d’ici à 2030Projections des besoins annuels de financements liés au climat d’ici à 2030, par activité, par rapport aux besoins de financement pour les autres ODD

Note : Les chiffres donnés pour les estimations pour 2030 correspondent aux besoins annuels.
Source : Bhattacharya et al. (2023[45]), A Climate Finance Framework: Decisive Action to Deliver on the Paris Agreement – Summary, https://www.lse.ac.uk/granthaminstitute/publication/a-climate-finance-framework-decisive-action-to-deliver-on-the-paris-agreement-summary/.
Le secteur de l’eau et de l’assainissement est le secteur enregistrant le deuxième déficit le plus important d’investissement dans les ODD. D’après les estimations d’ONU commerce et développement (2023[43]), le déficit d’investissement pour l’ODD 6 (Eau propre et assainissement) a augmenté de 70 %, soit 200 milliards USD, entre 2015 et 2023. Ce déficit concerne l’approvisionnement en eau, notamment les nouvelles stations d’épuration et installations de dessalement, ainsi que les infrastructures d’assainissement et la gestion des eaux usées. Les secteurs de la transition énergétique et de l’eau et de l’assainissement représentent, conjointement, plus de 85 % de l’augmentation du déficit d’investissement, chiffrée à 1 500 milliards USD, et près de 70 % du déficit d’investissement total prévu pour les années restantes jusqu’en 2030 (CNUCED, 2023[43]).
Le reste du déficit global d’investissement dans les ODD est réparti entre les autres secteurs. Concernant l’ODD 9 (Industrie, innovation et infrastructure), on prévoit un déficit d’investissement annuel se chiffrant, au total, à 400 milliards USD dans les infrastructures, et plus particulièrement dans les transports et les télécommunications, hors infrastructures énergétiques. On estime que pour atteindre l’ODD 1 (Pas de pauvreté) et l’ODD 2 (Faim « zéro »), le secteur de l’agriculture et de l’alimentation a besoin de 300 milliards USD supplémentaires chaque année, principalement pour des dépenses d’équipement dans les systèmes agricoles, la transformation des denrées alimentaires, la recherche et les infrastructures rurales. En ce qui concerne l’ODD 3 (Bonne santé et bien-être) et l’ODD 4 (Éducation de qualité), les secteurs de la santé et de l’éducation sont confrontés à un déficit de 100 à 600 milliards USD par an, principalement au titre des coûts opérationnels liés au fonctionnement des hôpitaux et des écoles (Zhan et al., 2023[49]).
Les besoins supplémentaires générés par les multiples crises de ces dernières années contribuent également à l’aggravation du déficit de financement des ODD. Les besoins d’investissement à l’appui des ODD ont augmenté en raison de chocs externes, en particulier à cause de la pandémie de COVID‑19 et des crises liées à l’alimentation, aux combustibles et à la finance. Ces perturbations économiques ont touché de manière disproportionnée les pays en développement et les PMA. Selon le rapport 2024 des Nations Unies sur le financement du développement durable, le déficit de financement annuel pour atteindre les cibles relatives aux ODD en matière de protection sociale et de soins de santé de base s’est creusé d’environ 30 % depuis le début de la pandémie de COVID‑19 (Nations Unies, 2024[53]). En 2020, le déficit de financement de la mise en place d’un socle de protection sociale universel était estimé à 1 200 milliards USD par an, soit 3.8 % du PIB mondial (Nations Unies, 2024[53]). Le déficit de financement annuel est encore plus important dans les PRITI et les PFR, où il s’élève, respectivement, à 5.1 % et 15.9 % du PIB (Nations Unies, 2024[53]). Les stratégies d’investissement et les plans de financement à l’appui des cibles relatives aux ODD doivent tenir compte des évolutions démographiques majeures attendues au cours des trois prochaines décennies. Ainsi, d’après certaines estimations, la population mondiale devrait croître de 1.9 milliard d’individus entre 2020 et 2050, et l’ensemble de cette augmentation devrait avoir lieu dans les marchés émergents et les pays en développement (hors Chine) – et dans toutes les régions en développement, mais surtout en Afrique et en Asie du Sud (Bhattacharya et al., 2022[54]).
Les crises concomitantes ont également amenuisé les leviers d’action traditionnels disponibles
Alors que le déficit de financement des ODD continue de se creuser, les options de politique monétaire et budgétaire ont été largement épuisées. Si la pandémie de COVID‑19 a contribué au creusement du déficit de financement des ODD, l’intervention internationale pour faire face à la crise, comprenant des dépenses publiques et mesures d’action publique exceptionnelles, a laissé peu de marge de manœuvre aux autorités des pays en développement pour financer les investissements et les dépenses liés aux ODD.
Les mesures de politique monétaire prises pour faire face à l’inflation dans les économies avancées ont entraîné un durcissement des conditions de financement accordées aux pays en développement. Le récent resserrement monétaire opéré par les économies avancées pour lutter contre l’inflation galopante pose des difficultés considérables aux pays en développement. Alors que le rendement des bons du Trésor américain à dix ans est passé de 1.5 % en décembre 2021 à 4.6 % à la fin de septembre 2023, les coûts d’emprunt ont augmenté pour tous les pays, mais les PFR se sont retrouvés exclus du marché obligataire. Dans le même temps, le nombre de pays de l’Association internationale de développement ayant émis des obligations souveraines sur les marchés obligataires internationaux est passé de sept en 2021 à zéro en 2023 (Properzi, 2023[55]). Entre 2021 et 2022, les encours d’obligations du secteur public ont diminué pour toutes les catégories de revenu (Graphique 1.9, partie A), chutant de 5.2 % dans les PRITS, de 2.7 % dans les PRITI et de 0.3 % dans les PFR.
Les fortes hausses des taux d’intérêt dans les pays en développement menacent de décourager les investissements dans le développement durable. Les hausses de taux d’intérêt aux États-Unis et dans d’autres économies avancées sont associées à une plus grande probabilité de crises financières dans les économies en développement (Arteta, Kamin et Ruch, 2022[56]). Ainsi, la possibilité d’une augmentation des intérêts perçus dans les économies avancées peut encourager les investisseurs sur les marchés financiers à réorienter les flux en retirant leurs investissements des pays en développement. Pour contrer ces risques, les banques centrales des pays en développement ont procédé à des hausses de taux encore plus rapides que celles des économies développées (Graphique 1.9, partie B). Toutefois, des taux d’intérêt élevés peuvent dissuader les investissements dans le développement durable, notamment dans les énergies renouvelables et dans les infrastructures résilientes face au changement climatique, mettant ainsi un coup d’arrêt aux progrès au regard des programmes d’action climatique et à l’horizon 2030.
Graphique 1.9. Le durcissement monétaire a réduit les financements disponibles pour les pays en développement
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Sources : Partie A : Calculs des auteurs sur la base de : Banque mondiale (2023[57]), Data Bank: International Debt Statistics (base de données), https://databank.worldbank.org/source/international-debt-statistics. Partie B : Banque des règlements internationaux (2024[58]), Central Bank Policy Rates (base de données), https://data.bis.org/topics/CBPOL.
En matière de politique budgétaire, les dépenses massives engagées pour lutter contre la pandémie de COVID‑19 ont épuisé les budgets publics. Fin 2020, les mesures de soutien budgétaire destinées à soutenir les systèmes de santé et à apporter une aide vitale aux ménages et entreprises vulnérables s’élevaient à 13 800 milliards USD à l’échelle mondiale (FMI, 2021[59]). La guerre menée par la Russie contre l’Ukraine et les catastrophes liées au changement climatique ont encore aggravé la situation, augmentant de facto la demande de dépenses publiques essentielles alors que les recettes diminuaient. En 2019, le déficit budgétaire des pays en développement a culminé à 5.3 % du PIB, avant de s’améliorer, reculant à 3.7 % en 2021 et à 3.1 % en 2022 (Graphique 1.10, partie A). Ces déficits peuvent mettre à rude épreuve les économies en développement, du fait qu’ils limitent leur capacité à investir dans les services et infrastructures essentiels et rendent plus difficile la réalisation des ODD (CNUCED, 2024[60]).
La dette extérieure des pays en développement augmente et devient de plus en plus coûteuse, les empêchant de réaliser des investissements cruciaux dans le développement durable. Avant même la pandémie, de nombreux pays étaient confrontés à des niveaux d’endettement de plus en plus élevés et à un service de la dette de plus en plus lourd. La pandémie ainsi que les conflits internationaux et les tensions géopolitiques ont aggravé cette situation, et les ratios d’endettement ont systématiquement dépassé 50 % depuis 2020. Entre 2015 et 2024, le nombre de pays en situation de surendettement est passé de 3 à 11, et le nombre de pays à risque élevé de surendettement est passé de 16 à 24 (Graphique 1.10, partie B). En 2023, un nombre record de 54 pays en développement, représentant 38 % du total, ont affecté 10 % ou plus de leurs recettes publiques au paiement d’intérêts (CNUCED, 2024[60]). Entre 2020 et le premier trimestre de 2024, dans les marchés émergents et les pays en développement, on a dénombré 224 révisions à la baisse des notes de crédit, contre seulement 105 révisions à la hausse. En 2023 et au premier trimestre de 2024, les PRE et les PRITS ont enregistré davantage de révisions à la hausse qu’à la baisse, tandis que les PFR et les PRITI ont enregistré plus de deux fois plus de révisions à la baisse qu’à la hausse (OCDE, 2025[61]). Dans de nombreux cas, l’accroissement du déficit budgétaire a également induit des dépréciations monétaires, qui ont augmenté le coût de la dette extérieure. La hausse des charges d’intérêts empêche d’engager des dépenses publiques essentielles, notamment dans les domaines de la santé et de l’éducation. Au total, 3.3 milliards de personnes vivent dans des pays qui dépensent davantage en charges d’intérêts que pour l’éducation ou la santé. En outre, les charges d’intérêts sont plus élevées que les investissements climatiques, ce qui ralentit les efforts d’adaptation au changement climatique et d’atténuation de ses effets (CNUCED, 2024[36]).
Graphique 1.10. Les dépenses consacrées à la lutte contre la pandémie et d’autres crises ont épuisé les budgets publics des pays en développement, plongeant certains d’entre eux dans une crise de la dette
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Sources : Partie A : Calculs des auteurs sur la base de : Fonds monétaire international (2024[62]), World Economic Outlook Database: October 2024 Edition, https://www.imf.org/en/Publications/WEO/weo-database/2024/October. Partie B : Banque mondiale (2024[63]), Debt Sustainability Analysis (DSA): Latest Publicly Available Debt Sustainability Analyses Under the Joint Bank-Fund Debt Sustainability Framework for Low Income Countries (LIC-DSF) (base de données), https://www.worldbank.org/en/programs/debt-toolkit/dsa.
1.3. Maintenir le cap vers les objectifs mondiaux
Copier le lien de 1.3. Maintenir le cap vers les objectifs mondiauxCompte tenu de la montée des tensions géoéconomiques et de l’augmentation des besoins de financement, il est primordial de trouver un équilibre durable entre ambition et faisabilité pour accélérer les progrès vers la réalisation des ODD. La recherche de cet équilibre exige une délicate pondération entre le souci de définir des objectifs ambitieux et la nécessité de les ancrer dans la réalité. Il est essentiel de maintenir ce cap afin d’éviter des conséquences négatives fortuites, en particulier face aux risques inhérents au découplage. Le découplage fait référence à une croissance qui produit des résultats économiques et sociaux positifs tout en prévenant les effets négatifs sur l’environnement qu’elle pourrait entraîner, par exemple en réduisant les émissions de dioxyde de carbone. L’un des risques inhérents au découplage réside dans la répartition inégale des avantages qui en découlent, dont pâtissent en premier lieu les populations les plus pauvres et les plus vulnérables.
Dans un contexte d’écart croissant entre les besoins et les financements, tant les pays développés que les pays en développement doivent prendre des mesures pour atteindre les objectifs du Programme à l’horizon 2030 et de l’Accord de Paris. L’inaction aura des conséquences de grande ampleur et coûteuses sur le plan économique, social et environnemental. Cependant, les pays en développement n’ont pas la capacité de supporter les coûts des investissements initiaux nécessaires à la réalisation des ODD et à la transition climatique. Assurer la cohérence des politiques, entre les secteurs et les niveaux de gouvernance, au service du développement durable sera primordial pour harmoniser les efforts, amplifier l’impact des investissements et éviter l’adoption de dispositions contradictoires qui entraveraient toute progression. Agir rapidement pour combler les déficits de financement auxquels les pays sont confrontés sera un enjeu décisif si l’on veut éviter une escalade des coûts à l’avenir.
