Dans le monde entier, les pouvoirs publics versent chaque année plus de 500 milliards USD d’aides aux agriculteurs dans le cadre de dispositifs souvent inefficaces et de nature à fausser les échanges. Les démarches entreprises en vue de les réformer sont en grande partie au point mort, selon un nouveau rapport de l’OCDE.
D’après le rapport intitulé Politiques agricoles : suivi et évaluation 2019, la politique agricole des 53 pays étudiés — à savoir l’ensemble des pays membres de l’OCDE et de l’UE, auxquels s’ajoutent 12 économies émergentes clés — s’est traduite par le versement d’un soutien direct aux producteurs de 528 milliards USD par an en moyenne sur la période 2016-18 (465 milliards EUR). Sur la même période, les pays qui ont implicitement taxé leurs producteurs agricoles en appliquant des mesures ayant fait baisser les prix ont réduit les recettes agricoles de 83 milliards USD par an (73 milliards EUR).
Selon les observations de l’OCDE, la réforme des politiques de soutien à l’agriculture n’a avancé qu’à pas comptés ces dix dernières années. Bon nombre des mesures continuent de fausser les décisions des entreprises agricoles en matière de production et d’échanges et ne servent pas de manière efficace les objectifs affichés par les pouvoirs publics.
Selon le rapport, 54 % du soutien est dispensé de telle sorte qu’il maintient artificiellement les prix agricoles intérieurs au-dessus des niveaux en vigueur sur les marchés internationaux. Ces formes de soutien portent préjudice aux consommateurs — en particulier les plus pauvres — tout en creusant l’écart de revenus entre les petits et les grands exploitants et en écornant la compétitivité de l’industrie agroalimentaire.
Peu de mesures, dans les panoplies déployées actuellement dans la plupart des pays, visent la croissance de la productivité agricole et l’utilisation durable des terres, de l’eau et de la biodiversité. Le rapport met par ailleurs en lumière la grande hétérogénéité du soutien selon les produits, tant au sein d’un même pays que d’un pays à l’autre. Certains produits peuvent donc bénéficier d’un soutien des prix important tandis que d’autres voient leurs prix minorés artificiellement, ce qui contribue à accentuer les distorsions sur les marchés internationaux.
« Les pouvoirs publics peuvent venir en aide aux ménages agricoles et aux populations rurales sans porter atteinte au fonctionnement des marchés mondiaux », a déclaré Ken Ash, Directeur des échanges et de l’agriculture de l’OCDE. « En dissociant le soutien des décisions de production agricole pour investir plutôt dans les services publics nécessaires, les gouvernements peuvent créer des conditions favorables dans lesquelles les exploitants sont libres de faire leurs choix en fonction de l’évolution des débouchés sur les marchés intérieur et étranger. Parallèlement, la politique agricole doit agir de manière plus ciblée en améliorant l’accès aux technologies propices aussi bien à la croissance de la productivité qu’à l’utilisation durable des ressources », a poursuivi M. Ash.
Le rapport annuel intitulé Politiques agricoles : suivi et évaluation présente des estimations actualisées du soutien public à l’agriculture consenti par tous les pays de l’OCDE et l’Union européenne dans son ensemble, ainsi que par des économies émergentes clés. L’Afrique du Sud, le Brésil, la République populaire de Chine, la Colombie, le Costa Rica, le Kazakhstan, les Philippines, la Fédération de Russie, l’Ukraine et le Viet Nam figurent notamment dans l’édition 2019, de même que, pour la première fois, l’Inde et l’Argentine.
Le rapport Politiques agricoles : suivi et évaluation est consultable gratuitement en ligne sur OECD iLibrary. Vous pouvez également accéder aux informations supplementaires ou télécharger les données brutes.
Ce rapport annuel est une source unique d’information sur le soutien actuel à l’agriculture et utilise un système cohérent de mesure et de classification du soutien agricole.