L’économie ukrainienne a montré sa résilience et réussi à surmonter les perturbations causées par l’invasion de la Russie il y a trois ans. La poursuite des réformes contribuera à créer les fondements d’une reprise durable et d’une croissance à long terme, selon un nouveau rapport de l’OCDE.
D’après la dernière Étude économique de l’OCDE consacrée à l’Ukraine, le PIB devrait augmenter pour s’établir à 2.5 % en 2025 et 2.0 % en 2026, après avoir progressé de 2.9 % en 2024. De nouvelles possibilités de croissance pourraient se manifester si la situation sécuritaire permet un redressement plus marqué de l’investissement et le retour des Ukrainiens déplacés. L’inflation devrait rester élevée cette année, à 13.2 %, avant de refluer à 7.1 % en 2026. La politique monétaire devrait rester bien calibrée pour que l’inflation puisse revenir au niveau de l’objectif de 5 % fixé par la Banque nationale et que les anticipations d’inflation demeurent bien ancrées.
« La résilience de l’Ukraine est à mettre au crédit de sa population et de ses entreprises, de sa gestion économique et du soutien de ses partenaires internationaux », a déclaré le Secrétaire général de l’OCDE, Mathias Cormann, lors de la présentation de l’Étude à Kyiv, aux côtés du Premier Ministre ukrainien, Denys Shmyhal. « Renforcer les finances publiques et mettre en œuvre des réformes structurelles solides qui stimulent l’emploi et l’investissement des entreprises sera essentiel pour garantir une reprise durable. Une fois que la situation sécuritaire se sera améliorée, l’Ukraine possède de nombreux atouts pour mener à bien une reconstruction qui améliore les revenus et le bien-être de sa population et assure la convergence avec les pays de l’OCDE ».
Pour financer les dépenses militaires en temps de guerre de 25 % du PIB, le déficit budgétaire devrait avoisiner 20 % du PIB, ce qui place la dette publique sur une trajectoire telle qu’elle atteindra 116 % du PIB en 2026, contre 49 % en 2021. Il faudra améliorer l’efficacité des dépenses afin de dégager des marges de manœuvre pour réaliser les investissements publics nécessaires à la reconstruction. En parallèle, l’Ukraine peut agir pour renforcer la collecte des impôts, réduire le périmètre du système fiscal simplifié et accroître l’efficience de l’administration fiscale en développant l’utilisation des outils numériques.
La mobilisation pour la guerre et les déplacements massifs d’Ukrainiens ont généré d’importantes pénuries de main-d’œuvre et accentué les problèmes posés à long terme par le vieillissement démographique et l’émigration. Aider les membres des forces de défense démobilisés à réintégrer la population active et faciliter le retour des émigrés permettra d’accroître l’offre de main-d’œuvre et de stimuler la croissance. Alléger les restrictions applicables aux types d’emplois ouverts aux femmes, par exemple celles qui interdisent le travail posté pour les femmes ayant de jeunes enfants, inciterait davantage de femmes à participer au marché du travail et réduirait les écarts de rémunération entre femmes et hommes.
L’amélioration de la productivité et des performances à l’exportation passera par l’augmentation de l’investissement des entreprises. Simplifier les cadres réglementaires, promouvoir la concurrence et l’innovation, et améliorer l’accès aux financements sera déterminant pour attirer davantage d’investisseurs nationaux et internationaux. Renforcer la gouvernance d’entreprise des sociétés cotées, garantir la protection des actionnaires et moderniser les cadres d’insolvabilité améliorera la confiance des investisseurs. Alléger les formalités à remplir pour payer l’impôt favoriserait la régularisation des activités informelles des entreprises.
L’Examen de l’intégrité et de la lutte contre la corruption consacré à l’Ukraine réalisé par l’OCDE, également publié aujourd’hui, montre que l’Ukraine a sensiblement progressé dans la lutte contre la corruption et le renforcement de l’intégrité dans les affaires, mais qu’il reste encore beaucoup à faire.
« Même dans un contexte marqué par la poursuite de la guerre d’agression menée par la Russie, l’Ukraine a accompli des progrès notables dans la lutte contre la corruption, reconnaissant qu’un cadre d’intégrité solide est essentiel à la confiance des entreprises et du public et au redressement après la guerre », a déclaré le Secrétaire général de l’OCDE Mathias Cormann.
L’Ukraine a fait preuve d’un solide engagement envers l’intégrité publique et dans les affaires, et de nombreux éléments de son cadre anticorruption sont désormais à la hauteur de ceux présents dans les pays de l’OCDE, y compris la conception et la mise en œuvre de la Stratégie nationale de lutte contre la corruption.
En matière d’intégrité publique, la réglementation sur les conflits d’intérêts et le financement de la vie politique est particulièrement stricte, puisque l’Ukraine satisfait à 100 % des critères établis par les Indicateurs d’intégrité publique de l’OCDE dans ce domaine. La mise en œuvre de cette réglementation dans la pratique est également plus avancée que la moyenne de l’OCDE, même si des améliorations sont encore possibles.
Il sera essentiel de favoriser une culture d’intégrité dans le secteur public, les entreprises et le pouvoir judiciaire, tant au niveau central qu’aux échelons locaux, notamment en adoptant des codes de conduite pour les parlementaires, ministres, personnes nommées sur décision politique et juges.
L’Ukraine a également démontré qu’elle dispose d’un solide système de gestion des risques de corruption dans les entités publiques. Toutefois, l’Ukraine ne vérifie pas si les entités publiques sont soumises à des contrôles internes, et moins de la moitié des recommandations formulées par l’institution supérieure de contrôle des finances publiques ont été suivies d’effets.
S’agissant de l’intégrité dans les affaires, d’importantes réalisations ont été accomplies à ce jour, et notamment : mise en place de canaux pour le signalement de sollicitations de pots-de-vin, adoption obligatoire de programmes de conformité avec les règles de lutte contre la corruption pour certaines entreprises (dont celles qui soumissionnent à d’importants marchés publics) et réforme du régime de responsabilité pénale des personnes morales. Pour amplifier ces progrès, l’Ukraine devrait mettre ces changements en pratique en renforçant la confiance des entreprises pour les inciter à signaler les cas de sollicitation de pots-de-vin, en instaurant une procédure de contrôle de la mise en œuvre des programmes de conformité et en engageant effectivement la responsabilité des personnes morales pour toutes les infractions de corruption.
L’Ukraine devrait aussi veiller à ce que les dons privés aux partis politiques soient dûment consignés, et renforcer la protection des lanceurs d’alerte en complétant et appliquant sa législation en la matière. L’Ukraine pourrait améliorer la redevabilité de l’action publique en adoptant le projet de loi sur le lobbying et en appliquant le registre correspondant ainsi que les lignes directrices pour empêcher toute influence indue dans l’élaboration des politiques publiques.
Voir la Synthèse de l’Étude économique de l’Ukraine reprenant ses principales conclusions et ses graphiques clés (vous êtes invités à inclure ce lien dans vos articles).
Voir l’Examen de l’intégrité et de la lutte contre la corruption consacré à l’Ukraine reprenant ses principales conclusions et ses graphiques clés (vous êtes invités à inclure ce lien dans vos articles).
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