Perspectives mondiales des sécheresses (version abrégée)

Depuis 1900, la superficie terrestre mondiale touchée par les sécheresses a doublé et, à présent, 40 % des terres de la planète subissent des épisodes de plus en plus fréquents et intenses. Nombre des records de sécheresse enregistrés l’ont été ces dernières décennies, notamment en 2022 en Europe, et en ce moment même en Amérique du Nord. Le changement climatique est un facteur clé de ce péril grandissant, car la hausse des températures, en modifiant les régimes de précipitation et en accélérant l’évaporation, réduit la disponibilité en eau douce. Un réchauffement de 4 °C pourrait multiplier par sept la fréquence et l’intensité des sécheresses, par rapport aux niveaux préindustriels (GIEC, 2021). 

Alors qu’elles ne constituent que 6 % des catastrophes hydrométéorologiques, les sécheresses sont responsables de 34 % des décès causés par ces événements (OMS, 2021). À cela s’ajoute qu’elles exacerbent la pauvreté, les inégalités et les déplacements. En dégradant les terres, les sécheresses accélèrent aussi le phénomène de désertification et participent au déclin de la biodiversité. Depuis 1980, une perte importante de l’humidité des sols est relevée sur 37 % de la surface terrestre mondiale, tandis que le niveau des cours d’eau et des aquifères est en baisse dans de nombreuses régions du monde. L’agriculture est le secteur le plus vulnérable : les diminutions des rendements des cultures pouvant atteindre 22 %, en particulier les années sèches. À mesure que les sécheresses s’intensifient, leur bilan économique s’alourdit : à l’heure actuelle, un épisode de sécheresse coûte au moins deux fois plus cher qu’en 2000, et les prévisions annoncent une augmentation de ce coût de l’ordre de 35 % à 110 % d’ici à 2035. 

L’intensification des risques de sécheresse impose d’agir en amont, de manière coordonnée, pour accroître la résilience et s’adapter au changement climatique. Chaque dollar investi dans la résilience face à la sécheresse peut rapporter jusqu’à 10 dollars de gains économiques (IDMP, 2022). Cela signifie qu’en agissant et investissant judicieusement, les pouvoirs publics sont à même de réduire les conséquences immédiates de la sécheresse et d’obtenir des résultats à long terme.