Il convient de mettre fin aux cercles vicieux
Si le déficit de financement n’est pas comblé dans l’ensemble des secteurs visés par les ODD, des « cercles vicieux » risquent d’émerger, exacerbant les défis existants. Ne pas suffisamment investir dans la réalisation de l’ODD 16 (paix, justice et institutions efficaces) par exemple conduira à une aggravation des conflits et de l’instabilité, qui aura un effet dissuasif sur l’investissement intérieur et étranger. Cette dynamique perpétuera le cycle de la pauvreté, affaiblira la gouvernance et privera de ressources des secteurs pourtant essentiels. Les coûts macroéconomiques d’un conflit sont généralement très élevés et continuent de peser pendant des années, le PIB par habitant étant amputé d’environ 28 % dix ans après la survenue du conflit (Novta et Pugacheva, 2021[64]). De même, négliger l’ODD 4 (éducation de qualité) conduit à une érosion du capital humain, dont la productivité et la croissance économique font les frais, tout en obérant la capacité des générations futures de relever les défis qui se font jour. L’UNESCO (2024[65]) estime le coût annuel de l’inaction en matière d’éducation à l’échelle mondiale à 10 000 milliards USD, un chiffre éloquent qui en dit long sur l’impact économique profond des déficits de compétences dans le monde. Les restrictions et obstacles aux échanges, qui vont à l’encontre de la réalisation de l’ODD 17 (partenariats pour la réalisation des objectifs), entravent la diversification économique, limitent l’accès des pays en développement aux marchés et exacerbent les inégalités au sein du système économique mondial. Les pressions économiques qui en résultent limitent encore la marge de manœuvre budgétaire dont disposent les pays pour investir dans le développement durable, ce qui amplifie les effets négatifs du changement climatique, des conflits et des déficits dans le domaine de l’éducation. Les investissements réalisés dans les pays en développement dans des secteurs essentiels comme l’électrification, l’eau et l’assainissement, les transports publics et l’éducation sont en revanche des investissements à long terme à haut rendement, d’une importance décisive pour améliorer les niveaux de vie et obtenir des retombées économiques excédant largement le coût du capital (Sachs et al., 2023[66]).
L’inaction face au changement climatique aura un coût économique et social considérable à l’avenir. Selon une étude de la Climate Policy Initiative, les coûts sociaux et économiques du scénario du statu quo se chiffreront à 1 270 milliards USD au moins de pertes supplémentaires liées au changement climatique par comparaison avec un scénario de réchauffement de 1.5°C (Buchner et al., 2023[48]). Ces pertes économiques résulteraient d’une diminution de 2.2 % du temps de travail à l’échelle mondiale d’ici à 2030, dont le coût pour l’économie mondiale ressortirait à 2 400 milliards USD (Kjellstrom et al., 2019[67]), ainsi que des catastrophes liées au climat, comme les ouragans, inondations et incendies qui ont déjà coûté 299 milliards USD pour la seule année 2022 (Aon, 2023[68]). Les effets du changement climatique auront également un coût social, sous la forme de 250 000 décès supplémentaires par an dans le monde entre 2030 et 2050, dus uniquement à la malnutrition, au paludisme, aux diarrhées et au stress thermique (OMS, 2024[69]).
Les coûts présumés de l’inaction dépasseront largement les investissements initiaux nécessaires pour opérer une transition vers un modèle de développement plus durable. Investir est donc essentiel. Il ressort des scénarios climatiques établis par le Réseau des banques centrales et des superviseurs pour le verdissement du système financier, lequel réunit 127 banques centrales et superviseurs financiers travaillant sur la gestion des risques climatiques et les mesures visant à stimuler l’investissement vert, qu’une transition ordonnée vers la neutralité carbone d’ici à 2050 pourrait donner un PIB mondial supérieur de 7 % à ce qu’il serait en cas de maintien des politiques actuelles (Graphique 1.11, Partie A) (NGFS, 2024[70]).
Investir dans la transition climatique contribuerait non seulement à éviter des pertes, mais aussi à créer de nouvelles opportunités commerciales au niveau local dans les pays en développement, lesquelles seraient un atout pour la croissance à long terme. La mobilisation des investissements nécessaires pour assurer la transition vers des énergies propres remodèlerait l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement en énergies propres, qui comprend les fabricants d’équipements, les prestataires de services, l’ingénierie et le développement, la passation de marchés et les entreprises de construction. Selon l’Agence internationale de l’énergie, les débouchés commerciaux pour les fabricants d’éoliennes, de panneaux solaires, de batteries lithium-ion, d’électrolyseurs et de piles à combustible représenteraient au total 27 000 milliards USD si le monde s’engageait sur la voie de la neutralité carbone d’ici à 2050 (2021[71]). Une telle évolution serait également très bénéfique pour les industries locales des pays en développement qui possèdent les ressources naturelles nécessaires à la transition climatique. Néanmoins, comme cela a été souligné lors des récentes discussions qui ont eu lieu dans le cadre de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement, il sera crucial que les pays en développement s’attachent à renforcer leurs capacités locales, réussissent à accéder aux technologies et appliquent les normes industrielles obligatoires pour pouvoir bénéficier des avantages de l’industrialisation verte.
La transition énergétique pourrait fortement stimuler la demande de ressources minérales et de métaux en provenance des pays en développement. Les technologies renouvelables comme les systèmes de stockage sur batterie, l’hydrogène bas carbone, les panneaux solaires et les éoliennes, de même que l’indispensable développement des infrastructures de transport, sont tributaires des ressources minérales et des métaux. Il est estimé que cette hausse de la demande de ressources minérales exigera 1 700 milliards USD d’investissements miniers au niveau mondial (Groupe de la Banque mondiale, 2022[72]). Or, une grande partie de ces ressources se trouvent dans des pays en développement. Plus des deux tiers des réserves mondiales connues de lithium se situent, par exemple, dans la région surnommée le triangle du lithium, triangle formé par l’Argentine, la Bolivie et le Chili. La République démocratique du Congo possède les réserves de cobalt les plus importantes du monde tandis que les réserves de bauxite sont principalement concentrées sur les territoires du Brésil, de la Guinée, de l’Indonésie et de la Jamaïque (Groupe de la Banque mondiale, 2022[72]). Attirer des investissements vers l’exploitation de ces ressources minérales critiques pourrait contribuer à la croissance économique, à l’emploi et au développement local dans ces pays. Parallèlement, comme souligné dans l’avant-projet de document final de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement (Nations Unies, 2025[73]), les partenariats mondiaux et la collaboration régionale, l’intensification des négociations et l’amélioration de l’équité des marchés ainsi que la promotion de pratiques durables dans le secteur des produits de base, au moyen de financements novateurs et de la fourniture d’une assistance technique, sont des facteurs essentiels pour assurer une exploitation des ressources minérales critiques qui soit responsable sur le plan environnemental et social et qui profite aux communautés locales, tout en évitant les impacts négatifs qui pourraient en résulter (OCDE et al., 2024[74] ; Nations Unies, 2025[73]).
Les pays en développement subissent, plus les autres, les effets du changement climatique et ce sont eux qui bénéficieraient le plus d’une transition ordonnée. Les PMA sont particulièrement vulnérables face aux effets du changement climatique. Bien qu’ils n’aient contribué qu’à environ 1 % des émissions mondiales, ils sont cinq fois plus exposés aux aléas d’origine climatique que dans les années 70 (CNUCED, 2022[75]). Trente-huit PMA et autres PFR – contre seulement six PRITI, cinq PRITS et aucune économie avancée – ont une vulnérabilité climatique supérieure à 0.5 (Graphique 1.11, Partie B). Les catastrophes coûtent dix fois plus cher (en pourcentage de leur PIB) aux économies des PMA qu’à celles des pays les plus riches (Nations Unies, 2022[76]). Indépendamment des pertes économiques, les coûts humains et sociaux de ces catastrophes sont démesurément élevés pour les PMA. Ces cinquante dernières années, près de 70 % des décès causés par des catastrophes liées au climat ont été enregistrés dans des PMA (OMM, 2021[77]).
D’autres effets du changement climatique, comme l’appauvrissement de la biodiversité, sont plus difficiles à quantifier, mais renforcent l’argument en faveur de l’investissement dans le développement durable. La Banque mondiale prévoit que les pertes de PIB imputables à la perte de services écosystémiques tels que la pollinisation et la fourniture de ressources ligneuses et marines pourraient atteindre 225 milliards USD d’ici à 2030 (Johnson et al., 2021[78]). Il ressort de la Dasgupta Review of the economics of biodiversity qu’environ la moitié du PIB mondial dépend directement de la nature, et que les dommages qui lui sont causés coûtent à l’économie mondiale environ 2 700 milliards USD par an (Dasgupta, 2021[79]). En raison des écarts importants entre ces estimations et de l’incertitude qui les entoure, celles-ci sont souvent exclues de la plupart des projections portant sur le coût de l’inaction. Elles indiquent néanmoins que l’absence d’investissements en temps voulu dans la préservation de la biodiversité alourdira considérablement le fardeau qui pèse sur l’économie mondiale.
Graphique 1.11. Combler dès maintenant le déficit de financement du développement durable permettrait d’éviter des pertes et des préjudices
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Source : Partie A : Calculs des auteurs fondés sur le modèle GCAM d’une transition ordonnée vers la neutralité carbone publiés par le NGFS (2024[70]), ND-GAIN Country Index, Vulnerability and Readiness (base de données), https://www.ngfs.net/ngfs-scenarios-portal/. Partie B : Calculs des auteurs d’après Notre Dame Global Adaptation Initiative (2022[80]), ND-GAIN Country Index, Vulnerability and Readiness (base de données), https://gain.nd.edu/our-work/country-index/rankings/.
La réussite de la transition mondiale vers la durabilité dépendra en grande partie de l’offre de solutions de financement adaptées aux besoins des pays en développement. Bien qu’ils détiennent une part essentielle des ressources ainsi que des services écosystémiques d’une importance vitale pour l’économie mondiale, les pays en développement sont souvent confrontés à d’importantes contraintes financières – niveaux d’endettement élevés, marge de manœuvre budgétaire limitée et plus grande vulnérabilité aux chocs économiques – qui rendent les coûts initiaux de la transition financièrement inabordables pour eux sans soutien extérieur. Pour compenser ce handicap, il faudra mobiliser des ressources, notamment des recettes publiques et des financements publics à l’appui du développement (FPD), et proposer des mécanismes de financement novateurs. La quatrième Conférence sur le financement du développement prévue en 2025 offre une occasion de mettre au point des solutions à l’appui d’une transition véritablement inclusive dont aucun pays ne soit exclu.
L’affectation au financement des ODD de milliers de milliards de dollars peut être accélérée.
Au-delà de la rupture des cercles vicieux aggravant le déficit de financement des ODD, d’autres opportunités existent pour accélérer l’alignement des flux financiers en vue d’une répartition plus équitable, propre à offrir des solutions face aux vulnérabilités et aux besoins de financement. Les organisations du secteur privé jouent un rôle croissant dans la gestion des problématiques environnementales et sociales et des problèmes de gouvernance, qu’elles assimilent à des risques financiers (Nations Unies, 2025[73]). Cependant, l’accélération de l’alignement du système financier mondial sur les objectifs mondiaux exigera un redéploiement des incitations tout au long de la chaîne d’investissement. Il est possible de le faire, notamment en réorientant une partie des actifs et des flux financiers mondiaux vers le soutien à des stratégies de mobilisation des ressources, dans des proportions et à un rythme suffisant pour permettre de relever des défis de dimension planétaire.
Les éléments tirés de l’exercice de suivi conduit par l’OCDE, présentés dans les chapitres suivants, suggèrent d’autres pistes pour faire converger les différentes sources de financement du développement durable. L’exercice a permis d’examiner les progrès accomplis au regard de plus de 70 cibles des ODD ainsi que de nombreux autres indicateurs indirects pertinents au regard des domaines d’intervention relevant du Programme d’action d’Addis-Abeba. L’objectif était de contribuer au mécanisme actuel de suivi du financement du développement, notamment au Groupe de réflexion interinstitutions sur le financement du développement (dont l’OCDE est membre), qui est piloté par les Nations Unies et dont la principale réalisation, en termes de suivi, est le rapport annuel sur le financement du développement durable.
Le système financier mondial dispose d’importantes ressources qui, si elles étaient mieux orientées vers la lutte contre les vulnérabilités, pourraient permettre de réduire sensiblement les déficits de financement des ODD et des objectifs climatiques. Les actifs financiers mondiaux représentent au total 461 000 milliards USD, ce qui atteste sans équivoque que les fonds nécessaires à l’appui du développement durable existent (Graphique 1.12). Néanmoins, l’inadéquation de la répartition des ressources, le coût élevé du service de la dette et d’autres sources de déperdition des moyens financiers à disposition limitent l’efficacité de leur utilisation pour couvrir les besoins de financement des ODD (OCDE, 2022[26]).
