L'économie alimentaire représente un tiers du PIB de l'Afrique de l'Ouest et emploie deux tiers de la population, dans l'agriculture mais aussi, de plus en plus, dans les segments intermédiaires et en aval tels que la transformation, le transport, le commerce de gros et de détail. Le commerce alimentaire intrarégional est un puissant moteur de transformation économique, car il relie des zones de production commerciale de plus en plus spécialisées à des centres de consommation situés dans des centres urbains en plein essor. Il accroît ainsi la disponibilité d'aliments riches en calories et en nutriments dans toute la région, renforce la résistance aux chocs commerciaux nationaux et mondiaux et réduit l'insécurité alimentaire et nutritionnelle.
Programme de commerce agricole de la CEDEAO (EAT) : Renforcer le commerce alimentaire intrarégional en Afrique de l'Ouest
Le commerce intrarégional des produits alimentaires est un élément essentiel de l'économie ouest-africaine. Il est indispensable à la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Cependant, son potentiel transformateur est souvent négligé en raison de discours dépassés et de lacunes persistantes dans les données. Le Programme de commerce agricole de la CEDEAO (EAT) vise à renforcer la capacité de la Commission de la CEDEAO à promouvoir le commerce agricole intra-régional dans la région.
L'importance du commerce alimentaire intrarégional en Afrique de l'Ouest
À propos du programme EAT
Le programme de commerce agricole de la CEDEAO (EAT) vise à renforcer la capacité de la Commission de la CEDEAO à promouvoir le commerce agricole intrarégional en Afrique de l'Ouest.
Il comporte trois volets :
- L'harmonisation de la politique commerciale régionale avec la Commission de la CEDEAO et les États membres
- La facilitation du commerce transfrontalier à certains postes frontières
- L'autonomisation des négociants en produits agroalimentaires.
Le programme EAT est financé par le ministère fédéral allemand de la coopération économique et du développement (BMZ) et mis en œuvre par la GIZ en coopération avec la CEDEAO.
Le OCDE/CSAO et le programme EAT
Le OCDE/CSAO est l'un des principaux partenaires de mise en œuvre du programme EAT. Il contribue à la recherche politique et à l'engagement dans deux domaines de travail.
Le premier vise à réévaluer notre compréhension du commerce alimentaire dans la région : les données existantes et les initiatives pour le mesurer, sa taille et sa composition réelles, son impact sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle, le développement agricole ainsi que les implications nécessaire dans la conception de politiques alimentaires, agricoles et commerciales cohérentes.
Le second est basé sur des enquêtes menées auprès du secteur privé dans 8 pays de la région afin d'évaluer les perceptions des entreprises sur les contraintes et les opportunités du commerce alimentaire régional. Les enquêtes seront menées en collaboration avec l'Association Oouest-Aafricaine du Commerce Transfrontalier des produits Alimentaires, Agro-sylvo-pastoraux et Halieutiques (AOCTAH/WACTAF).
Nos résultats
Le OCDE/CSAO propose trois produits dans le cadre du programme EAT.
- Un rapport sur le commerce alimentaire intrarégional.
- Un rapport sur les perceptions du secteur privé concernant les contraintes et les opportunités pour le commerce alimentaire intra-régional.
- Un document d'orientation sur les initiatives en matière de données pour afin de mesurer le commerce alimentaire intrarégional dans la région.
L'OCDE/CSAO engage les principales parties prenantes (CEDEAO, gouvernements nationaux, associations du secteur privé...) sur ces résultats par le biais de divers canaux, y compris des ateliers dans la région, des forums politiques, des notes d'information et des fiches d'information interactives.
Key findings du rapport
Le commerce alimentaire intrarégional dépasse de six fois les données officielles
Le commerce alimentaire intrarégional en Afrique de l’Ouest a longtemps été sous-estimé. Les statistiques officielles ne tiennent pas compte des flux massifs de denrées alimentaires qui traversent les points de passage informels ou ne sont pas enregistrés par les douanes, alimentant une perception erronée du commerce – qui serait de petite échelle, de courte distance et de subsistance.
La valeur du commerce alimentaire intrarégional est estimée à 10 milliards de dollars par an.
Cela représente un montant six fois supérieur aux données officielles. Cette valeur équivaut au total des importations de riz, de blé et d’huile de palme en provenance de l’extérieur de la région, et est six fois supérieure à l’ensemble de l’aide à l’alimentation et à l’agriculture destinée à l’Afrique de l’Ouest.

La région exporte jusqu’aux deux tiers de ses produits alimentaires en interne
En excluant les exportations de cacao et de noix de cajou, les estimations indiquent que près de 38 % du commerce alimentaires de l’Afrique de l’Ouest est destiné au marché régional. Cela est bien supérieur aux 15 % souvent mentionnés dans les débats politiques (une estimation basée sur les données officielles et incluant le cacao et la noix de cajou). Cette part est comparable à celle observée dans de grands blocs commerciaux régionaux comme l’Union européenne.
Par ailleurs, le commerce alimentaire intrarégional en Afrique de l’Ouest est à la fois dense et de longue distance. Les pays d'Afrique de l'Ouest montrent une forte intégration régionale en matière de commerce alimentaire, échangeant avec une médiane de 12 partenaires sur un total de 14 partenaires possibles.
Des exportateurs alimentaires majeurs comme le Sénégal, le Ghana et la Côte d’Ivoire réalisent respectivement 58 %, 48 % et 39 % de leur commerce régional avec des pays non frontaliers.

Le commerce alimentaire intrarégional est une pierre angulaire de la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Afrique de l’Ouest
Jusqu’à 68 000 milliards de calories sont échangées chaque année dans la région. Les calories échangées chaque année dans la région suffisent à couvrir les besoins énergétiques annuels d’environ 80 millions de personnes — soit près d’un quart de la population régionale.
Pour les protéines, 2,6 milliards de kilogrammes sont échangés chaque année, correspondant aux besoins de près de 200 millions de personnes. Cela s’explique par la part importante de bétail et de poissons dans le commerce alimentaire intrarégional.
Au-delà de ce volume considérable, le commerce intrarégional joue un rôle essentiel dans la disponibilité saisonnière et locale des aliments, la diversité alimentaire et l’accessibilité économique, en particulier pour les populations urbaines en forte croissance.

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12-13 octobre 2023
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