Programme canadien Voix et leadership des femmes : soutenir les organisations de défense des droits des femmes pour un avenir meilleur

Description

En 2017, le Canada a mis en place le programme Voix et leadership des femmes pour renforcer les capacités et la durabilité des organisations de défense des droits des femmes et des mouvements féministes à l'échelle mondiale. Le programme soutient ces organisations par le biais de financements directs, des actions de renforcement des capacités organisationnelles et par la consolidation des mouvements afin de promouvoir l'égalité des genres et l'autonomisation des femmes et des filles.

Ce contenu fait partie de la série TIPs En Pratique, développée pour la plateforme d'apprentissage entre pairs Outils, enseignements et pratiques de la coopération pour le développement, qui propose des pistes pour renforcer l’efficacité des politiques, des systèmes et des partenariats.

Défi

Malgré leur rôle central dans la promotion de l'égalité des genres et la réduction de la pauvreté, les organisations de défense des droits des femmes et les mouvements féministes, en particulier dans les pays en développement, sont confrontés à d'importants déficits de financement. Moins de 1 % de l'aide publique au développement mondiale, soit 481 millions USD en moyenne par an en 2022-23, est consacré au soutien de la durabilité et de l'efficacité de ces organisations. Les perceptions du risque lié au financement sont élevées et les organisations de défense des droits des femmes reçoivent un soutien institutionnel limité, ce qui les empêche de renforcer leurs capacités à gérer d’importants volumes de financement. Ces organisations doivent souvent faire face à des financements à court terme, axés sur la mise en œuvre de projets, ce qui limite leur capacité à investir à long terme dans leurs communautés et dans leurs organisations.

Approche

En 2017, le Canada a lancé le programme Voix et leadership des femmes (VLF) afin d'apporter un soutien substantiel et à long terme aux organisations de défense des droits des femmes pour leur croissance organisationnelle et faire progresser les droits des femmes et des filles dans le monde. Le programme est ancré dans une approche féministe et locale qui vise à transférer le pouvoir de décision aux organisations locales. Il adopte également une approche intersectionnelle dans divers contextes sociaux, culturels et économiques. Le Canada s'est initialement engagé à verser 150 millions CAD sur cinq ans, puis a renouvelé son engagement en 2023, en ajoutant 195 millions CAD pour les cinq années suivantes et en promettant un financement récurant de 43,3 millions CAD par an pour l’élargissement du programme.

Les principales caractéristiques du programme VLF sont les suivantes :

• Des subventions pluriannuelles de base. Ces subventions offrent un financement prévisible et soutenu. En évitant d’imposer des thématiques, le programme permet ainsi aux organisations de défense des droits des femmes de répondre à leurs priorités et aux enjeux spécifiques à leurs contextes.

• Des subventions rapides, souples et réactives. Ces subventions permettent aux organisations de défense des droits des femmes de saisir des opportunités et de répondre rapidement aux besoins émergents, tels que la réponse à la pandémie de COVID-19, ou un besoin inattendu de plaidoyer, notamment dans les contextes de conflit et de crise.

• Le soutien au renforcement des capacités organisationnelles. Les activités sur mesure de renforcement des capacités répondent aux priorités identifiées par les organisations de défense des droits des femmes, telles que la planification stratégique, le plaidoyer, la mobilisation des ressources et le leadership, ainsi que l’attention au bien-être des employés et des bénévoles pour lutter contre leur stress et épuisement.

• Le financement des organisations locales. Chaque projet financé par le programme transfère un maximum de fonds directement aux organisations locales, l'objectif étant de fournir un montant aussi proche que possible de 50 % du budget du projet, avec un plafond de 37 % pour les frais de gestion des partenaires de mise en œuvre.

• L’apprentissage par les pairs et le soutient aux mouvements. En soutenant le partage de l'apprentissage, le programme VLF favorise la collaboration et la mise en réseau entre les organisations de défense des droits des femmes, renforçant ainsi leur impact collectif et leurs efforts de plaidoyer.

Résultats

En octroyant un financement de qualité et un soutien au renforcement des capacités des organisations de défense des droits des femmes et des mouvements féministes dans les pays partenaires, le programme VLF a amélioré leur contribution à un développement durable et inclusif. Les principaux résultats sont les suivants :

• Le renforcement de la durabilité organisationnelle. Les organisations de défense des droits des femmes soutenues ont été mieux à même de remplir leur mandat en matière d'égalité des genres et d'accéder à de nouveaux financements de la part d'autres partenaires de développement. Dans le cadre du projet VLF Nigeria, 93 organisations de défense des droits des femmes ont obtenu 35 nouvelles subventions d'un montant total de près de 1.8 million CAD de la part de donateurs internationaux et d'organisations philanthropiques.

• L’élargissement des programmes et des activités de plaidoyer. Les organisations de défense des droits des femmes ont amélioré leur capacité à exploiter les médias traditionnels et les réseaux sociaux et à intégrer des approches féministes dans leur programmation. Dans le cadre du projet VLF au Pérou, le Bureau juridique pour la défense des droits des femmes a fourni des éléments de preuves lors d'une audience devant la Cour interaméricaine des droits de l'homme dans une affaire de discrimination présumée à l'encontre d'une militante lesbienne, bisexuelle, transgenre, queer, intersexe plus (LBTQI+) en raison de son orientation sexuelle. Cette victoire est historique pour la communauté LBTQI+.