Il est essentiel de repenser les incitations qui existent au sein du système financier mondial afin d’accélérer la convergence des ressources vers une transition durable et équitable. Les cadres réglementaires et les incitations financières en vigueur sont souvent en décalage avec les réalités de la transition qui doit être menée à bien, de sorte que les gains à court terme sont privilégiés tandis que subsistent, dans certains cas, des pratiques dommageables comme les subventions aux combustibles fossiles. Des appels à la réduction de ces subventions ont été lancés à de multiples reprises. Les pays du G7, par exemple, se sont engagés à éliminer progressivement les subventions inefficaces aux combustibles fossiles d’ici à 2025. L’ODD 12 et la cible 12.c.1 portent sur l’amélioration de l’efficacité des politiques de rationalisation de ces subventions. Malgré cela, le montant des subventions explicites à l’échelle mondiale a été porté à 1 530 milliards USD en 2022, soit cinq fois plus qu’en 2020, de quoi réduire à néant les progrès accomplis en matière de transition vers la neutralité carbone (Nations Unies, 2024[81]). Lors de la COP 29, les pays ont réaffirmé leur engagement à éliminer progressivement les subventions inefficaces aux combustibles fossiles, sans toutefois établir concrètement de calendrier, ni signer d’accords contraignants, ce qui témoigne de la persistance des difficultés à réaliser des progrès notables sur ce sujet. Il sera primordial de veiller à la cohérence des politiques des différents ministères de façon à harmoniser les efforts, à réduire le plus possible les retombées négatives au-delà des frontières nationales et à affirmer le caractère de plus en plus urgent des réformes. À l’approche de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement, l’occasion s’offre aux pays d’examiner et de mettre en œuvre des solutions pour orienter les efforts engagés vers une refonte des incitations financières qui serve une transition juste et inclusive vers le développement durable et la résilience climatique.
Des ajustements de la réglementation s’imposent, mais n’ont pas encore été pleinement mis en œuvre par les pouvoirs publics. Il est fréquent d’observer, dans les réglementations en vigueur, un retard dans l’alignement des incitations sur les ODD, notamment en ce qui concerne les subventions, les taxonomies et les rapports sur la durabilité. L’absence de cadres mondiaux normalisés définissant des taxonomies relatives à la durabilité a, par exemple, entraîné une fragmentation des marchés, sapant ainsi la confiance des investisseurs et ralentissant l’alignement des investissements sur les priorités des ODD. De même, les progrès limités accomplis dans l’intégration de la double matérialité dans les rapports sur la durabilité sont à l’origine de lacunes sur le plan de la compréhension des impacts sociaux et environnementaux, de plus large portée, des activités du secteur privé. Des avancées ont été réalisées, se concrétisant par l’adoption de réglementations sur la conduite responsable des entreprises et de normes d’approvisionnement durable et de qualité des investissements au niveau de l’Union européenne par exemple, ou par la création du réseau Blue Dot et autres initiatives. L’avant-projet de document final de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement met l’accent sur l’amélioration des cadres régissant la divulgation d’informations relatives à la double matérialité et la normalisation des critères de classification des fonds pour les ODD afin de prévenir l’écoblanchiment et de créer une taxonomie mondiale du financement des ODD (Nations Unies, 2025[73]). Ces mesures pourraient donner un nouveau visage à la gouvernance financière et à la gouvernance d’entreprise et favoriser des stratégies d’investissement efficaces, transparentes et durables.
La stabilité et la viabilité du système financier reposent sur une réglementation financière solide et adaptable. Bien que des progrès significatifs aient été accomplis en matière de réglementation bancaire depuis la crise financière de 2009, la réglementation applicable au secteur financier non bancaire reste inadéquate et comporte des lacunes face aux risques systémiques. La mauvaise évaluation des risques dans les cadres réglementaires financiers actuels tels que ceux utilisés au niveau international pour la pondération des risques (par exemple Bâle III) renchérit le coût des emprunts destinés à financer les investissements dans les ODD, en particulier dans les PMA (Nations Unies, 2025[73]). En outre, la durabilité environnementale est très peu prise en compte dans la réglementation financière, et la divulgation d’informations relatives aux risques climatiques de même que les plans de transition sont des dispositifs relativement nouveaux. Les agences de notation de crédit, qui jouent un rôle central dans la détermination des coûts d’emprunt, n’offrent pas une transparence suffisante, ni un alignement à long terme satisfaisant sur les objectifs en matière de durabilité.
Parmi les propositions avancées à l’approche de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement pour faire face à ces défis, il est proposé de réexaminer et de modifier les cadres de pondération des risques adoptés au niveau international. L’objectif est de garantir que les évaluations soient précises et prennent notamment en compte les facteurs de durabilité, ainsi que de réduire la dépendance excessive à l’égard des notes de crédit. L’adoption d’un cadre réglementaire prudentiel adapté aux PMA et aux marchés peu développés est envisagée, de même que l’adoption de systèmes de notation de crédit fondés sur des modèles, s’inscrivant dans la durée et plus transparents (Nations Unies, 2025[73]). Un dialogue régulier entre les autorités de réglementation, les agences de notation et les parties prenantes est un moyen de s’assurer que des mesures appropriées seront prises durant les opérations d’échange et de restructuration de dette. L’intégration de plans de transition climatique, la soumission de ces plans à de tests de résistance et l’étude de la possibilité de conclure des accords mondiaux sur la gestion des mouvements de capitaux et d’adopter une réglementation applicable à la gestion d’actifs peuvent contribuer à créer un système financier plus résilient et plus en phase avec la durabilité.
Les actifs financiers mondiaux sont principalement détenus par le secteur privé, qui privilégie généralement le rendement au détriment de l’impact sur le développement. Les institutions financières non bancaires en détiennent la plus grande part (47 %), suivies des banques (40 %) et, dans une bien moindre mesure, des banques centrales et des institutions financières publiques (Graphique 1.12). L’alignement de ces apports financiers privés, qui représentent des montants considérables, sur les ODD reste limité, car le secteur privé privilégie généralement le rendement à l’impact sur le développement. Dans ce contexte, bien que détenant une part bien moindre des actifs, les institutions financières publiques, jouent un rôle essentiel de catalyseur des investissements durables et de soutien aux biens publics. C’est pourquoi, il est primordial de renforcer la collaboration entre les secteurs public et privé afin de créer de véritables synergies entre rentabilité et impact social positif. Les organisations de la société civile plaident en faveur d’un examen plus approfondi de l’impact sur le développement des partenariats public-privé, du financement mixte et d’autres instruments de financement privé, dans le but de s’assurer que les instruments de financement privé contribuent de manière significative au développement durable, à l’action climatique, à l’égalité des genres, à la stabilité budgétaire, à la défense des droits du travail et aux objectifs sociaux de façon plus générale (Civil Society Financing for Development Mechanism, 2024[82]). La quatrième Conférence internationale sur le financement du développement offre une occasion unique de mettre en avant la nécessiter d’orienter les financements mixtes et les investissements institutionnels vers des projets aux impacts mesurables en matière de durabilité, en normalisant les instruments, en créant des réserves de capitaux à effet catalyseur et en améliorant les données et les indicateurs d’impact afin d’obtenir des résultats significatifs en matière de développement (Nations Unies, 2025[73]).
Graphique 1.12. Accélérer l’affectation des ressources au financement des ODD
Copier le lien de Graphique 1.12. Accélérer l’affectation des ressources au financement des ODD
Note : IFNB = institutions financières non bancaires La part des pays en développement dans la population mondiale est calculée selon la définition des pays en développement de la Banque mondiale. La part de l’APD allouée aux PMA est établie à partir des chiffres de 2022 relatifs aux versements nets, aux prix constants de 2022 et selon la méthode de l’équivalent-don. Tous les chiffres sont établis à partir des données de 2022, à l’exception de ceux relatifs aux charges d’intérêts nettes sur la dette publique des pays en développement, qui reposent sur des données de 2023, et des chiffres relatifs aux flux mondiaux d’IDE, reposant sur des données du premier semestre 2024.
Source : Pour les actifs financiers mondiaux (hors encours de dette) : données du Conseil de stabilité financière (2023[83]), Global Monitoring Report on Non-Bank Financial Intermediation, https://www.fsb.org/2023/12/global-monitoring-report-on-non-bank-financial-intermediation-2023/. Pour l’encours de dette : Fonds monétaire international (2023[84]), 2023 Global Debt Monitor, https://www.imf.org/-/media/Files/Conferences/2023/2023-09-2023-global-debt-monitor.ashx. Pour les chiffres des recettes publiques mondiales, données du FMI sur les recettes publiques ; CNUCED (2024[36]), Un monde de dette 2024 - Une entrave de plus en plus grande à la prospérité mondiale, https://unctad.org/fr/publication/un-monde-de-dettes ; OCDE (2024[85]), Rapport sur la dette mondiale 2024 - Les marchés obligataires dans un contexte de dette élevée, https://www.oecd.org/fr/publications/rapport-sur-la-dette-mondiale-2024_63ccad6c-fr.html. Pour les chiffres de la formation brute de capital fixe mondiale : données de la Banque mondiale (2024[86]), Formation brute de capital fixe (en USD courants) (base de données), https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/NE.GDI.FTOT.CD ; OCDE (2024[38]) , « FDI in figures, octobre 2024 », https://www.oecd.org/en/publications/fdi-in-figures-october-2024_fcdc2fb2-en.html. Pour les chiffres des échanges mondiaux : Organisation mondiale du commerce (2023[87]), Evolution of Trade Under the WTO : Handy Statistics, https://www.wto.org/english/res_e/statis_e/trade_evolution_e/evolution_trade_wto_e.htm ; ONU (2024[88]), À propos des pays les moins avancés (page web), https://www.un.org/ohrlls/fr/content/%C3%A0-propos-des-pays-les-moins-avanc%C3%A9s. Pour les flux financiers illicites : Gravelle (2022[89]), Tax Havens: International Tax Avoidance and Evasion, https://crsreports.congress.gov/product/details?prodcode=R40623. Pour les envois de fonds : Banque mondiale (2024[90]), Indicateurs du développement dans le monde, https://donnees.banquemondiale.org/theme/secteur-financier?view=chart. Pour les chiffres relatifs aux FPD : OCDE (2024[30]), Explorateurs de données de l’OCDE, Tableau CAD 1 : Flux par fournisseur (APD+AASP+privé) (ensemble de données), http://data-explorer.oecd.org/s/9w ; OCDE (2024[91]), « Intégrer l’action climatique dans le financement du développement », https://doi.org/10.1787/41d16c83-en.
Bien qu’il s’agisse d’une source essentielle de capitaux pour les projets liés aux ODD, les flux mondiaux d’IDE se chiffrent actuellement à 800 milliards USD seulement (OCDE, 2024[38]). La formation brute de capital fixe (FBCF) et l’IDE sont des piliers indispensables pour stimuler la croissance économique, en particulier dans les pays en développement où les besoins en infrastructures et en capacités de production sont importants. La FBCF, qui représente les investissements dans des actifs à long terme tels que les infrastructures et les machines et les bâtiments, indique la part du capital qui est consacrée à la construction des fondations économiques d’un pays. En orientant stratégiquement l’IDE vers des secteurs qui permettent d’accroître la FBCF dans les secteurs verts et liés aux ODD, les pays peuvent renforcer la résilience, soutenir l’action climatique et favoriser la croissance économique à long terme. La FBCF s’est chiffrée à 26 000 milliards USD en 2022, en partie grâce à l’IDE, qui, à hauteur de 800 milliards USD, a représenté un afflux de capitaux essentiel (Graphique 1.12). L’IDE joue également un rôle crucial et complémentaire au sens où il permet d’accroître la FBCF dans les pays en développement en leur procurant les fonds nécessaires au développement d’infrastructures, de technologies et d’industries durables, dont les marchés financiers locaux ne pourraient peut-être pas suffire à assurer le financement. Les PMA auraient reçu 280 milliards USD d’entrées d’IDE entre 2015 et 2023 – soit 40 milliards USD de plus au total – si celles-ci avaient augmenté au même rythme (17 %) que vers d’autres pays en développement au cours de la même période. Comme indiqué dans la section 1.2, les flux d’IDE à destination des PMA n’ont pas enregistré un rebond dans les mêmes proportions après la crise du COVID-19 que ceux dirigés vers d’autres pays en développement et ce, en raison des répercussions disproportionnées des crises alimentaire et énergétique, ainsi que des autres chocs mondiaux successifs qui ont affecté plus durement ces pays (CNUCED, 2023[92]). Parmi les propositions formulées dans la perspective de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement, figurent l’intensification et l’amélioration de la qualité de l’IDE dans les pays en développement au moyen d’initiatives ciblées telles que la mesure des contributions de l’IDE aux ODD (c’est-à-dire la qualité de l’IDE), la création d’un centre de soutien à l’investissement à destination des PMA et la mise en place d’un mécanisme de financement des infrastructures pour les pays en développement privés d’accès à la mer (Nations Unies, 2024[93]).
La réduction des déperditions de ressources financières est un autre moyen de débloquer davantage de financements à l’appui du développement durable. Les envois de fonds, estimés à 500 milliards USD, en sont un exemple. Ils constituent un levier essentiel pour le développement des pays à faible revenu, mais leur potentiel est obéré par des frais de transfert qui demeurent élevés. Le Programme à l’horizon 2030 et le Programme d’action d’Addis-Abeba préconisent la réduction des coûts de transfert pour atteindre un objectif de 3 points de pourcentage, mais les coûts actuels restent plus de deux fois supérieurs à l’objectif et se sont chiffrés à 30 milliards USD au total en 2022. La réalisation de l’objectif aurait permis de mobiliser 20 milliards USD supplémentaires par an en faveur des ménages des pays en développement en 2022 (Chapitre 3). La quatrième Conférence internationale sur le financement du développement pourrait avoir pour objectif de ramener les coûts de transfert à 3 points de pourcentage d’ici à 2030, en s’appuyant sur les technologies numériques, l’intensification de la concurrence entre les opérateurs de transfert d’argent, et l’amélioration de la transparence sur les frais et à des cadres réglementaires proportionnés régissant les flux de ressources privées (Nations Unies, 2025[73]).
