L’année 2024 est en passe d’établir de nouveaux records en matière de réchauffement planétaire, avec des niveaux de température nationaux sans précédent. Pour le douzième mois consécutif, la température moyenne mondiale a dépassé de 1.5 °C ses niveaux de l’ère préindustrielle. En août 2024, 15 records nationaux de chaleur ont été battus dans le monde. La hausse des températures, conjuguée à des régimes de précipitations de plus en plus variables, a eu des effets dramatiques un peu partout. Par exemple, l’Afrique australe a enregistré son mois de février le plus sec depuis un siècle, tandis que le Royaume-Uni a connu sa deuxième période la plus humide de ces 200 dernières années. La République populaire de Chine a dû faire face à un nombre record d’inondations importantes et enregistré son mois de juillet le plus chaud depuis 1961. Les inondations en Europe centrale ont été exceptionnelles, un événement dont l’ampleur des dégâts est telle ne se produisant que tous les 300 ans. Les incendies de forêt survenus au Canada en 2024 ont été dévastateurs. Ces événements météorologiques extrêmes ont détruit des vies et des moyens de subsistance, entraînant des pertes économiques et des préjudices qui restent encore à évaluer dans leur entièreté.
Les données de suivi des aléas climatiques de l’OCDE confirment la progression de ces événements dramatiques. Plus de 42 % de la population des 50 pays plus l’UE couverts par l’IPAC a connu au moins deux semaines de températures extrêmes en 2023. Dans 21 pays, la population exposée aux nuits tropicales sur 2019-23 s’est accrue de 10 % par rapport à la période 1981-2010. Les températures enregistrées en 2024 viennent souligner un peu plus encore cette tendance, qui non seulement a des répercussions directes, mais qui peut également intensifier les aléas tels que les ouragans, les vagues de chaleur, les sécheresses ou encore les précipitations extrêmes, phénomènes susceptibles à leur tour d’affecter les populations, les écosystèmes et les infrastructures vulnérables. L’évolution des phénomènes de chaleur et de précipitations touche de manière disproportionnée les pays vulnérables, où les conséquences des phénomènes météorologiques extrêmes sont d’autant plus fortes, ce qui renforce les inégalités sociales et économiques.
Les sécheresses agricoles et les précipitations extrêmes s’intensifient. Les données de l’OCDE montrent que l’humidité moyenne des sols a continué de reculer dans la plupart des pays au cours de la période 2019-2023. Ces sécheresses peuvent être particulièrement sévères à l’échelle infranationale et à certaines saisons, entraînant de graves conséquences socio-économiques. Cette situation est aggravée par la modification des régimes de précipitations. Plus de 18 % de la population des pays couverts par l’IPAC est exposée au risque d’inondation fluviale. Ce risque peut atteindre 40 % dans certains pays. De même, plus de 2.6 % de la population de ces pays est exposée au risque d’inondation côtière.
Si les points de basculement climatique sont atteints, le risque est de bouleverser le climat à l’échelle mondiale en créant un état d’urgence planétaire. Certains points de basculement, notamment les seuils de désintégration des calottes glaciaires et d’affaiblissement des courants océaniques, seraient déjà en voie d’être franchis, et le risque d’en atteindre d’autres s’accroît considérablement à 1.5 °C de réchauffement, avec potentiellement à la clé des effets catastrophiques sur le climat. L’eau de fonte des calottes glaciaires, par exemple, contribue au ralentissement des courants océaniques, phénomène qui, à son tour, perturbe d’autres écosystèmes, ce qui témoigne de l’interconnexion de ces bouleversements environnementaux majeurs. Une action immédiate visant à limiter le réchauffement planétaire à 1.5 °C est essentielle pour éviter le déclenchement d’une série de points de basculement en cascade qui conduirait à un état d’urgence planétaire.