• Le maintien des activités pendant la pandémie de COVID-19. Les organisations de défense des droits des femmes ont pu fournir du matériel de secours aux communautés touchées, plaider en faveur de réponses sensibles au genre auprès des gouvernements et acheter du matériel informatique pour passer à une programmation et un plaidoyer en ligne. Au Sénégal, les organisations de défense des droits des femmes ont offert des services de prévention et de soins psychosociaux aux victimes de violences sexistes et aux femmes travaillant dans le secteur de la santé pendant la crise.

• De meilleures relations entre les organisations de défense des droits des femmes et les institutions publiques qui renforcent la capacité de ces organisations à influencer les politiques et les prise de décision. Les partenaires de VLF au Sri Lanka ont participé à la rédaction de la politique nationale sur l'égalité des genres et l'autonomisation des femmes qui a été officiellement adoptée par le gouvernement du Sri Lanka.

Enseignements tirés

• Les organisations de défense des droits des femmes savent ce qui est nécessaire et ce qui fonctionne dans leur communauté. Les subventions de base permettent aux organisations de défense des droits des femmes d'investir dans leurs propres capacités. Elles leurs permettent également de se concentrer sur ce qui importe le plus à leurs communautés et de répondre efficacement aux nouveaux défis, sans que des partenaires extérieurs n'imposent leurs priorités.

• Combiner subventions de base et renforcement sur mesure des capacités est efficace, mais la durabilité nécessite un investissement à long terme. Une approche combinée a permis au programme VLF de répondre aux besoins des organisations de défense des droits des femmes dans des contextes divers. Cependant, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour que ces organisations puissent accéder à des sources de financement durables et diversifiées ainsi qu’aux dimensions non-financières de capacité jugées nécessaires pour assurer leur pérennité, telles que la visibilité et les contacts avec les bailleurs, le bien-être et la sécurité, la solidité des systèmes et processus organisationnels et le leadership.

• Réduire les obstacles à l'accès aux financements nécessite une approche multi facettes. Simplifier les procédures administratives liées aux contrats, à la diligence raisonnable et aux comptes-rendus permet aux groupes de femmes plus petits et émergents d’accéder plus facilement aux financements. De même, travailler avec des partenaires de mise en œuvre locaux permet de toucher plus facilement les groupes structurellement exclus. Une réforme globale des approches de gestion des risques par les bailleurs de fonds et les partenaires de mise en œuvre est nécessaire pour la programmation féministe et le soutien direct aux organisations de défense des droits des femmes. Il est également essentiel de considérer les lois locales et les critères d'éligibilité qui limitent le financement des organisations non enregistrées pour assurer un soutien inclusif.

Plus d'informations

Affaires mondiales Canada (2017), Politique d'aide internationale féministe du Canada, https://www.international.gc.ca/world-monde/issues_development-enjeux_developpement/priorities-priorites/policy-politique.aspx?lang=fra.

Affaires mondiales Canada (2025), Programme Voix et leadership des femmes, https://www.international.gc.ca/world-monde/issues_development-enjeux_developpement/gender_equality-egalite_des_genres/wvl_projects-projets_vlf.aspx?lang=fra.

Affaires mondiales Canada (2024), Rapport « Ce que nous avons entendu » – Renouvellement du programme Voix et leadership des femmes, https://www.international.gc.ca/transparency-transparence/global-health-sante-mondiale/women-voice-leadership-voix-leadership-femms.aspx?lang=fra.

Affaires mondiales Canada (2022), Évaluation formative : Programme Voix et leadership des femmes, https://publications.gc.ca/collections/collection_2024/amc-gac/FR5-231-2022-fra.pdf.

Affaires mondiales Canada (2017), La Politique du Canada des partenariats avec la société civile pour l’aide internationale : une approche féministe, https://www.international.gc.ca/world-monde/issues_development-enjeux_developpement/priorities-priorites/civil_policy-politique_civile.aspx?lang=fra.

Ressources de l'OCDE

OCDE (2025), Examens par les pairs de la coopération au développement de l'OCDE : Canada 2025, Examens par les pairs de la coopération au développement de l'OCDE, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/e9a5a8ce-fr.

OCDE (2022), Égalité des genres et l’autonomisation des femmes et des filles : Orientations du CAD pour les partenaires du développement, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/2013737d-fr.

OCDE (2022), « L'égalité des genres et l'autonomisation des femmes et des filles », Fondamentaux, Outils, enseignements et pratiques de la coopération pour le développement – TIPs, https://www.oecd.org/fr/publications/outils-enseignements-et-pratiques-de-la-cooperation-pour-le-developpement_97e9f347-fr/orientations-sur-l-egalite-des-genres-et-l-autonomisation-des-femmes-et-des-filles_c3fa2aa5-fr.html.

Pour en savoir plus sur la coopération au développement du Canada, voir :

OCDE, « Canada », dans Profils de la coopération au développement, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/5cd4ba84-fr (consulté le 13 mars 2025).

D'autres exemples En pratiques concernant le Canada ici : https://www.oecd.org/fr/topics/sub-issues/development-co-operation-in-practice/development-co-operation-tools-insights-practices.html.

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Photo : Let Us Grow, un bénéficiaire de VLF-Afrique du Sud, a mené une marche à l'occasion de la Journée internationale des droits humains, le 10 décembre 2021. © Colleen Lowe Morna / Gender Links.

© OCDE 2025

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