Les activités économiques criminelles et illicites constituent une autre source majeure de déperdition de ressources financières dans les pays en développement, et dans certains pays, les flux financiers illicites (FFI) peuvent excéder à la fois l’APD et les entrées d’IDE (Spanjers et Foss, 2015[94]). Bien qu’il n’existe pas de définition internationalement acceptée des FFI, on considère traditionnellement qu’ils englobent le blanchiment de capitaux, la corruption et la fraude fiscale auxquelles se livrent des entreprises internationales, ainsi que la manipulation des prix de transfert (OCDE, 2014[95]). Les FFI sont une menace pour les intérêts stratégiques, politiques et économiques des pays et sapent la confiance du public dans l’État et le système financier. Sur la période 2018-22, 22 pays ont pris part à une expérience pilote d’estimations des FFI. Confrontée à la difficulté de consolider ces estimations, en raison de données incomplètes et du risque de double comptage, la CNUCED s’est appuyée sur des informations tirées d’études pilotes pour tracer des orientations méthodologiques affinées sur le suivi des FFI (Chapitre 2) (CNUCED, 2024[96]). En ce qui concerne les FFI, il reste toutefois des défis majeurs à relever comme l’insuffisance des échanges d’informations, les limites à la capacité d’utiliser les données financières et la médiocrité des mesures de lutte contre la corruption et le blanchiment de capitaux. Le manque d’harmonisation des réglementations applicables aux prestataires de services professionnels (avocats, comptables, agents immobiliers, etc.) peut également favoriser ou faciliter les FFI. Les solutions proposées en vue de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement mettent l’accent sur la promotion de la transparence financière à l’échelle mondiale, reposant sur le renforcement de la coopération internationale, l’adoption, au niveau national, de réglementations applicables aux prestataires de services professionnels et la mise en œuvre de normes internationales de lutte contre la corruption. Il est également nécessaire d’améliorer les pratiques en matière de recouvrement d’avoirs, et de renforcer les mesures de lutte contre le blanchiment de capitaux, pour combattre les FFI et réduire les déperditions de ressources financières préjudiciables au soutien au développement durable.
Une part considérable des ressources financières est allouée aux encours de dettes publique et privée, qui s’élèvent à 235 000 milliards USD, ainsi qu’au coût du service de la dette dans les pays en développement, qui a atteint 847 000 milliards USD en 2023. La succession de chocs mondiaux, l’aggravation des vulnérabilités liées à l’endettement et l’étroitesse des marges de manœuvre budgétaires exacerbent les problèmes d’endettement des pays en développement, compromettant leur capacité à investir dans les ODD et la résilience climatique. Il est urgent de réussir à gérer plus efficacement le fardeau de la dette afin de libérer des capitaux pour financer les priorités de développement. L’avant-projet de document final publié en amont de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement comporte un appel à la création d’une architecture de la dette plus équitable dans le but de lever ces obstacles systémiques, y compris une recommandation visant à établir des principes approuvés à l’échelle mondiale pour des emprunts et des prêts responsables, ainsi que des outils de suivi de la mise en œuvre de ces principes à toutes les étapes du cycle de la dette. L’avant-projet met également l’accent sur la nécessité d’une plus grande transparence, la réponse envisagée étant un appel à créer, au niveau mondial, un registre centralisé des données sur la dette afin d’harmoniser la notification, de renforcer la confiance entre créanciers et emprunteurs et d’améliorer la prise de décisions (Nations Unies, 2025[73]).
Si elles sont mobilisées efficacement, les recettes publiques mondiales, estimées à 31 000 milliards USD, constituent une ressource essentielle à l’appui du financement des ODD. Le renforcement des mécanismes de recouvrement de l’impôt, en particulier dans les pays en développement, pourrait permettre d’accroître sensiblement les ressources publiques intérieures. D’après les estimations du Fonds monétaire international (FMI), les pays en développement à faible revenu pourraient relever leur ratio impôts/PIB de 9 points de pourcentage en moyenne en combinant réformes fiscales et institutionnelles (FMI, 2024[97]). Les PMA pourraient mobiliser 280 milliards USD de recettes fiscales supplémentaires par an en portant ce ratio à un niveau équivalent à celui des autres pays en développement (Chapitre 2). Pour y parvenir, il faudrait accroître les recettes fiscales, en privilégiant notamment les impôts sur les biens et services ainsi que sur le revenu des personnes physiques, qui s'avèrent les plus prometteurs à cet égard. Bien qu’il soit possible d’envisager, dans une certaine mesure, une augmentation des recettes tirées de l’impôt sur les bénéfices des sociétés, la marge de progression reste limitée au regard du montant des ressources nécessaires. Les propositions formulées dans la perspective de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement englobent un soutien à la mise en œuvre de la Solution reposant sur deux piliers du BEPS de l’OCDE et du G20, assorti d’une mention de l’importance de veiller à ce que les résultats qu’elle produira bénéficient aux pays en développement. Parmi les recommandations figurent celle de relever le taux de l’impôt minimum mondial sur les sociétés, prévu au titre du Pilier Deux, ainsi que celle d’apporter un soutien au renforcement des capacités afin d’aider les pays en développement à analyser et à mettre en œuvre ce cadre de manière efficace (Nations Unies, 2024[93]). Le renforcement du dispositif de la déclaration pays par pays et l’amélioration de la transparence sur la propriété grâce à la mise en place de registres mondiaux sont également des étapes déterminantes pour garantir la discipline fiscale. Ces mesures visent à instaurer un système fiscal international plus juste, en donnant aux pays en développement les moyens de préserver leurs bases d’imposition, et à mobiliser des recettes suffisantes pour investir dans le développement durable.
L’alignement des politiques commerciales sur les objectifs de durabilité offrirait aux pays en développement un levier déterminant pour renforcer leur résilience économique et mieux tirer parti des flux d’échanges mondiaux. Les échanges mondiaux de biens et de services, évalués à 25 000 milliards USD en 2022, constituent une composante essentielle des ressources financières publiques pouvant être mobilisées à l’appui du développement durable (Graphique 1.12). En intégrant le recours à des pratiques durables dans les accords commerciaux et les politiques nationales, les pays peuvent favoriser une croissance inclusive et assurer une stabilité économique à long terme. Les PMA représentent par exemple 14 % de la population mondiale, mais 1 % seulement des échanges mondiaux. Doubler leur part des échanges mondiaux en la portant à 2 % pourrait générer 230 milliards USD supplémentaires par an pour leurs économies, des ressources qui pourraient être utilisées pour lutter contre la pauvreté et diversifier l’économie (Chapitre 5). L’avant-projet rédigé dans le contexte de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement contient un appel à renforcer l’aide aux infrastructures commerciales et à la facilitation des échanges, l’objectif étant de doubler l’aide pour le commerce aux PMA d’ici à 2031 et d’affecter au moins 50 % de cette aide au renforcement des capacités de production (Nations Unies, 2025[73]). La Zone de libre-échange continentale africaine devrait par exemple faire augmenter les recettes tirées des échanges par les pays d’Afrique de 450 milliards USD d’ici à 2035, grâce à une hausse attendue de 81 % du commerce intra-africain. Ces exemples illustrent la contribution que des politiques commerciales convergentes peuvent apporter à l’avènement d’une croissance durable, en particulier lorsqu’elles ciblent les régions et les pays ayant les plus grands besoins.
Bien que les FPD provenant de fournisseurs bilatéraux et multilatéraux ne représentent que 300 milliards USD sur le montant total du financement des ODD, ils demeurent une ressource primordiale, en particulier pour les pays qui en ont le plus besoin. Même s’ils ne peuvent à eux seuls combler le déficit de financement, ils jouent un rôle capital dans des secteurs où l’investissement privé est limité, comme les régions en situation de fragilité ou à haut risque. Il s’avère indispensable de redoubler les engagements au titre de l’APD et d’améliorer l’efficacité de l’APD afin d’exercer un effet catalyseur sur les autres apports financiers et de garantir le financement du développement atteigne les plus vulnérables. Les membres du CAD auraient mobilisé 200 milliards USD supplémentaires en 2023 s’ils s’étaient mis d’accord sur l’objectif de consacrer 0.7 % de leur revenu national brut (RNB) à l’APD et l’avaient atteint. Sur la période 2015-22 cependant, l’APD allouée par les membres du CAD aux pays les plus vulnérables n’a pas progressé au même rythme que les apports totaux, puisqu’elle a augmenté de 28 % seulement alors que l’APD totale a augmenté de 48 % (Chapitre 4). Parmi les propositions avancées pour permettre de relever ces défis, figurent l’adoption de calendriers plus ambitieux pour la réalisation des objectifs d’APD ; le relèvement des engagements à l’égard des PMA, portés de 0.15-0.20 % actuellement à 0.20 % du RNB consacré à l’APD ; l’augmentation de la part de l’APD affectée au renforcement des capacités et des institutions essentielles dans les pays en développement (aide programmable par pays, soutien budgétaire, etc. ) ; et l’amélioration de la transparence et de la redevabilité pour tous les fournisseurs de coopération pour le développement, notamment les fournisseurs de coopération Sud-Sud et de coopération triangulaire (Nations Unies, 2025[73]).
Encourager la participation du secteur privé par le biais du financement mixte et mettre en place un suivi rigoureux pourrait faciliter un afflux d’investissements non négligeable vers des secteurs essentiels pour le développement durable. Des outils tels que le financement mixte, l’investissement à impact positif et les obligations vertes pourraient également attirer des investisseurs privés si les risques sont réduits par des garanties publiques partielles. Des mécanismes financiers novateurs et une intensification des effets catalyseurs de l’APD contribueraient également à libérer des ressources au profit d’investissements dans les ODD d’une importance cruciale, permettant une répartition plus équitable de la richesse mondiale à l’appui d’une croissance inclusive et durable. Néanmoins, pour que ces mécanismes aient un impact significatif, l’adoption d’un cadre réglementaire favorable et de mesures précises s’impose afin de garantir qu’ils contribuent réellement à l’atteinte de résultats liés aux ODD.
Les banques multilatérales de développement (BMD) peinent à accroître leurs capacités financières, à prendre en compte l’impact qu’ont leurs incitations sur le développement, et à élargir l’accès aux financements concessionnels. Dans le même temps, elles doivent s’accommoder d’une situation marquée par une coordination fragmentée et une hausse de la demande d’investissements durables et inclusifs. Les réformes en cours au sein des BMD visent à tripler le volume total des prêts d’ici à 2030 pour le porter à 400 milliards USD par an. Pourtant, même dans le scénario le plus optimiste, le montant des prêts supplémentaires accordés par les BMD serait de 40 milliards USD par an – soit nettement moins que l’objectif de 260 milliards USD supplémentaires par an fixé par le Groupe d’experts indépendants du G20 (OCDE, 2024[98]). Les propositions formulées, pour relever ces défis, dans l’avant-projet de document final de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement comprennent la mise en œuvre de réformes en matière d’adéquation des fonds propres, l’augmentation des financements concessionnels, la prise en compte de l’impact des incitations sur le développement durable, la multiplication des prêts en monnaie locale et le renforcement de la collaboration afin de rationaliser les opérations et d’optimiser la mobilisation des ressources (Nations Unies, 2025[73]).
Il est possible de mettre en évidence de nouveaux leviers pour favoriser la transition
La transition vers une économie mondiale durable et inclusive nécessite des efforts coordonnés et différenciés pour pouvoir actionner des leviers d’action intégrant les objectifs interdépendants que sont l’élimination de la pauvreté, la croissance économique et l’action climatique. Les actions entreprises doivent être adaptées aux capacités et aux besoins variés des pays, en fonction de leur stade de développement. Les PFR, dont les émissions et le PIB par habitant sont faibles, devraient se concentrer sur l’élimination de la pauvreté en investissant dans le capital humain, physique et financier. Les PRI, en particulier les PRITI, devraient donner la priorité à la croissance du revenu, tout en réduisant leur vulnérabilité et en tirant parti de synergies, par exemple en faisant baisser la pollution atmosphérique. Les pays à revenu élevé, qui sont responsables de la majeure partie des émissions mondiales, doivent non seulement œuvrer à l’atténuation du changement climatique, mais aussi gérer les coûts associés à la transition (Groupe de la Banque mondiale, 2024[99]).
De nouveaux leviers d’action peuvent favoriser l’obtention de bénéfices à long terme sur le plan de l’équité sociale, de la stabilité financière et de la durabilité. Le potentiel offert par les leviers traditionnels que sont les politiques monétaire et budgétaire a été, après la crise du COVID-19, largement épuisé. Pour éviter toute conséquence négative fortuite, en particulier lorsqu’il s’agit de faire face aux risques inhérents au découplage, les pouvoirs publics doivent recourir à une série de leviers économiques, notamment à la mise en place de nouveaux cadres réglementaires, de politiques de transition et d’instruments financiers équitables, afin d'ouvrir de nouvelles possibilités d’accroître les financements et les recettes et d’atteindre les objectifs mondiaux en matière de climat et de développement durable. Le Graphique 1.13 donne un aperçu de ces possibilités et des divers avantages qu’elles peuvent contribuer à procurer, comme la réforme des impôts et des subventions, la création de marchés (tels que le marché du carbone), le renforcement des cadres réglementaires, la valorisation des actifs naturels (comme les océans et la bioéconomie), ainsi que des politiques de transition juste. Ces avantages peuvent plus ou moins démultipliés en fonction des contextes nationaux.
