Le Luxembourg doit passer d’un modèle de croissance qui repose sur l’augmentation rapide de la population active à un modèle fondé sur les compétences et l’innovation, pour relancer la croissance d’une productivité stagnante, rehausser durablement le niveau de vie de la population et atténuer les tensions sur les infrastructures, le logement et les émissions.
La productivité est une des plus élevées de la zone OCDE, mais elle stagne depuis 15 ans (Graphique 3). Cette stagnation tient essentiellement aux très mauvais résultats enregistrés en matière de productivité multifactorielle, qui constitue une mesure courante du progrès technologique. Pour favoriser le développement et l’adoption des nouvelles technologies, il faut renforcer l’innovation, remédier aux pénuries de compétences et intensifier la concurrence.
L’innovation des entreprises et l’adoption des technologies laissent à désirer. Mesurées en proportion du PIB, les dépenses de recherche-développement (R-D) des entreprises figurent parmi les plus faibles de la zone OCDE, et il est possible de tirer l’innovation vers le haut – notamment les publications scientifiques, les demandes de brevet, ainsi que les innovations de produit et d’entreprise – qui est nettement plus faible que dans les pays les mieux classés à cet égard.
Des réformes du système d’aides publiques à l’innovation sont nécessaires. Mettre en place un mécanisme de coordination entre les principaux acteurs qui octroient des aides publiques à la R-D, tout en allant plus loin dans la substitution d’aides par projet aux aides par établissement et en renforçant le rôle des partenariats public-privé, exercerait un effet d’entraînement sur les activités de R-D des entreprises et les renforcerait. En rationalisant la bonification d’impôt pour investissement et en faisant en sorte que les améliorations numériques et technologiques progressives ouvrent droit aux aides, les autorités favoriseraient l’adoption des technologies par les petites entreprises.
Le Luxembourg est confronté à des pénuries de main-d’œuvre, étant donné que l’écart se creuse entre l’augmentation de la demande et la progression de l’offre de compétences. Il est crucial de renforcer la formation des adultes pour doter la main-d’œuvre des compétences qui font actuellement défaut. On pourrait renforcer les normes de qualité des prestataires de formation en créant un organisme national d’agrément, ainsi qu’en durcissant le contrôle de la qualité des prestataires de formation. Améliorer le ciblage des incitations financières à la formation des adultes et orienter les individus de manière plus volontariste permettraient de renforcer la participation des travailleurs peu qualifiés et des seniors. Dématérialiser intégralement les procédures de délivrance des visas et des permis de travail contribuerait à attirer des talents de l’étranger.
L’ampleur des obstacles à la concurrence entrave la croissance de la productivité, en particulier dans les services. Revoir l’obligation d’appartenance à une association professionnelle et de réussite d’un examen, en sus de la détention d’un diplôme officiel, réduirait les obstacles à l’entrée et ferait baisser les prix dans le secteur des services professionnels. Il faut réduire la capacité des acteurs en place et des grandes entreprises d’influer en leur faveur sur l’élaboration de la réglementation, au détriment des entreprises de plus petite taille et des nouveaux entrants sur le marché. Pour ce faire, les autorités pourraient imposer que soit pleinement rendue publique l’identité des groupes d’intérêt et des agents publics ayant été impliqués dans des activités de lobbying, et instaurer des sanctions applicables aux lobbyistes qui ne se font pas inscrire dans le registre public prévu à cet effet.
On pourrait renforcer encore la qualité de la réglementation en améliorant le processus réglementaire. Mettre en place des évaluations ex ante et ex post de l’impact de la réglementation sur la concurrence et imposer l’utilisation d’un langage simple lors de la rédaction des nouveaux textes législatifs et réglementaires permettraient d’alléger les charges administratives et réglementaires qui pèsent sur les entreprises.