08/04/2014 - L’aide au développement a augmenté de 6.1 % en termes réels en 2013 pour atteindre son plus haut niveau historique, malgré les tensions budgétaires qui persistent dans les pays de l’OCDE depuis la crise économique mondiale. Les apports nets d’aide publique au développement (APD) des donneurs se sont élevés à 134.8 milliards USD au total, ce qui constitue un rebond après deux années de baisse des volumes, un certain nombre de pays ayant augmenté leurs dépenses au titre de l’aide étrangère.
Selon une Enquête annuelle portant sur les plans de dépenses des donneurs, menée par le Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE, les niveaux d’aide pourraient continuer d’augmenter en 2014, avant de se stabiliser. Cependant, il semble probable que la tendance à la baisse de l’aide destinée aux pays les plus pauvres d’Afrique subsaharienne se poursuive.
« Il est encourageant de constater que les pays augmentent à nouveau leurs budgets d’aide au développement malgré les contraintes financières auxquelles ils sont confrontés », a déclaré le Secrétaire général de l’OCDE, M. Angel Gurría. « En revanche, l'aide allouée à certains des pays les plus démunis continue de baisser, ce qui est un grave sujet de préoccupation. Nous devrons examiner cette question lors de la réunion du Partenariat mondial pour une coopération au développement efficace qui se tiendra à Mexico la semaine prochaine, ainsi que celle, plus générale, portant sur la façon de tirer le meilleur parti de l'APD compte tenu de la croissance des ressources disponibles pour financer le développement. »
Principaux chiffres de l’aide en 2013
Au total, sur les 28 pays membres du CAD, 17 ont augmenté leurs apports d’aide, et 11 les ont réduits. En 2013, l’APD nette des pays membres du CAD a représenté 0.3 % de leur revenu national brut (RNB). Cinq pays ont respecté l’objectif défini de longue date par les Nations Unies visant à consacrer 0.7 % de leur revenu national brut à l’APD.
Le Royaume-Uni a accru son APD de 27.8 %, ce qui lui a permis d’atteindre pour la première fois l’objectif de 0.7 %. Les Émirats arabes unis ont enregistré le rapport APD/RNB le plus élevé, à 1.25 %, en raison d’un soutien exceptionnel accordé à l’Égypte.
L’aide aux pays en développement a progressé régulièrement à partir de 1997 pour atteindre un premier niveau record en 2010. Elle s’est ensuite contractée en 2011 et 2012, lorsque les gouvernements de nombreux pays ont adopté des mesures d’austérité et amputé leurs budgets d’aide. Le rebond des budgets de l’aide observé en 2013 est tel que, même sans tenir compte des cinq pays ayant rejoint le CAD en 2013 (à savoir l’Islande, la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie et la Slovénie), les apports d’APD consentis par les membres du CAD en 2013 se situent à un niveau historiquement élevé.
Redéploiement des crédits d’aide
S’agissant de l’APD bilatérale nette, les versements d’APD ne revêtant pas la forme de dons (y compris les prises de participation) ont progressé d’environ 33 % en termes réels par rapport à 2012. Les dons totaux ont crû de 7.7 % en termes réels ; hors remises de dette, ce chiffre s’établit à 3.5%. L’aide bilatérale nette destinée aux projets de développement proprement dits (hors allégements de dette et aide humanitaire) a augmenté de près de 2.3 % en termes réels et les contributions aux budgets centraux des organisations multilatérales de 6.9 % (voir graphique 2).
L’aide bilatérale nette allouée à l’Afrique subsaharienne s’est élevée à 26.2 milliards USD, soit un repli de 4.0 % en termes réels par rapport à 2012. L’aide au continent africain a été ramenée à 28.9 milliards USD, soit une baisse de 5.6 %. Si l’on exclut les allégements de dette, qui étaient élevés en 2012 en raison du soutien apporté à la Côte d’Ivoire, l’aide nette en termes réels a progressé de 1.2 % pour l’Afrique subsaharienne, mais a reculé de 0.9 % pour l’ensemble du continent.
L’APD bilatérale nette destinée aux pays les moins avancés (PMA) a été portée à environ 30 milliards USD, soit une hausse de 12.3 % en termes réels. Ce chiffre tient toutefois compte d’un allégement de dette exceptionnel consenti au Myanmar en 2013. Des données précises quant à l’impact des opérations d’allégement de dette sur les apports d’aide aux PMA seront disponibles dans le courant de l’année.
Résultats des différents donneurs
Les donneurs les plus généreux, en volume, ont été les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne, le Japon et la France. Le Danemark, le Luxembourg, la Norvège et la Suède ont de nouveau dépassé l’objectif de 0.7 % du RNB consacré à l’APD, qui a été atteint pour la première fois par le Royaume‑Uni. Le rapport APD/RNB des Pays-Bas est inférieur à 0.7 % pour la première fois depuis 1974.
L’APD nette a augmenté dans 17 pays, les plus fortes hausses étant enregistrées en Islande, en Italie, au Japon, en Norvège et au Royaume-Uni. Elle a reculé dans 11 pays, le Canada, la France et le Portugal affichant les replis les plus marqués.
En 2013, les pays du G7 ont contribué à l’APD nette totale consentie par les membres du CAD à hauteur de 70 % et les pays du CAD membres de l’UE, à hauteur de 52 %.