Graphique 1.13. Nouveaux leviers pour la transition
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Note : CDN = contributions déterminées au niveau national ; INFF = cadres de financement nationaux intégrés ; JETPS = partenariats pour une transition énergétique juste.
Bien que difficile à mettre en œuvre, la remise en cause des subventions aux combustibles fossiles est un enjeu crucial pour tous les pays, même si le degré de priorité diffère selon le niveau de revenu des pays. Concilier les objectifs budgétaires et environnementaux et l’équité sociale est un défi pour tous les pays, quel que soit leur niveau de revenu. Lors de la COP 28, une coalition de nations appartenant à différents groupes de revenu s’est engagée à mettre fin aux subventions aux combustibles fossiles en promouvant la transparence, en levant les obstacles internationaux et en favorisant l’adoption de stratégies nationales d’élimination progressive des subventions tout en minimisant les fuites de carbone et en maintenant des règles du jeu équitables (Institut international du développement durable, 2024[100]). La réorientation des subventions accordées à des activités à forte intensité de carbone vers des projets dans le domaine des énergies renouvelables peut permettre de réduire sensiblement les émissions et favoriser l’émergence de trajectoires d’innovation verte. Dans les pays à faible revenu, les priorités sont souvent axées sur la réduction des perturbations sociales et économiques, en utilisant ces ressources pour élargir l’accès à l’énergie, financer les filets de protection sociale et favoriser un développement inclusif. Elles peuvent à cet effet être réorientées de façon à répondre à des besoins de développement urgents comme l’accès aux énergies propres, les infrastructures et la lutte contre la pauvreté. L’Indonésie, qui a progressivement restructuré ses subventions aux combustibles fossiles tout en investissant dans les énergies renouvelables, et en effectuant des transferts monétaires directs pour soutenir les populations vulnérables, représente un exemple remarquable à cet égard (OCDE, 2024[101]). L’efficacité des leviers d’action est conditionnée par l’existence de filets de protection sociale solides, d’une communication claire et d’un engagement des parties prenantes garant de l’acceptabilité politique et sociale (Alers et Jones, 2021[102]).
Les marchés du carbone peuvent constituer des leviers d’action supplémentaires, mais ils nécessitent une réforme en profondeur afin que les pays à faible revenu puissent en tirer avantage. Les résultats de la COP 29 sur les marchés du carbone ont révélé l’absence de garde-fous solides garantissant aux pays en développement un accès équitable à ces marchés et l’insuffisance des mesures de prévention contre l’écoblanchiment. Les pays en développement auront besoin d’un soutien pour que les échanges de crédits d’émission de carbone servent leurs objectifs de développement, que les règles de partage des recettes soient clarifiées et que les projets relatifs au marché du carbone soient intégrés dans les politiques économiques de portée plus large. Les partenaires au développement peuvent œuvrer au renforcement des capacités institutionnelles et techniques de ces pays afin d’assurer leur participation effective aux marchés du carbone, tout en distinguant le financement du carbone du financement climatique de manière à éviter les doubles emplois ou une mauvaise affectation des ressources (CNUCED, 2024[103]).
L’économie maritime ou l’économie bleue ouvre de larges perspectives pour la promotion du développement durable, en particulier dans les PFR et les PEID où les secteurs d’activité liés à la mer sont des piliers essentiels de l’économie (OCDE, 2024[104]). Les PFR sont dépendants des secteurs d’activité liés aux océans, qui représentent plus de 11 % de leur PIB, un pourcentage bien supérieur à celui des pays de l’OCDE, où ils ne contribuent au PIB qu’à hauteur de 2 %. Le tourisme par exemple, y compris le tourisme marin et côtier, est une composante essentielle des moyens de subsistance et de la résilience économique au Cabo Verde, aux Seychelles et aux Maldives, où il génère plus de 50 % du PIB. En 2022, l’APD allouée à l’économie maritime s’est certes chiffrée à 3.5 milliards USD au total, soit une hausse de 45 % par rapport à 2021, mais elle ne représentait toutefois encore que 1 % de l’APD totale (OCDE, 2024[104]). Sur ce total, 2.4 milliards USD (69 %) ont été consacrés à l’amélioration de la durabilité dans les secteurs de l’économie maritime ou à la préservation des ressources océaniques. Ces investissements attestent que l’économie bleue recèle un potentiel susceptible d’être mis à profit pour favoriser une croissance inclusive et réagir face aux défis environnementaux, à condition que les politiques et les mécanismes financiers restent en phase avec les objectifs de durabilité et de résilience.
Si les bons leviers d’action sont en place, la bioéconomie ouvre des perspectives à tous les pays, mais offre un potentiel de transformation particulièrement important aux PFR et aux PRI. Le terme de bioéconomie renvoie à l’exploitation de ressources biologiques renouvelables pour atténuer la dépendance à l’égard des énergies fossiles, réduire les émissions de gaz à effet de serre et optimiser l’efficacité de l’utilisation des ressources (OCDE, 2018[105]). Quel que soit leur niveau de revenu, tous les pays doivent collaborer pour faire en sorte que la biomasse soit utilisée de manière durable et selon des modalités permettant de concilier les objectifs environnementaux, économiques et sociaux. Des leviers tels que la suppression des subventions aux combustibles fossiles et la mise en œuvre d’incitations financières comme les taxes carbone peuvent être des moyens d’accroître la compétitivité des bioproduits (OCDE, 2018[105]). La concrétisation de projets de production de biogaz à petite échelle dans des PFR, comme ceux menés au Kenya par exemple, montrent comment produire une énergie renouvelable à partir de déchets agricoles et ménagers, améliorer la gestion des déchets et réduire la déforestation (Forum économique mondial, 2024[106]). Les PRI, dont le Brésil, ont réussi, en fabriquant de l’éthanol à partir de la canne à sucre, à créer des emplois, à réduire leurs émissions et à générer des crédits d’émission de carbone (Forum économique mondial, 2024[106]).
Engager une action durable et inclusive à l’échelle mondiale, indépendamment du niveau de revenu des pays, peut aussi passer par l’instauration de prélèvements de solidarité visant à mobiliser des ressources nouvelles et significatives au service des objectifs visés en termes de climat et de développement. Le Groupe de travail sur les contributions de solidarité mondiale (2024[107]), par exemple, attire l’attention, dans un rapport d’étape rendu public à l’occasion de la COP 29, sur les diverses solutions envisageables pour soumettre à des taxes les secteurs à fortes émissions et à forte intensité de ressources. Parmi les options présentées, figurent des prélèvements de solidarité sur les combustibles fossiles, le transport aérien, le transport maritime, la tarification du carbone et les transactions financières, ainsi qu’une taxe sur l’extraction des combustibles fossiles et une taxe sur les transactions financières pouvant permettre de lever entre 156 et 260 milliards EUR par an, dont une part importante serait allouée aux pays en développement. Les pays à revenu élevé sont encouragés à montrer la voie en instituant des incitations du côté de la demande, notamment des assignations en matière de passation de marchés publics. En 2022, 92 % des pays de l’OCDE interrogés (35 sur 38) ont déclaré avoir adopté une politique ou un cadre d’action national pour une transition verte, et 29 ont indiqué faire référence dans leurs engagements environnementaux nationaux à une politique de ce type ou aux règles de passation des marchés publics comme à un outil au service d’objectifs de durabilité (OCDE, 2024[108]). Dans le même temps, les PRI peuvent privilégier la collaboration industrielle et les PFR intégrer dans leurs stratégies nationales des projets de carbone renouvelable rendus possibles par des financements concessionnels et des transferts de technologie.
La dette peut être un levier d’action puissant à l’appui du développement lorsqu’elle est au service des ODD et lorsqu’une utilisation efficace des ressources et un retour sur investissement élevé sont assurés. À l’approche de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement, diverses propositions ont déjà été élaborées pour faire face à la crise de la dette tout en favorisant une croissance durable et inclusive (Nations Unies, 2024[93]). La multiplication et la simplification des échanges dette-climat et dette-nature pourraient permettre de diriger des ressources vers le développement durable et de réduire en outre les coûts de transaction. Des solutions novatrices, comme la conversion de dettes en mesures en faveur de l’action climatique et de la nature, pourraient contribuer au redéploiement d’une dette estimée à 100 milliards USD au profit de la restauration de la nature et de l’adaptation au changement climatique dans les pays en développement. Les clauses sur la résilience climatique dans les contrats de dette, qui permettent de suspendre temporairement ou de restructurer les paiements en cas de catastrophe liée au climat, sont de plus en plus souvent intégrées dans les instruments financiers, ce qui procure aux nations vulnérables une marge de manœuvre budgétaire dont elles ont grandement besoin. En outre, jusqu’à 80 milliards USD pourraient être débloqués grâce à la réorientation, via les BMD, de droits de tirage spéciaux au profit d’un accroissement des investissements dans la résilience climatique et le développement durable. Le Chapitre 6 sur la dette et la viabilité de la dette fait état d’inconvénients que présentent ces dispositifs ainsi que d’autres considérations les concernant. Parmi les propositions complémentaires, figure un appel à mettre en place un nouveau mécanisme de coordination pour le soutien à la liquidité, l’assistance technique et les conseils juridiques dispensés aux nations débitrices, destiné à leur permettre de gérer leur dette dans la durée sans risquer le défaut de paiement. La réforme du Cadre commun du G20 a pour objet d’assurer l’adoption de résolutions plus justes et plus efficaces en élargissant l’éligibilité, en érigeant en norme la suspension du service de la dette pendant les négociations et en raccourcissant les délais de traitement de la dette. Les administrations nationales et les groupes de défense des intérêts des créanciers réclament également des réformes législatives au niveau national pour pouvoir prévenir les perturbations causées par les créanciers récalcitrants et perfectionner les contrats de prêt. Par ailleurs, certains appellent de leurs vœux une mise à jour des évaluations relatives à la viabilité de la dette, tenant compte des dépenses nécessaires pour atteindre les ODD, des risques climatiques et des effets à long terme des investissements durables sur la croissance, qui constituerait le socle de stratégies d’endettement conformes aux objectifs de développement et de résilience.
Enfin, il est primordial de renforcer, dans les pays à faible revenu, des stratégies de financement du développement que ces pays puissent s’approprier afin de placer la coopération internationale et les flux financiers mondiaux sous le signe d’une transition juste. Les stratégies de financement des ODD et de financement climatique pilotées par les pays, comme les cadres de financement nationaux intégrés (CNFI), les contributions déterminées au niveau national (CDN) et les partenariats pour une transition énergétique juste (JETP), jouent un rôle essentiel pour la prise en compte des ODD dans la planification économique et les budgets nationaux. Les CDN, par exemple, constituent un levier d’action pour les pays, leur permettant de détailler leur contribution à la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris, notamment en ce qui concerne l’élévation de la température mondiale. Accompagner ces stratégies exige l’octroi de financements concessionnels ainsi que d’une assistance technique et d’un soutien au renforcement des capacités, devant permettre de consolider les systèmes de gestion des finances publiques, d’améliorer la conformité aux cibles des ODD et d’intégrer la résilience climatique dans les cadres nationaux de développement. Le financement climatique doit compléter, et non remplacer, le financement du développement, afin d’assurer que les progrès de l’action climatique sont alignés avec l’éradication de la pauvreté et la croissance inclusive. La quatrième Conférence internationale sur le financement du développement peut donner l’occasion de s’emparer des possibilités existantes d’aligner les efforts de développement sur les CDN, en utilisant des cadres intégrés pour orienter la planification et la prise de décisions, et en favorisant la conclusion d’accords de coopération pluriannuels stables (Nations Unies, 2024[93]). Le renforcement du dialogue international fait également partie des propositions visant à assurer la cohérence du financement des besoins en matière de développement, d’action climatique et humanitaire, en rationalisant les architectures en place au niveau national de façon que les pays en développement soient au centre de leurs propres processus de coordination et de prise de décisions. La coopération internationale devrait également privilégier la concordance entre les stratégies des donneurs et les plans pilotés par les pays, afin de promouvoir l’appropriation et la cohérence, et d’assurer des effets à long terme.
À l’avenir, la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement offrira une occasion décisive d’élaborer un cadre au service de la poursuite des efforts collectifs et individuels visant à aligner les flux, les politiques et les stratégies de financement en faveur d’une transition durable. Pour promouvoir l’adoption de nouveaux leviers d’action adaptés à la situation et au niveau de revenu propres à chaque pays, la communauté mondiale peut encourager un mouvement convergent vers ses priorités de financement, en s’attaquant aux obstacles systémiques et en favorisant la cohérence des politiques. La quatrième Conférence internationale sur le financement du développement peut insuffler l’élan indispensable à l’accroissement des investissements dans le développement durable et à l’alignement des flux financiers sur les ODD, sachant qu’il convient de veiller à ce qu’aucun pays ne soit laissé pour compte sur le chemin de la transition vers un avenir durable et résilient.
