L’impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP) est une composante importante du coin fiscal analysé au chapitre 1 du présent rapport et constitue une source essentielle de recettes, puisqu’il générait 23.6 % du total des recettes fiscales en moyenne dans les pays de l’OCDE en 2022 (OECD, 2024[1]). Dans le même temps, les systèmes d’IRPP sont un vecteur de redistribution des revenus et contiennent des mécanismes permettant d'aider les ménages, d'atténuer les contre-incitations au travail et d’encourager des comportements spécifiques, tels que l'épargne. Alors que la plupart des études consacrées à l’impact de l’IRPP sur la progressivité et sur les revenus après impôts se sont surtout intéressées aux taux marginaux d’imposition, cette Étude spéciale utilise les modèles des Impôts sur les salaires pour montrer comment les abattements fiscaux et les crédits d’impôt interagissent avec le barème d’imposition dans les pays de l’OCDE pour influer sur les taux moyens d'imposition de différents types de ménage et sur la progressivité de l’imposition des revenus du travail.
Cette Étude spéciale démontre que les abattements fiscaux et les crédits d'impôt (appelés collectivement allégements fiscaux) sont des éléments clés pour le calcul des taux d’imposition de différents types de ménage et représentent une fraction significative du revenu net final après impôts des ménages dans les pays de l’OCDE. Elle montre également qu’ils constituent un levier par lequel les pays de l’OCDE réduisent le montant des impôts dus par différents types de ménage, en particulier les familles avec enfants, et que les crédits d’impôt ont tendance à contribuer davantage à la progressivité des systèmes d’IRPP que les abattements fiscaux.
Il convient d’observer que tous les allégements fiscaux mis en œuvre par les pays de l'OCDE ne satisfont pas aux critères d’inclusion dans les modèles des Impôts sur les salaires ; seuls ceux auxquels ont universellement accès les contribuables présentant certaines caractéristiques et qui ne sont pas conditionnés à leurs dépenses sont inclus dans les calculs présentés dans ce chapitre. Les chapitres par pays réunis dans la deuxième partie du présent rapport livrent des informations supplémentaires sur les allégements fiscaux qui existent dans chaque pays et indiquent s’ils sont inclus dans les modèles des Impôts sur les salaires.
Les résultats pour la France au titre de 2024 devraient être interprétés avec prudence compte tenu du fait que l’indexation du barème et des paramètres de l’impôt sur le revenu sur l’inflation (de 1.8 %) n’a pas pu être prise en compte dans les modèles des Impôts sur les salaires du présent rapport. Cette omission, qui est due à l’adoption tardive du projet de loi de finances pour 2025, a pour conséquence que les taux d’imposition estimés en 2024 sont supérieurs à ceux effectivement en vigueur.
La structure de l’Étude spéciale est la suivante. La section 1 explique comment les allégements fiscaux contribuent aux écarts de taux de l’IRPP applicables aux différents types de ménage étudiés dans le présent rapport. La section 2 examine l’impact des crédits d’impôt sur le montant des impôts dus par différents types de ménage, tandis que la section 3 analyse l’effet des abattements fiscaux sur leur revenu imposable. La section 4 étudie l’impact combiné des crédits et abattements sur le revenu net après impôts des ménages, tandis que la section 5 analyse comment ces mesures se conjuguent pour agir sur la progressivité structurelle des systèmes d’IRPP dans les pays de l’OCDE. Enfin, la section 6 formule des conclusions.