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Salle de presse

Développement: l'aide aux pays en développement fléchit sous l'effet de la recession mondiale

 

04/04/2012 - L’aide consentie aux pays en développement par les principaux donneurs a reculé de près de 3 % en 2011, ce qui rompt avec une longue succession d’augmentations annuelles; abstraction faite des années marquées par des opérations exceptionnelles d’allégement de dette. Il s’agit là de la première baisse depuis 1997. Les contraintes budgétaires qui vont continuer de peser sur les pays de l'OCDE influeront sur le niveau de l’aide au cours des prochaines années.

Le Secrétaire général de l’OCDE Angel Gurría a encouragé les donneurs  à tenir leurs engagements, « la diminution de l’APD est source de grande inquiétude, à un moment où les pays en développement ont été frappés par les répercussions de la crise, alors qu’ils en ont le plus besoin. L’aide est seulement une partie des apports totaux vers les pays à bas revenus, mais en ces temps économiques difficiles, cela signifie également moins d’investissements et moins d’exportations. J’applaudis les pays qui  tiennent leurs engagements malgré de sévères plans de consolidation fiscale. Ceux-ci montrent que la crise ne devrait pas être utilisée comme excuse pour réduire les contributions à la coopération au développement. »


Principaux chiffres de l’aide en 2011

En 2011, les apports nets d’aide publique au développement (APD) versés par les membres du Comité d’Aide au Développement (CAD) de l’OCDE se sont chiffrés à 133.5 milliards USD, ce qui représente 0.31 % de leur revenu national brut (RNB) cumulé. En valeur réelle, l’APD a fléchi de 2.7 % par rapport à 2010, année où elle avait atteint son niveau record. Ce repli est dû pour l’essentiel aux contraintes budgétaires qui prévalent dans plusieurs pays du CAD, qui ont une forte incidence sur les budgets consacrés à l’APD (voir tableau 1 et graphique 1).

J. Brian Atwood, Président du Comité d’Aide au Développement de l’OCDE a noté que : « Je suis certes déçu que certains pays aient manqué à leurs engagements, mais le niveau global reflète la prise de conscience croissante quant au fait que les défis mondiaux – des maladies aux risques sécuritaires et au changement climatique – ne sauraient être résolus sans une avancée du développement.»

La qualité de l’aide est également importante – il est crucial de la rendre plus efficace grâce  à des partenariats plus forts entre les pays développés et en développement. Le nouveau Partenariat Mondial mis en place  à Busan et la nouvelle Stratégie du Développement de l’OCDE,  qui doit être publiée en mai, ouvrent une nouvelle voie pour le développement à venir.

Sur le total de l’APD nette consentie, l’aide bilatérale affectée à des programmes et projets de développement (c’est-à-dire hors allégements de dette et aide humanitaire) a reculé de 4.5 % en termes réels (voir graphique 2).

L’APD bilatérale à l’Afrique subsaharienne s’est chiffrée à 28.0 milliards USD, soit une diminution de 0.9 % en valeur réelle par rapport à 2010.  L’aide au continent africain a en revanche augmenté de 0.9 %, pour atteindre 31.4 milliards USD, sous l’effet d’un accroissement de l’aide consentie à l’Afrique du Nord à la suite des révolutions qui ont eu lieu dans la région.

Le groupe des pays les moins avancés (PMA) a également vu reculer les apports nets d’APD bilatérale qui leur étaient destinés, lesquels ont perdu 8.9 % en termes réels pour tomber à 27.7 milliards USD.

 

APD nette et APD/RNB en 2011. Cliquer sur l'image pour accéder à la version dynamique
 


Résultats des différents donneurs

En 2011, les donneurs qui se sont montrés le plus généreux par le volume de leur aide sont les États-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la France et le Japon.  De leur côté, le Danemark, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Norvège et la Suède ont à nouveau dépassé l’objectif de 0.7 % du RNB fixé par les Nations unies. Les pays dont les apports d’APD ont le plus augmenté en termes réels sont l’Italie, la Nouvelle-Zélande, la Suède et la Suisse. En revanche, l’APD a régressé dans seize pays du CAD, les plus fortes baisses ayant été enregistrées en Autriche, en Belgique, en Grèce, au Japon et en Espagne. Les pays du G7 ont contribué à hauteur de 69% à l’APD du CAD ; les pays de l’Union Européenne ont quant à eux fourni 54 % de l’APD du CAD.