1.4. Préparer la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement et l’après-2025
Copier le lien de 1.4. Préparer la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement et l’après-2025Le renouvellement du Programme d’action d’Addis-Abeba, qui sert depuis plusieurs années de cadre pour le financement du développement durable, offre l’occasion de soutenir la mise en place d’une architecture de financement plus durable et plus équitable en 2025. Depuis son adoption en 2015, ce programme a joué un rôle catalyseur pour toute une série d’initiatives qui, notamment, renforcent la coopération internationale en matière de fiscalité, intègrent les cadres de financement et établissent des mécanismes de financement innovants. Toutefois, la pandémie de COVID‑19, le changement climatique, le rétrécissement de la marge de manœuvre budgétaire et d’autres défis ont modifié les besoins et les priorités en matière de financement. La quatrième Conférence internationale sur le financement du développement, qui se tiendra à Séville (en Espagne) en 2025, vise à évaluer les progrès accomplis au regard des engagements pris précédemment, à mettre en évidence et à relever les défis émergents dans le but d’accélérer les progrès vers la réalisation du Programme 2030 et à plaider en faveur de réformes de l’architecture financière internationale afin de mieux soutenir le développement durable (Nations Unies, 2024[109]).
De récents accords internationaux de grande envergure montrent bien l’ampleur du défi que représente le financement, qui rend les enjeux pour la Conférence de Séville d’autant plus importants. Des initiatives clés telles que l’Initiative de Bridgetown, le Plan de relance des ODD de l’ONU, le Groupe de travail à haut niveau des ministres africains des Finances, de la Planification et du Développement économique, le Vulnerable Twenty Group (ou V20, groupe des 20 pays les plus vulnérables au changement climatique) ou le Pacte de Paris pour les peuples et la planète visent collectivement à lutter contre les inégalités financières à l’échelle mondiale et à soutenir le développement durable. La réforme n’a jamais été aussi cruciale, mais sa mise en œuvre n’a jamais été aussi difficile. Les attentes sont considérables et exigent une stratégie globale et cohérente pour favoriser une croissance juste et durable. L’appel à mobiliser 500 milliards USD par an au titre du Plan de relance des ODD n’a pas encore été suivi d’effets, ce qui met en évidence l’écart entre ambition et concrétisation (Nations Unies, 2023[110]). Les accords majeurs récemment conclus sous l’égide des Nations Unies, tels que le Pacte pour l’avenir ou les accords issus de la COP 29 sur le climat et de la COP 16 sur la biodiversité, n’ont pas donné lieu aux avancées nécessaires en matière de financement, si bien que des décisions cruciales ont été reportées à la Conférence de Séville, dont les enjeux sont devenus d’autant plus grands.
Comment les négociateurs peuvent-ils tirer le meilleur parti des possibilités offertes par la Conférence de Séville ? Trois grandes considérations devraient les guider. Premièrement, s’efforcer d’obtenir des résultats significatifs et politiquement réalisables, tout en renforçant la confiance. Deuxièmement, veiller à ce que le cadre qui sera défini lors de la Conférence soit adapté à l’après-2025. Et troisièmement, renforcer le mécanisme de suivi du financement du développement à la suite de la Conférence pour s’assurer de leur mise en œuvre. Au cours des dix années qui ont suivi l’adoption du Programme d’action d’Addis-Abeba, de nouveaux défis sont apparus et le contexte a changé, si bien que le Programme doit être actualisé afin de demeurer pertinent après 2025. La Conférence de Séville pourrait aider la communauté internationale à trouver un équilibre entre le besoin d’ambition et les risques de fragmentation géoéconomique10.
S’efforcer d’obtenir des résultats significatifs et politiquement réalisables
Compte tenu des tensions géoéconomiques actuelles et des risques de découplage économique décrits dans ce chapitre, la priorité doit être donnée à la restauration de la confiance entre les acteurs. En raison de l’érosion de la confiance entre les nations, il est difficile de parvenir à s’entendre sur la révision du cadre de financement en place. On a pu le constater durant la pandémie de COVID‑19 : les disparités dans la distribution des vaccins ont mis en évidence de profondes failles dans la solidarité mondiale, renforçant le sentiment d’iniquité et érodant la confiance. Des structures de gouvernance plus équitables peuvent contribuer à éviter la fragmentation des systèmes mondiaux d’échanges, d’investissement et de financement (Nations Unies, 2024[93]). La poursuite de la modernisation des structures de gouvernance au sein d’institutions telles que le FMI ou la Banque mondiale, et dans les processus de négociation de la dette (par exemple ceux menés par le Club de Paris) pourrait permettre aux pays en développement de mieux se faire entendre et d’avoir davantage d’influence dans la prise de décision. Les pays en développement détiennent 37 % des droits de vote au FMI et 39 % à la Banque mondiale, alors qu’ils représentent 75 % des membres de ces institutions11 (Nations Unies, 2023[111]) (voir également le Chapitre 7 sur le règlement des problèmes systémiques).
Pour restaurer la confiance, il est essentiel de commencer par améliorer la cohérence des politiques au service du développement durable (CPDD)12. Dans une enquête réalisée en 2023 par l’OCDE, 73 % des pays ayant répondu ont indiqué que le manque de données et d’analyses sur les effets transnationaux des politiques publiques constituait un obstacle majeur aux progrès en matière de CPDD (OCDE, 2024[112]). Remédier aux contradictions et promouvoir des efforts intégrés permettra d’éviter les cercles vicieux, tels que les conflits ou le sous-investissement dans l’éducation et la lutte contre le changement climatique, entre autres, qui exacerbent les inégalités mondiales (voir la section 1.3). L’alignement des flux financiers mondiaux sur les cibles des ODD et de l’Accord de Paris nécessite des réformes importantes dans les pays de l’OCDE, notamment des ajustements des politiques budgétaires, des systèmes fiscaux, des subventions et de la gouvernance institutionnelle. En donnant la priorité à la CPDD, la Conférence de Séville peut encourager des approches plus intégrées et transparentes de l’action publique, favorisant la confiance mutuelle entre les nations.
Lors de la Conférence de Séville, il sera primordial d’ancrer des pratiques inclusives et d’appeler les plateformes existantes à travailler ensemble afin de parvenir à des résultats équitables et à des mesures concrètes, qui résonneront et renforceront la confiance entre tous les partenaires. Le CAD de l’OCDE a fait l’objet d’ajustements lui permettant d’intégrer des points de vue plus hétérogènes tels que ceux de pays non membres, d’organisations de la société civile et de nouveaux fournisseurs de coopération Sud-Sud et de coopération triangulaire. De même, la transformation du projet sur le soutien public total au développement durable (TOSSD) en un forum international indépendant en 2024 témoigne de l’évolution de la mesure du TOSSD, qui est en train de devenir une norme mondiale pour le suivi du financement du développement durable selon des modalités garantissant la transparence, la redevabilité et l’appropriation locale. Élaboré, initialement, par le CAD au titre du Programme d’action d’Addis-Abeba, le TOSSD a été élargi de façon à inclure la coopération Sud-Sud, les partenariats triangulaires et le financement des biens publics mondiaux, et cette évolution a nécessité une structure de gouvernance dépassant le cadre de l’OCDE (Chapitre 4). Ces efforts témoignent de la prise de conscience croissante de l’importance d’une gouvernance inclusive, grâce à laquelle l’ensemble des pays développés et en développement, des BMD, des acteurs du secteur privé et des organisations de terrain peuvent faire entendre leur voix. Une telle approche est essentielle pour aligner les financements dédiés au développement sur des besoins et priorités diversifiés. Le renforcement des consultations de toutes les parties prenantes concernées ne se limite pas à accroître la légitimité des cadres internationaux ; il garantit également que les solutions de financement sont ancrées dans les réalités locales.
Lors de la Conférence de Séville, la réforme de l’architecture financière ne devrait ni démanteler ni dupliquer les structures existantes, mais plutôt accélérer la transformation des plateformes en place. Les appels à centraliser la prise de décision au sein de l’Organisation des Nations Unies afin de parvenir à un consensus mondial pourraient conduire à une redondance des efforts et à une polarisation des débats à travers les votes par bloc, ce qui pourrait entraver les progrès et diluer les accords existants (par exemple, la définition de l’APD et l’engagement pris concernant cette aide). Au contraire, en s’appuyant sur les contributions à forte valeur ajoutée des plateformes régionales existantes partageant des objectifs communs, il est possible de renforcer l’efficacité en promouvant des approches fondées sur des données et des éléments probants, en définissant des normes mondiales et en encouragent les examens par les pairs et ainsi que les évaluations comparatives, dans l’optique de guider les meilleures pratiques. Les efforts devraient s’attacher en priorité à affiner la définition de l’APD et à sanctuariser cette aide, afin d’en préserver l’intégrité. La collaboration entre les institutions demeure essentielle pour garantir un cadre de gouvernance équilibré et efficace. Une approche harmonisée qui met à profit ces atouts complémentaires peut renforcer la gouvernance mondiale et promouvoir une plus grande cohérence en vue de la réalisation des objectifs à l’appui du développement durable.
Si l’accent mis sur les objectifs quantitatifs présente des avantages, il comporte aussi des risques, notamment celui d’accentuer le déficit de confiance lorsque ces objectifs ne sont pas atteints. Les nouveaux engagements en matière de financement du développement durable ne doivent pas être des promesses intenables, et doivent permettre de combler les déficits là où des capitaux sont nécessaires à une transition juste et écologique. Certains domaines d’intervention du Programme d’action d’Addis-Abeba, tels que l’entreprise privée et les finances intérieures et internationales, comportent de nombreux engagements ciblant des résultats spécifiques – parmi lesquels la mobilisation de 100 milliards USD par an en financements climatiques d’ici 2020, un accès intégral et égal aux services financiers d’ici 2030, et une réduction à 3 % des coûts de transaction des envois de fonds effectués par les migrants – mais un seul des engagements a été respecté, quoiqu’après l’échéance fixée. D’autres domaines d’intervention du Programme d’action d’Addis-Abeba reprennent également des cibles anciennes, qui continuent d’alimenter le déficit de confiance. Ainsi, par la Résolution 2626 (XXV) de l’Assemblée générale des Nations Unies adoptée en 1970, les pays développés se sont engagés à consacrer 0.7 % de leur RNB à l’APD destinée aux pays en développement. Toutefois, il n’existe aucun accord international précisant quels pays développés sont concernés par cette cible ni le délai dont ils disposent pour l’atteindre (Chapitre 4). Plus récemment, des engagements ambigus, tels que l’engagement à fournir 1 300 milliards USD pris lors de la COP 29, continuent de mettre en évidence les difficultés liées à la réalisation des objectifs de financement et le risque de fragmentation des ressources (COP29, 2024[113]). Pour combler efficacement ces lacunes, il est essentiel d’aligner les priorités sur les engagements pris et de définir des cadres plus clairs, transparents, avec des délais précis, afin d’assurer une plus grande redevabilité.
Au-delà du volume de financements mobilisés, la qualité des ressources et le respect des principes d’efficacité sont déterminants pour l’obtention de résultats en matière de développement durable. Ils nécessitent de réaffirmer des principes fondamentaux tels que l’appropriation par les pays, une meilleure coordination entre les parties prenantes, l’orientation vers des résultats mesurables et la redevabilité mutuelle. Le cadre de suivi actualisé du Partenariat mondial pour une coopération efficace au service du développement (le Partenariat mondial) constitue un outil précieux pour mesurer et promouvoir ces principes en mettant l’accent sur l’inclusivité, la transparence et l’alignement sur les systèmes nationaux. Donner aux pays bénéficiaires les moyens de prendre la main dans la conception et la mise en œuvre des stratégies de développement permet de s’assurer que le financement répond à leurs besoins et priorités spécifiques. Une coordination renforcée entre les donneurs, les pouvoirs publics et d’autres partenaires peut réduire la fragmentation et améliorer l’efficience de l’affectation des ressources. De telles approches peuvent conférer un rôle moteur aux pays en développement tout en garantissant un cadre de financement cohérent et axé sur les résultats.
Les stratégies nationales devraient être placées au cœur du système, et tous les autres leviers financiers devraient être conçus de manière à soutenir et renforcer ces stratégies. Les cadres de financement nationaux intégrés constituent un outil pratique pour aligner les flux financiers sur les priorités nationales de développement, permettant aux pouvoirs publics de mobiliser plus efficacement les ressources publiques, privées, nationales et internationales. De même, des plateformes propres aux pays, telles que celles concernant le Partenariat pour une transition énergétique juste, montrent comment la collaboration internationale peut être adaptée aux besoins nationaux spécifiques et garantir l’alignement sur les objectifs mondiaux. Des approches duales comme celles-ci – ancrées dans les stratégies de développement des PFR et des PRI et complétées par les stratégies de financement des ODD des Membres de l’OCDE et des PRI – témoignent d’une responsabilité partagée. Ainsi, les mécanismes de financement tels que les initiatives de financement mixte peuvent réduire les risques associés aux investissements privés dans des projets d’énergie renouvelable en Afrique tout en contribuant directement aux stratégies climatiques des pays hôtes. Pour progresser dans la réalisation des ODD, il faut qu’une part importante des efforts de financement déployés par les Membres de l’OCDE et d’autres pays à revenu élevé soutiennent directement le développement durable dans les régions en développement, ce qui favorisera une approche du développement mondial qui soit plus équitable et axée sur les résultats.
