Face aux défis environnementaux croissants, la commande publique est de plus en plus mobilisée comme levier stratégique pour atteindre les objectifs de développement durable fixés par les gouvernements. En France, des objectifs ambitieux ont été fixés pour intégrer des considérations environnementales dans l’ensemble des marchés publics, y-compris ceux de l'État, d’ici 2026. L'atteinte de ces objectifs repose largement sur la capacité des acheteurs de l’État à mettre en oeuvre ces considérations environnementales dans les achats de l'État. Ce rapport évalue cette capacité et identifie les leviers pour renforcer les connaissances et les compétences des acteurs concernés.
Promouvoir les marchés publics stratégiques et écologiques en France

Résumé
Synthèse
En France, la commande publique constitue un levier économique majeur, représentant environ 8% du PIB et plus d’un quart des dépenses publiques totales en 2021. Au-delà de ce poids économique significatif, la commande publique est également exposée à des politiques publiques plus larges, notamment environnementales.
Ce rapport présente une évaluation des cadres institutionnels et réglementaires en matière de marchés publics verts en France, ainsi que des capacités des acheteurs de l’État à mettre en œuvre les objectifs fixés.
Principaux constats
Copier le lien de Principaux constatsLa France dispose d'un cadre réglementaire ambitieux en matière de marchés publics verts, centré sur le Plan National pour des Achats Durables (PNAD) et la Loi climat et résilience qui visent l’inclusion de considérations environnementales dans tous les marchés publics d’ici 2026. Ces textes sont complétés par de nombreux dispositifs sectoriels ayant une dimension environnementale et impactant les marchés publics. Néanmoins, la traduction opérationnelle de ces obligations est souvent complexe en raison de la multiplicité des exigences imposées aux acheteurs publics, notamment l’intégration simultanée de ces considérations environnementales dans différentes dimensions des marchés publics (besoin, attribution et exécution). En pratique, les efforts récents de l’administration française ont permis de faire progresser sensiblement les pratiques des acheteurs de l’État. En 2023, 54.7% des marchés publics de l’État incluaient une considération environnementale. Pour autant, l’atteinte des objectifs nationaux fixés par le PNAD et la Loi climat et résilience paraît difficile sans efforts supplémentaires. En ce sens, le renforcement de la capacité des acheteurs de l’État en matière d’achat responsable a été identifiée par la DAE comme l’une des priorités.
Ce renforcement doit toutefois prendre en compte la structure institutionnelle des achats de l’État, et notamment la répartition des responsabilités entre plusieurs institutions et niveaux de gouvernance. En outre, l’écosystème des marchés publics verts ne comprend pas seulement les acheteurs, mais également les décideurs et les prescripteurs, qui, malgré l’importance de leur rôle, ne sont pas toujours une cible affichée des campagnes de sensibilisation aux achats environnementaux.
L’un des principaux défis identifiés est le besoin de renforcer des compétences spécifiques en matière d’achats responsables, devant être mobilisées à différentes étapes du cycle de vie de l’achat public telles que la définition des besoins, l’analyse des capacités du marché, le développement de critères d’attribution pertinents et mesurables ou encore le suivi des obligations contractuelles ayant une dimension environnementale. Bien que disposant d’une offre étoffée de formations sur les marchés publics, celles-ci ne répondent pas systématiquement aux défis auxquels les acheteurs sont exposés dans leur activité quotidienne. En outre, le coût et la localisation de ces formations constituent un frein pour les acheteurs, et notamment pour ceux en région. Sur les 550 acheteurs interrogés, seuls 168 (30%) ont déclaré avoir suivi au cours des deux dernières années une formation sur les achats responsables.
Principales recommandations
Copier le lien de Principales recommandationsÀ l’image des initiatives au Canada, en Pologne, au Japon ou en Irlande, la France pourrait se doter d’une stratégie ciblée sur le renforcement des capacités à développer les marchés publics verts. Compte tenu des multiples opportunités identifiées dans ce rapport, cette stratégie pourrait aborder le renforcement des capacités sous différents angles et mobiliser l’ensemble des parties prenantes. Plusieurs actions concrètes peuvent être entreprises ou poursuivies par les pouvoirs publics français :
S’assurer que la plateforme d’information développée par le CGDD devienne un véritable guichet unique pour l’accès à l’information et aux ressources existantes sur les marchés publics verts.
Mener une campagne de sensibilisation présentant l’approche intrinsèquement différente des marchés publics verts, et notamment le recours fréquent aux concepts de coût global et de coût de cycle de vie. Cette campagne aiderait à réfléchir aux silos budgétaires qui entravent actuellement un plus grand recours à ces stratégies d’achats.
Finaliser le développement d’indicateurs pour assurer un suivi quantitatif des objectifs de performance fixés mais également autorisant un suivi qualitatif des stratégies mises en œuvre permettrait de créer un véritable baromètre de l’achat responsable en France à l’échelle de l’État.
La DAE et la DGAFP pourraient entamer une réflexion sur la contribution de la fonction achat au verdissement des administrations et repenser les descriptions de fonctions telles qu’elles figurent sur les outils de promotion du service public comme Choisir le Service Public.
Développer le rôle de conseil de la DAE sur les marchés publics verts de l’État en pilotant l’établissement d’un véritable centre d’aide porté par le Bureau des Achats Responsables permettrait à la fois de répondre au besoin d’accompagnement des acheteurs et d’évaluer la pertinence en France de ce modèle qui existe dans de nombreux pays de l’OCDE.
S’appuyer davantage sur les référents achats responsables au sein des entités de l’État afin qu’ils deviennent de véritables agents du changement.
Par ailleurs, le renforcement des compétences des acheteurs, mais également des prescripteurs, permettrait de mobiliser diverses stratégies pour mettre en œuvre des contrats publics démontrant leur impact sur la performance environnementale de l’État. La France pourrait ainsi :
Mettre en place une formation marchés publics verts labellisée permettrait de répondre à certains défis actuellement rencontrés, qu’il s’agisse de l’attractivité de la fonction achat ou de l’allocation des budgets formations au sein des entités de l’État. Une alternative pourrait être une centralisation des budgets de formation en s’inspirant d’autres filières transverses telles que l’informatique.
Développer les capacités des acheteurs sur les techniques spécifiques aux marchés publics verts et ce, sur l’ensemble du cycle achat.
Favoriser une approche plus pratique avec des mises en situations en petits groupes sur différentes problématiques environnementales pourrait encourager l’échange d’expériences et la réflexion sur les défis rencontrés.
En capitalisant sur les fiches-outils actuellement développées par la DAE, proposer des modules de formation courts par segments d’achats et privilégiant le binôme acheteur-prescripteur, permettant aux participants de traduire concrètement le contenu de ces formations dans leurs achats quotidiens.
Renforcer les capacités par le développement d’outils de calcul du coût du cycle de vie ou de bilan carbone.
L'OCDE continuera à soutenir la DAE pour mettre en œuvre ces recommandations, notamment par le développement de formations et d'outils pratiques.
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