Face à l’accélération de la mondialisation, de la transition numérique, des mutations démographiques et de l’interdépendance écologique, les responsables publics sont de plus en plus appelés à faire face à des problèmes imbriqués et interconnectés, et ce dans un contexte de volatilité, d’incertitude, de complexité et d’ambiguïté. Même si les questions « courantes » liées à l’action publique continuent de concentrer une part notable de l’attention des responsables publics, et même si la participation citoyenne représentera toujours un avantage pour ces questions, c’est pour faire face aux choix stratégiques fondamentaux qu’une participation citoyenne inclusive et effective devient essentielle. De fait, il n’existe pas de « bonnes » ou de « mauvaises » solutions face à ces questions stratégiques complexes, qui obligent à réaliser des arbitrages entre le long terme et le court terme, entre différents groupes sociaux ou encore entre des régions ou des pays. Pourtant, comme le montre l’enquête de 2024 de l’OCDE sur la confiance, ce sont aussi ces questions complexes qui offrent la plus grande marge de manœuvre pour rétablir la confiance des citoyens à l’égard des institutions.
De fait, si la nature des décisions stratégiques a évolué, les attentes des citoyens quant à leur association à ces décisions complexes ont elles aussi changé. De nos jours, les citoyens des pays membres de l’OCDE sont mieux éduqués, vivent plus longtemps, voyagent plus loin et sont davantage en prise avec le reste du monde que toutes les générations qui les ont précédés. En outre, du fait de la prolifération des réseaux sociaux, les individus sont devenus, de façon active, des créateurs, des curateurs et des diffuseurs de contenus à une échelle inédite, ce qui a de profondes répercussions sur leur aptitude à faire entendre leur voix, à jouer un rôle actif et à mener des actions collectives.
Les citoyens sont conscients que cette évolution est en train de se produire. Les dernières données issues de l’enquête de 2024 de l’OCDE sur la confiance révèlent que les citoyens se montrent moins confiants à l’égard des acteurs publics quand ils évaluent l’aptitude de ces derniers à relever les défis complexes et de long terme qui se posent à leur pays que quand on leur demande d’évaluer leurs propres interactions quotidiennes avec les services publics. Sur l’ensemble des 30 pays de l’OCDE dans lesquels l’enquête a été menée, 44 % des répondants déclarent avoir peu ou pas confiance dans leur gouvernement national ; ils sont donc plus nombreux que les 39 % qui affichent un degré de confiance modéré à élevé. Seuls 37 % des citoyens estiment que le gouvernement saura faire preuve d’équité pour concilier les intérêts des différentes générations. En moyenne de l’ensemble des pays, 42 % des répondants considèrent que leur pays réussira à réduire les émissions de gaz à effet de serre au cours des dix prochaines années, et 35 % pensent le contraire. Seulement quatre personnes sur dix (41 %) jugent probable que le gouvernement national régule de façon appropriée les nouvelles technologies telles que l’intelligence artificielle et les applications numériques et aide les entreprises et les citoyens à en avoir un usage responsable, tandis que plus d’un tiers de la population (35 %) estime que c’est peu probable. Enfin, plus de la moitié des répondants (53 %) considèrent que le système politique ne permet pas aux personnes comme eux d’avoir leur mot à dire. Cela signifie que, sur les environ 600 millions d’adultes qui vivent dans les 30 pays de l’OCDE couverts par l’enquête, près de 320 millions n’ont pas le sentiment d’avoir une capacité d’action politique. Pour rétablir la confiance et renforcer la résilience des démocraties, il sera donc essentiel de redoubler d’efforts pour assurer une participation effective et inclusive des citoyens à l’action publique.