L’intégration d’indicateurs plus généraux du bien-être et de la durabilité environnementale dans les processus décisionnels – conformément aux lignes directrices visant à aller « au-delà du PIB » – facilite les transitions vers un développement plus inclusif et plus durable. Si le RNB par habitant reste la principale mesure permettant de déterminer l’éligibilité des pays à l’APD (pays à revenu faible ou intermédiaire tels que définis par la Banque mondiale, en particulier), le RNB par habitant n’est pas la seule mesure déterminant la façon dont les financements concessionnels sont alloués. L’utilisation d’indices de vulnérabilité multidimensionnelle et d’autres instruments financiers adaptés qui tiennent compte des vulnérabilités propres aux pays en situation de surendettement et aux pays touchés par le changement climatique peut contribuer à une répartition plus équitable des rares ressources d’APD. Ces outils, ainsi que les cadres de financement nationaux intégrés et les stratégies de transition sans heurt, peuvent également aider les pays vulnérables à attirer davantage de ressources extérieures publiques et privées, tout en veillant à ce qu’ils s’approprient les stratégies de financement et à ce que ces dernières soient adaptées à leurs difficultés et à leurs capacités.
Actualiser le cadre de financement lors de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement, afin qu’il reste pertinent après 2025
Le Programme d’action d’Addis-Abeba demeure une référence fondamentale pour le financement du développement durable, mais son cadre nécessite une actualisation qui permettrait de faire face aux nouveaux défis et promouvoir des solutions innovantes. Il est essentiel de s’attaquer aux déficits de financement dans des domaines tels que le climat et la biodiversité, les systèmes de santé et d’autres problématiques systémiques pour aider la communauté mondiale à trouver un équilibre en direction des ODD. Il faut pour cela mettre fin aux cercles vicieux, aligner les flux financiers sur les ODD et déployer des mécanismes innovants permettant de mobiliser les ressources plus efficacement. S’il favorise une transition climatique juste, par exemple, un cadre actualisé de financement à l’appui du développement durable peut contribuer à réduire les vulnérabilités dans l’ensemble des régions, quel que soit le niveau de revenu, tout en favorisant des progrès équitables.
Plusieurs des actualisations en cours de discussion, notamment la différenciation du financement climatique et du financement du développement, seront difficiles à mettre en œuvre et risquent de ne pas aboutir. Le Pacte pour l’avenir, adopté lors du Sommet de l’avenir, organisé par les Nations Unies en 2024, renforce les engagements à mobiliser davantage de financements climatiques, en particulier pour les projets d’adaptation et d’énergies renouvelables. La question de la clarification de l’additionnalité du financement climatique par rapport aux engagements de financement existants à l’appui du développement n’a pas été résolue. Cette ambiguïté est déterminante, étant donné que le climat est un sujet transversal. Il est important de veiller à ce que les financements soient suffisants pour contribuer à atténuer les risques d’impacts négatifs et permettre une plus grande mobilisation des ressources dans l’ensemble des secteurs. Bien que le climat soit reconnu comme un thème transversal dans le Programme d’action d’Addis-Abeba, il serait pertinent de mettre davantage l’accent, dans les différents domaines d’action, sur les risques d’impacts négatifs et sur la possibilité d’étoffer les ressources. Ainsi, les échanges sont un moteur de la triple transition (numérique, écologique et sociale) et ont un rôle important à jouer dans le développement durable (Chapitre 5). La fiscalité environnementale peut favoriser le développement durable en relevant les défis environnementaux en même temps qu’elle soutient la croissance économique (Chapitre 2). Les énergies renouvelables et les technologies climatiques peuvent aider les pays en développement à opérer une transition vers une économie plus circulaire et plus verte (Chapitre 8).
Le périmètre des risques systémiques englobe désormais des défis financiers et autres, complexes, tels que le changement climatique, le recul de la biodiversité, la santé, les pandémies, l’intelligence artificielle et les vulnérabilités en matière de cybersécurité, nécessitant un meilleur filet de sécurité financière à l’échelle mondiale. La Conférence de Séville peut soutenir un accroissement des ressources et dispositifs du FMI, par exemple en créant un accord de crédit croisé multilatéral, en veillant à ce que les financements d’urgence reposent sur les besoins et en augmentant les prêts concessionnels grâce à des mécanismes tels que le Fonds fiduciaire pour la résilience et la durabilité. L’émission de nouveaux droits de tirage spéciaux assortie d’une réorientation généralisée vers des pays vulnérables et le soutien apporté à des dispositifs régionaux, surtout en Afrique et dans d’autres régions sous-représentées, permettraient d’améliorer la couverture, la fiabilité et la réactivité du filet de sécurité (Chapitre 7). L’élargissement du périmètre et de l’accessibilité de ces mécanismes pour faire face aux chocs systémiques, qu’ils soient climatiques, sanitaires ou autres, améliorera également le degré de préparation à l’échelle mondiale, protégera les économies vulnérables et assurera une intervention plus résiliente face aux crises futures.
Si le Programme d’action d’Addis-Abeba souligne la nécessité de directives claires concernant la responsabilité des créanciers et des débiteurs, les progrès en matière de coordination des acteurs à l’appui de la viabilité de la dette restent fragmentaires, et les questions de dette restent peu transparentes. La restructuration de la dette souveraine est devenue beaucoup plus complexe, sous l’effet d’une augmentation des défauts de paiement et de la diversification de la base de créanciers, qui comprend aussi bien le secteur privé que la Chine ou les États du Golfe (Chapitre 6). Pour empêcher que les débiteurs ne favorisent certains créanciers par rapport à d’autres, la Conférence de Séville devrait encourager la participation d’un éventail plus large de créanciers grâce à l’utilisation coordonnée d’outils tels que les garanties, les rehaussements de crédit et les échanges de créances, parallèlement à des dispositions contractuelles renforcées telles que les clauses relatives aux créanciers les plus favorisés. La coopération avec les agences de notation peut contribuer à accroître la transparence des évaluations des risques. La Conférence devrait également promouvoir les dispositifs de réintégration des pertes qui protègent les créanciers contre les risques associés à une éventuelle remise en cause des accords de restructuration de la dette, et soutenir les travaux du Cadre commun du G20 visant à assurer le suivi des traitements de dette et de la marge de manœuvre budgétaire pour les dépenses consacrées au développement durable. Il est crucial de renforcer la transparence de la dette, avec notamment une communication intégrale des conditions et obligations associées à la dette si l’on veut garantir la redevabilité et encourager la confiance entre toutes les parties prenantes, et ainsi permettre une plus grande efficacité dans la restructuration de la dette et l’obtention de résultats en matière de développement durable.
Les efforts doivent porter en priorité sur ceux qui ont le moins bénéficié de la mobilisation des ressources depuis l’adoption du Programme d’action d’Addis-Abeba, comme les PMA et les secteurs sociaux sous-financés. Comme vu précédemment, les PMA et les autres PFR peinent à attirer des investissements privés. Il est donc essentiel d’adopter une stratégie cohérente et globale pour favoriser une croissance à la fois juste et durable, remédier aux iniquités persistantes et veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte. En outre, la Conférence de Séville devrait encourager la suppression des obstacles qui entravent l’expansion des entreprises et financements privés dans ces pays. Ainsi, elle devrait promouvoir des instruments financiers innovants, renforcer les stratégies d’atténuation des risques et améliorer la transparence des données dans le but d’attirer les investissements privés dans les PMA et les autres PFR. Il est également crucial de déployer des efforts à l’échelle mondiale pour renforcer le financement de la santé et de l’éducation dans les pays en développement, étant donné que ces secteurs restent notablement sous-financés. Comme indiqué à la section 1.2, le service de la dette extérieure détourne des ressources publiques de services essentiels comme la santé et l’éducation, ce qui constitue un cercle vicieux. Ces difficultés financières exacerbent les problèmes existants, comme la pénurie de professionnels de santé et l’accès limité à une éducation de qualité dans les pays en développement. Afin que les progrès réalisés soient des progrès durables, la Conférence de Séville doit se concentrer davantage sur les investissements des autorités nationales et des donneurs internationaux dans l’accès équitable à ces services essentiels.
Renforcer le cadre de suivi du financement du développement afin d’assurer une redevabilité accrue
Dans le but de soutenir l’élaboration d’un solide cadre de suivi du financement du développement d’envergure mondiale en 2025, l’exercice d’analyse de l’exécution du Programme d’action d’Addis-Abeba conduit par l’OCDE recense plus de 70 cibles des ODD pertinentes, ainsi que de nombreux indicateurs indirects supplémentaires. L’objectif de cet exercice est de contribuer au mécanisme actuel qui opère un suivi du financement du développement, dans le cadre du Groupe de réflexion interinstitutions sur le financement du développement (dont l’OCDE est membre), qui est piloté par les Nations Unies et dont la principale réalisation, en termes de suivi, est le rapport annuel sur le financement du développement durable (Financing for Sustainable Development Report). Dans le cadre de ce processus, les Chapitres 2 à 8 des Perspectives mondiales du financement du développement durable 2025 ont été transmis, dans une version préliminaire, à titre de contributions au document préparatoire de la Conférence de Séville (intitulé Elements paper) (OCDE, 2024[114]) et actualisés après que des commentaires ont été reçus et des consultations menées, si bien que ce rapport présente un examen approfondi de dix ans de mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba. Les éclairages portant sur les sept domaines d’intervention sont exposés dans les chapitres suivants : ressources publiques intérieures (Chapitre 2) ; entreprise privée et finances intérieures et internationales (Chapitre 3) ; coopération internationale pour le développement (Chapitre 4) ; commerce international, moteur du développement (Chapitre 5) ; dette et viabilité de la dette (Chapitre 6) ; règlement des problèmes systémiques (Chapitre 7) ; et science, technologie, innovation et renforcement des capacités (Chapitre 8). Pour chaque domaine d’intervention du Programme d’action d’Addis-Abeba, les chapitres correspondants fournissent un état des lieux détaillant les progrès réalisés, les attentes non satisfaites, ainsi que l’émergence de nouveaux défis ou solutions nécessitant des ajustements au Programme d’action d’Addis-Abeba. Les chapitres sont accompagnés d’annexes statistiques qui, avec l’état des lieux, constituent la base d’un cadre de suivi renforcé, permettant de mesurer les progrès accomplis au regard de cibles quantifiables ou qualitatives, en cohérence avec les ODD.
L’accord résultant de la Conférence de Séville devrait définir des résultats clairs et atteignables, accompagnés d’objectifs précis pour des engagements plus larges, et des mécanismes rigoureux d’analyse d’impact permettant d’évaluer les progrès au regard d’indicateurs sociaux, économiques et environnementaux. Se concentrer sur des résultats mesurables alignés sur les ODD peut permettre de maximiser l’impact de toutes les sources de financement à l’appui du développement. Ainsi, l’indicateur 17.3.1 relatif aux ODD, qui s’intéresse aux IDE, envois de fonds et autres flux financiers en direction des pays en développement, est essentiel pour garantir la mobilisation de ressources suffisantes pour répondre aux besoins de développement et combler les déficits de financement. Cependant, de nombreux autres cibles et indicateurs relatifs aux ODD, ainsi que des variables de substitution additionnelles, sont importants pour garantir un cadre de suivi complet et couvrant l’ensemble des domaines d’intervention. L’exercice d’analyse conduit par l’OCDE démontre le potentiel que renferment de nouveaux indicateurs et de nouvelles mesures de sauvegarde pour rendre l’allocation des ressources équitable, renforcer la redevabilité et opérer un suivi efficace des contributions à la réalisation des ODD.
Coopération internationale pour le développement : La consolidation des efforts, reposant sur les atouts des mécanismes existants au sein des Nations Unies et au-delà, est nécessaire pour entamer une nouvelle ère. La Conférence de Séville devrait renforcer la qualité, l’impact et l’efficacité de tous les types de coopération pour le développement, tandis que le Partenariat mondial continue de produire des données – par exemple concernant l’indicateur 17.15.1 relatif aux ODD (« Ampleur du recours par les prestataires de la coopération pour le développement à des cadres de résultats et à des outils de planification propres aux pays ») – qui étayent le dialogue sur les politiques à mener et l’apprentissage, et favorisent la redevabilité et les progrès en matière d’efficacité du développement (GPEDC, 2024[115]).
Dette et viabilité de la dette : Les cadres de suivi doivent intégrer des indicateurs supplémentaires, tels que ceux proposés dans le Cadre commun du G20, pour pouvoir suivre les traitements de dette et la marge de manœuvre budgétaire disponible pour les dépenses de développement durable. La viabilité de la dette est abordée uniquement dans la cible 17.4 des ODD (« Aider les pays en développement à assurer la viabilité à long terme de leur dette au moyen de politiques concertées visant à favoriser le financement de la dette [...] »), à travers son indicateur mesurant le service de la dette en proportion des exportations de biens et services. Disposer de métriques plus nombreuses pourrait favoriser l’adoption d’une approche unifiée du suivi des progrès au niveau des accords internationaux de gestion de la dette, permettant une gestion de la dette plus efficace, en phase avec les objectifs visant le développement durable.