Les États-Unis restent le premier donneur en volume avec des apports d’APD nette de 31.5 milliards USD, soit une hausse de 1.3 % en termes réels par rapport à 2012. La part de l’APD dans le revenu national brut des États-Unis s’est établie à 0.19 %. L’augmentation observée est principalement due aux efforts consentis dans le domaine de l’aide humanitaire et de la lutte contre le VIH/SIDA. En revanche, l’aide bilatérale nette dispensée par les États-Unis aux pays les moins avancés a baissé de 11.7 % en termes réels, pour s’établir à 8.4 milliards USD, en raison notamment de la réduction de l’aide versée à l’Afghanistan. Les versements d’APD nette en faveur de l’Afrique subsaharienne ont reculé de 2.9 %, totalisant 8.7 milliards USD.
L’APD émanant des 19 pays de l’UE qui sont membres du CAD s’est établie à 70.7 milliards USD, soit une augmentation de 5.2 % en termes réels par rapport à 2012, représentant 0.42 % de leur RNB cumulé. Les évolutions de l’APD observées dans les pays de l’UE membres du CAD ont été les suivantes :
En 2013, l’APD nette des 28 États membres de l’UE s’est montée à 71.2 milliards USD, soit 0.41 % de leur RNB cumulé. Les versements nets des institutions de l’UE aux pays en développement et aux organisations multilatérales sont ressortis à 15.9 milliards USD, en recul de 13.1 % par rapport à 2012 du fait essentiellement d’une baisse en volume des prêts concessionnels.
Dans les autres pays du CAD, l’APD nette a connu les évolutions suivantes :
D’autres pays donneurs ont modifié les chiffres provisoires suivants concernant l’APD :
En 2013, les apports brutsdes pays membres du CAD (c’est-à-dire avant déduction des remboursements de prêt) ont totalisé 151.2 milliards USD, en hausse de 9.5 % en termes réels par rapport à 2012. Dans le cadre de l’APD bilatérale brute, les instruments financiers autres que les dons ont progressé de 27.3 % en termes réels, représentant près de 18 milliards USD. En ce qui concerne l’APD brute, ce sont les États-Unis, le Japon, le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France qui viennent au premier rang des donneurs (voir tableau 2).
Perspectives d’évolution de l’APD
L’Enquête 2014 du CAD sur les plans de dépenses prévisionnels des donneurs fournit des estimations concernant les dotations d’aide futures pour l’ensemble des membres du CAD, les principaux donneurs non membres du CAD et les principaux donneurs multilatéraux jusqu’en 2017, en s’appuyant sur les recettes brutes des pays en développement au titre de l’aide-pays programmable[1]. L’APP diffère donc de l’APD en particulier du fait qu’elle comptabilise les sorties de fonds des organisations multilatérales et non les apports en leur faveur. L’augmentation de l’APP annoncée l’an dernier pour 2013 s’est traduite par une progression générale de l’APD et a touché tous les groupes de revenu. L’APP globale a augmenté de 10.2 % en termes réels en 2013 pour s’établir à 103.1 milliards USD, mais l’évolution est très différente selon qu’il s’agit des membres du CAD (+2.0 %), des organisations multilatérales (+17.6 %) ou des donneurs non membres du CAD (+123.7 %).
Selon les prévisions, l’APP devrait augmenter légèrement de 2.4 % en termes réels en 2014 en raison de l’augmentation continue de l’APP consentie par quelques donneurs du CAD et organisations multilatérales, et rester stable après 2014.
L’Enquête donne à penser qu’une place privilégiée continuera d’être accordée à moyen terme aux pays à revenu intermédiaire (dont une grande partie de la population vit dans l’extrême pauvreté), comme le Brésil, la Chine, le Chili, la Géorgie, l’Inde, le Mexique, le Pakistan, le Sri Lanka et l’Ouzbékistan notamment, qui devraient bénéficier de hausses programmées supérieures à 5 % jusqu’en 2017. Il est très probable que l’aide à ces pays prendra la forme de prêts assortis de conditions libérales.
En revanche, l’Enquête laisse augurer une poursuite de l’inquiétante tendance à la baisse de l’aide programmée en faveur des PMA et des pays à faible revenu (PFR) observée ces dernières années, en particulier en Afrique où l’on enregistre les retards les plus importants au regard des OMD. L’APP aux PMA et aux PFR devrait reculer de 5 % globalement, témoignant d’un accès restreint aux dons pourtant indispensables à ces pays.
Cependant, certains pays d’Asie pourraient voir l’aide dont ils bénéficient augmenter de sorte que d’ici 2017, les dotations globales en faveur de l’Asie devraient égaler celles destinées à l’Afrique.
Des données détaillées issues de l’Enquête seront publiées sur le site web de l’OCDE pour les donneurs participant à la politique de diffusion des données[2].
Pour obtenir plus d'informations, les journalistes peuvent contacter (news.contact@oecd.org ; 01.45.24.97.00).
Pour plus d’informations et pour consulter les graphiques dynamiques, voir : http://www.oecd.org/fr/cad/stats/.
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[1]L’aide-pays programmable (APP), également appelée « aide de base », est la part de l’aide que les donneurs programment pour chaque pays et sur laquelle les pays partenaires peuvent avoir une influence significative. L’APP permet beaucoup mieux que l’APD de saisir les apports d’aide consentis aux pays partenaires et, dans plusieurs études, elle s’est avérée être un bon indicateur de l’aide comptabilisée au niveau des pays. Pour en savoir plus.
[2]Voir http://www.oecd.org/fr/cad/architecture/previsibilitedelaide.htm.
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