La mise à jour annuelle de la base de données de l'OCDE sur les restrictions à l'exportation des matières premières industrielles montre que les restrictions à l'exportation des matières premières critiques ont quintuplé depuis que l'OCDE a commencé à collecter des données en 2009. Cette tendance s'est nettement accélérée en 2023, lorsque plus de 500 nouveaux produits minéraux bruts ont été touchés par au moins une restriction à l'exportation. Le taux de croissance des nouvelles restrictions à l'exportation a plus que doublé par rapport à 2022 et presque triplé par rapport à 2021.
Restrictions à l'exportation de matières premières critiques
Les pays qui imposent des restrictions aux exportations de matières premières pourraient bien compromettre la réalisation des objectifs fixés en matière de neutralité carbone et la transformation numérique nécessaire à la sécurité économique. L’OCDE s’attache à suivre le recours à de telles mesures afin de contribuer à une meilleure compréhension des raisons qui y poussent les pays et des conséquences qui s’ensuivent sur les marchés internationaux.

Messages clés
Les déchets et débris restent la catégorie la plus fréquemment soumise à des restrictions d'exportations de matières premières critiques, souvent en raison de préoccupations environnementales et d'un intérêt croissant pour les chaînes d'approvisionnement circulaires. Cependant, les restrictions à l'exportation de minerais et minéraux, en particulier les intrants en amont des chaînes d'approvisionnement critiques, sont également en forte hausse. Entre 2021 et 2023, 14 % du commerce mondial de matières premières industrielles autres que les déchets et débris a été confronté à au moins une restriction à l'exportation. L'impact a été particulièrement prononcé pour le cobalt et les terres rares, avec 67 % et 46 % de leurs échanges respectifs affectés.
Même si les taxes à l'exportation et les exigences en matière de licences restent la mesure restrictive la plus courante pour les matières premières critiques, ces dernières années ont vu une forte augmentation des restrictions quantitatives telles que les interdictions d'exportation et les quotas. Depuis 2019, les interdictions d'exportation sont devenues de plus en plus importantes, reflétant des politiques plus affirmées et des efforts pour conserver la valeur au niveau national.
Contexte
Concentration de la production et des échanges
La production et les échanges internationaux de diverses matières premières se sont concentrés autour d’une poignée de sites d’extraction et de traitement qui assurent le plus gros de l’offre mondiale. Le phénomène de concentration, des importations comme des exportations, est particulièrement marqué dans le cas des formes non transformées de lithium, des borates, du cobalt, des métaux précieux à l’état colloïdal, du manganèse et du magnésium.

Inventaire de l'OCDE des restrictions à l'exportation de matières premières industrielles
L'inventaire de l'OCDE des restrictions à l'exportation de matières premières industrielles a pour but d'améliorer la transparence de l'utilisation de ces restrictions à l'exportation. L'inventaire contient des informations sur 80 pays exportateurs et 65 produits. Il s'agit de l'inventaire le plus complet de ce type concernant les minéraux, les métaux et le bois.
Cet outil interactif de visualisation des données comprend un inventaire des mesures restrictives à l'exportation couvertes par l'inventaire pour tous les principaux exportateurs de minerais et sont combinées avec les chiffres de production, les réserves de minerais connues et les flux commerciaux. Essayez-le maintenant pour voir comment se présente le commerce des matières premières dans votre pays. La visualisation du commerce des matières premières représente un sous-ensemble de l'inventaire de l'OCDE des restrictions à l'exportation de matières premières industrielles, qui comprend également 6 produits du bois. Une note méthodologique détaillée pour l'inventaire est également disponible.
Sources des données : Les restrictions à l'exportation sont les restrictions en vigueur entre 2009 et 2023. Les membres de l'OCDE déclarent eux-mêmes les données relatives aux restrictions qu'ils appliquent, tandis que les données relatives aux autres pays exportateurs sont collectées par des experts et vérifiées par la suite par les autorités du pays concerné. Dans les deux cas, seules les données provenant de sources officielles et vérifiées par le Secrétariat de l'OCDE sont incluses dans la base de données.
Les matières premières sont un objet privilégié de la politique industrielle et des rivalités géopolitiques
Eu égard à la spécificité et à la concentration de la production de certaines matières premières, les dynamiques liées au pouvoir de marché peuvent entrer en jeu et être exploitées à des fins économiques ou non, par exemple à travers des restrictions frappant la production ou les échanges. Les matières premières servent, en règle générale, à produire d’autres biens, ce qui signifie qu’elles se situent en amont des chaînes d’approvisionnement nationales et internationales. Par conséquent, toute perturbation ou mesure affectant l’offre peut avoir d’importantes ramifications sur le plan systémique, qui pourront servir de prétexte à des interventions des pouvoirs publics, le plus souvent sous forme de subventions, ainsi qu’à l’imposition de restrictions aux exportations ou aux participations étrangères, dans le but de soutenir les secteurs d’activité nationaux en aval. Pourtant, l’analyse de ces dispositifs au regard de l’efficacité n’est pas concluante. Leur importance systémique fait aussi des matières premières la cible privilégiée des mesures de rétorsion économique et des rivalités politiques.
Publications associées (en anglais)
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Policy paper29 June 2012