Règlement des problèmes systémiques : Si des objectifs clairs et quantifiables pour faire face aux risques systémiques étaient définis, il serait possible de mieux atténuer leurs effets interdépendants sur le financement durable. Des variables de substitution statistiques, comme le financement de la santé mondiale ou les indicateurs de communication d’informations relatives aux risques climatiques, permettraient d’amplifier les efforts de suivi et de mieux répondre aux besoins d’un système mondial plus interdépendant.
Les acteurs clés pourraient s’engager de manière individualisée à soutenir le suivi établi lors de la Conférence de Séville, en fonction de leurs capacités et de leurs rôles respectifs. Le cadre qui sera défini lors de la Conférence pourrait s’accompagner d’une feuille de route ou d’un ensemble de mesures de soutien faisant l’objet d’engagements par différents acteurs tels que le CAD de l’OCDE, le sommet Finance en commun, le Partenariat mondial pour une coopération efficace au service du développement, l’Alliance mondiale des investisseurs pour le développement durable, pilotée par les Nations Unies, ou des organisations philanthropiques, entre autres. La mise en œuvre de ces mesures pourrait faire l’objet d’un suivi continu et les progrès accomplis pourraient être régulièrement communiqués aux Nations Unies, avec la possibilité d’ajuster la feuille de route à mesure que les acteurs honorent leurs engagements en matière de réforme. Les organisations multilatérales pourraient fournir des données systématiques sur les financements concessionnels, les mesures liées à la viabilité de la dette et les instruments financiers innovants, tandis que les organisations régionales pourraient se concentrer sur les déficits de financement et les solutions propres à chaque région. Les réseaux d’institutions de financement du développement (IFD) pourraient apporter des éclairages sur la mobilisation du secteur privé et les projets de financement mixte. Les organisations de la société civile pourraient jouer un rôle crucial dans le suivi de la transparence, de l’inclusivité et de l’impact social des engagements de financement, veillant ainsi à la redevabilité à l’égard des communautés mal desservies. Les fournisseurs bilatéraux pourraient aligner leur notification sur les cibles des ODD en mettant à disposition des données sectorielles sur le financement, et les fournisseurs de coopération Sud-Sud et de coopération triangulaire pourraient partager leurs expériences en matière de financement ainsi que de renforcement des capacités, de transfert de technologies et de partenariats régionaux. À des fins de cohérence, le CAD devrait renforcer ses engagements en faveur du suivi du financement du développement en établissant des normes de notification et en encourageant la participation, notamment en s’appuyant sur la méthodologie mise au point par le CAD pour le suivi du financement du développement durable dans le cadre des examens par les pairs. La conjonction des efforts de tous ces acteurs garantirait que la notification volontaire du financement à l’appui du développement est robuste, inclusive et à même de faire progresser le financement des ODD.
Bien que la mesure de l’impact souffre de limites intrinsèques, la Conférence de Séville devrait néanmoins tirer parti des plateformes existantes pour suivre l’impact sur le développement dans les différents domaines d’intervention. Nombre de ces plateformes ont déjà été recensées et présentées en amont des négociations pour la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement. L’une des propositions consiste à examiner en quoi les règles prudentielles influent sur l’accès des petites et moyennes entreprises dans les pays en développement aux financements, et à s’assurer que les initiatives de financement mixte sont alignées sur les priorités nationales. Plusieurs autres propositions appellent divers acteurs à intensifier le suivi d’impact. Ainsi, les banques de développement pourraient mieux intégrer des méthodologies prenant en compte la valeur des externalités dans les transactions et modèles financiers. Les BMD peuvent aligner leurs cadres d’évaluation d’impact sur les ODD, en rendant compte à la fois des effets positifs et négatifs. Enfin, encourager le leadership des pays en développement et favoriser la cohérence et la redevabilité entre les partenaires au développement peut contribuer à prendre en compte les effets sur le développement durable dans les décisions relatives à l’allocation des financements et aux modalités de coopération.
En associant les engagements à des résultats tangibles, le nouveau cadre pour le financement du développement peut devenir un levier d’apprentissage adaptatif, permettant une amélioration continue de l’efficacité des financements pour la mise en œuvre des ODD. La communication d’informations devrait s’appuyer sur les processus existants, tels que les examens nationaux volontaires (ENV) des ODD, les CDN et les rapports sur les INFF. Certains pays ont déjà fait de gros progrès dans ce domaine. Ainsi, le Mexique intègre la notification du financement à l’appui du développement dans ses processus nationaux de planification budgétaire, reliant les apports de financements à des résultats spécifiques pour les ODD (Gouvernement du Mexique, 2024[116]). Le Costa Rica procède à des évaluations détaillées des effets des financements climatiques sur les objectifs de conservation de la biodiversité et de réduction des émissions de carbone (Nations Unies, 2023[117]). Le Rwanda utilise son cadre de financement durable pour aligner les stratégies de financement sur des résultats mesurables en matière de développement, et fournit des rapports détaillés sur les affectations de ressources et leurs impacts (Rwanda Ministry of Finance and Economic Planning, 2024[118]). Entre 2016, année de création des ENV et 2023, le nombre de pays participants est passé de 22 à 39 (PNUD, 2023[119]). Ces évaluations devraient être davantage encouragées afin que les parties prenantes soient à même de mesurer les effets concrets des initiatives, ce qui peut permettre de favoriser la redevabilité et d’affiner les stratégies pour en maximiser l’impact. En vertu de l’Accord de Paris, les pays doivent soumettre de nouvelles CDN tous les cinq ans, renforçant progressivement leurs engagements de façon à refléter leur « niveau d’ambition maximal » et les dernières données scientifiques sur le climat (Nations Unies, 2015[120]). En juin 2024, la plupart des pays avaient soumis des CDN actualisées assorties d’objectifs pour 2030 ; le prochain cycle, qui couvre les objectifs pour 2035, doit être soumis début 2025. La Conférence de Séville peut encourager les pays à améliorer à la fois leurs systèmes de notification et leur soutien aux pays en développement afin de renforcer leur capacité à prendre des décisions fondées sur des données. L’assistance technique aux systèmes statistiques et le renforcement des capacités de suivi des progrès au regard des cibles alignées sur les ODD renforceront encore les efforts de suivi à l’échelle mondiale.
Les chapitres suivants proposent une analyse approfondie des engagements pris dans le cadre du Programme d’action d’Addis-Abeba, en examinant les progrès réalisés, les défis persistants et les lacunes actuelles. Ils mettent également en évidence les enjeux apparus depuis 2015 et identifient les domaines clés où une mise à jour du cadre de financement s’avère nécessaire.
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[40] OCDE (2024), Explorateur de données - Philanthropie privée pour le développement (base de données), http://data-explorer.oecd.org/s/11v.
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[98] OCDE (2024), Financement multilatéral du développement 2024 (version abrégée), Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/42dc17c2-fr.
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[118] Rwanda Ministry of Finance and Economic Planning (2024), Rwanda’s Sustainable Finance Framework, https://www.afdb.org/sites/default/files/esg_minecofin_rwanda_executed_version_sp_spo_approval_27-03-2024.pdf.
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[50] van Tilburg, R., A. Simić et S. Murawski (2024), The Climate Trillions We Need: Proposals for a New Global Financial Architecture to End Poverty and Save the Planet, Sustainable Finance Lab, Utrecht, Pays-Bas, https://sustainablefinancelab.nl/wp-content/uploads/sites/334/2023/11/The-climate-trillions-we-need-5.pdf (consulté le 20 novembre 2024).
[49] Zhan, J. et al. (2023), « Why trillions are needed to bridge the SDG financing gap », Forum économique mondial, https://www.weforum.org/stories/2023/09/why-trillions-more-are-needed-to-bridge-the-sdg-financing-gap/ (consulté le 20 novembre 2024).
Notes
Copier le lien de Notes← 1. Cela représente une hausse de 0.3 point de pourcentage par rapport aux prévisions de 2023 de 2.9 %.
← 2. L'inflation globale mondiale n’a cessé de décroître après avoir culminé à 8.7 % en 2022 (moyenne annuelle) pour s'établir à 6.9 % en 2023, et devrait poursuivre son repli pour s’établir à 5.8 % en 2024. Voir https://www.imf.org/en/Publications/WEO/Issues/2024/10/22/world-economic-outlook-october-2024.
← 3. En comparaison, les prévisions de croissance à moyen terme avant la pandémie s’établissaient à 3.6 % en 2020 (voir https://www.imf.org/en/Publications/WEO/Issues/2024/10/22/world-economic-outlook-october-2024) et à 4.9 % avant la crise financière mondiale de 2008 (voir https://www.imf.org/en/Publications/WEO/Issues/2016/12/31/Housing-and-the-Business-Cycle), tandis que la moyenne annuelle réelle de 2000 à 2019 était de 3.8 %.
← 4. D’après une note de discussion au personnel du Fonds monétaire international en date de 2024, l’IA touchera environ 60 % des travailleurs dans les économies avancées et se traduira, pour environ la moitié d’entre eux, par une hausse de la productivité et des revenus, et pour l’autre moitié par une baisse de la demande de main-d’œuvre et de salaire. En comparaison, on estime que les répercussions de l’IA ne toucheront que 40 % des emplois dans les économies de marché émergentes, et 26 % dans les PFR, où la proportion de la main-d’œuvre dans les secteurs à forte intensité de connaissances est plus faible. Dans ces pays, les bouleversements du marché du travail à court terme se traduiront également par des possibilités restreintes d’amélioration de la productivité. Voir https://www.imf.org/-/media/Files/Publications/SDN/2024/English/SDNEA2024001.ashx.
← 5. Ces calculs ne tiennent pas compte des cotisations de sécurité sociale.
← 6. Ces calculs comprennent les cotisations de sécurité sociale.
← 7. Les donneurs publics englobent les pays membres du CAD de l’OCDE, les pays non membres du CAD et les organisations multilatérales. Les calculs reposent sur l’équivalent-don, aux prix constants de 2015.
← 8. Les pertes et préjudices correspondent aux besoins de financement destinés à aider les pays en développement à se relever de catastrophes liées au climat lorsque l’adaptation a été insuffisante ou que les limites d’adaptation ont été dépassées. Pour de plus amples détails, voir https://www.lse.ac.uk/granthaminstitute/publication/a-climate-finance-framework-decisive-action-to-deliver-on-the-paris-agreement-summary/.
← 9. Une transition juste désigne une transition qui répond aux besoins des individus et des régions pénalisés par l’abandon des activités à forte intensité de carbone et qui garantit qu’ils ne sont pas laissés à eux-mêmes pour en supporter les coûts sans aucun soutien. Ce concept implique également de reconnaître que les pays et les communautés qui ont peu contribué au changement climatique ne devraient pas supporter la charge disproportionnée de l’atténuation de ses effets, et souligne l’importance d’agir pour réduire les émissions afin de protéger le bien-être des générations futures. Pour de plus amples détails, voir https://www.lse.ac.uk/granthaminstitute/publication/a-climate-finance-framework-decisive-action-to-deliver-on-the-paris-agreement-summary/.
← 10. Le reste de ce chapitre s’appuie sur les conclusions d’un exercice d’analyse mené par l’OCDE en 2024 afin d’étudier en quoi un programme d’action renouvelé pourrait façonner les priorités du financement à l’appui du développement durable pour l’après-2025. Un groupe de réflexion à l’échelle de toute l’OCDE a préparé des fiches d’information et des annexes statistiques examinant les progrès réalisés au niveau des sept domaines d’intervention du Programme d’action d’Addis-Abeba, accompagnées d’une analyse critique et de données clés. Ces documents ont été soumis aux Nations Unies et aux États membres afin de fournir des éléments en vue de l’élaboration du document préparatoire de la Conférence de Séville (intitulé Elements paper). Ils se conforment aux processus internationaux et forment, dans ce rapport, les Chapitres 2 à 8.
← 11. Des progrès ont toutefois été accomplis. Ainsi, au 1er novembre 2024, le FMI a créé un nouveau siège à son conseil d’administration, qu’il a attribué à l’Afrique subsaharienne, laquelle dispose ainsi de trois sièges. Pour plus de détails, voir : https://www.imf.org/fr/News/Articles/2024/11/01/pr-24403-imf-expands-executive-board-with-addition-of-25th-chair.
← 12. L’OCDE définit la cohérence des politiques au service du développement durable comme une « approche visant à intégrer les différentes dimensions du développement durable à tous les niveaux de l’action publique nationale et internationale » ; elle a pour objet de promouvoir la mise en œuvre intégrée du Programme 2030 en : i) favorisant les synergies et en maximisant les gains dans les domaines économique, social et environnemental ; ii) conciliant les objectifs de politique nationale et les objectifs de développement durable reconnus à l’échelle internationale ; iii) tenant compte des incidences transnationales et des conséquences à long terme des politiques publiques, notamment celles qui risquent de concerner des pays en développement ». Pour consulter la Recommandation dans son intégralité, voir https://legalinstruments.oecd.org/fr/instruments/OECD-LEGAL-0381