En volume, les États-Unis se classent toujours premiers, avec des versements nets d’APD de 30.7 milliards USD, en repli de 0.9 % en valeur réelle par rapport à 2010.  Le rapport APD/RNB est ainsi passé de 0.21 % en 2010 à 0.20 %.  L’APD bilatérale consentie à l’Afrique s’étant élevée à un niveau record de 9.3 milliards USD (+17.4 %), et celle allouée aux PMA à 10.0 milliards USD (+6.9 %). 


Cliquer sur la carte pour une version interactive des données de l'APD


L’APD émanant des quinze pays de l’UE qui sont membres du CAD s’est établie à 72.3 milliards USD en 2011, soit 54 % du total des apports nets d’APD fournis par l’ensemble des donneurs du CAD.  En pourcentage de leur RNB, l’APD a représenté 0.45 %, niveau supérieur à la moyenne du CAD qui est de 0.31 %.  Les évolutions de l’APD en termes réels observées dans les divers pays de l’UE membres du CAD ont été les suivantes :

  • Autriche (-14.3 %) : principalement dû à une baisse des dons au titre de l’allègement de dette ;
  • Belgique (-13.3 %) : sous l’effet d’une baisse des dons bilatéraux par rapport à 2010 au titre de l'allègement de la dette  ;
  • Danemark (-2.4 %) ;
  • Finlande (-4.3 %) ;
  • France (-5.6%) ;
  • Allemagne (+5.9 %) : en raison d’un accroissement des dons bilatéraux ;
  • Grèce (-39.3 %) : suite à la grave crise budgétaire  ;
  • Irlande (-3.1 %) ;
  • Italie (+33.0 %) : sous l’effet d’une augmentation des dons consentis au titre l’allégement de la dette ainsi que d’un afflux de réfugiés en provenance d’Afrique du Nord ;
  • Luxembourg (-5.4 %) ;
  • Pays-Bas (-6.4 %) ; sous l’effet de la décision de fixer le budget 2011de l’APD à 0,75% du RNB
  • Portugal (-3.0 %) ;
  • Espagne (-32.7 %) : du fait de fortes réductions de l’aide bilatérale consécutives à la crise financière ;
  • Suède (+10.5 %) : du fait que la Suède ait continué à verser 0 ,1% de son RNB à l’APD;
  • Royaume-Uni (-0.8 %) : légère baisse après avoir dépassé son objectif en 2010 ; le Royaume Uni reste néanmoins sur la bonne voie pour atteindre un ratio APD/RNB de 0,7% d’ici à 2013.

L’APD nette cumulée versée par l’ensemble des 27 États membres de l’UE s’est chiffrée à 73.6 milliards USD en 2011, soit 0.42 % de leur RNB, contre 0.44 % en 2010.  Les dons consentis par les institutions de l’UE aux pays en développement et aux organisations multilatérales œuvrant au développement ont totalisé 12.6 milliards USD, soit une baisse de 6.4 % par rapport à 2010, due principalement à l’étendue de dialogues politiques pour des opérations de soutien budgétaire avec certains pays.

Dans les autres pays du CAD, l’APD nette a connu les évolutions suivantes :

  • Australie (+5.7 %) : en raison d’une augmentation des dons bilatéraux ;
  • Canada (-5.3 %) ;
  • Japon (-10.8 %) : après une augmentation importante de l’APD en 2010;
  • Corée (+5.8 %) ;
  • Nouvelle-Zélande (+10.7 %) : sous l’effet d’une intensification de l’effort global d’aide pour atteindre un niveau d’APD de 600 millions NZD ;
  • Norvège (-8.3 %) ;
  • Suisse (+13.2 %) : du fait de l’effort consenti pour porter son APD à 0.5 % du RNB d’ici à 2015.

En 2011, les apports bruts d’APD (c’est-à-dire avant déduction des remboursements de prêts) ont totalisé 147.7 milliards USD, en baisse de 2.0 % en valeur réelle par rapport à 2010.  Au regard de cet agrégat, viennent aux premiers rangs les États-Unis, le Japon, l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni (voir tableau 2).

Les apports nets d’APD des membres de l’OCDE n’appartenant pas au CAD ont évolué comme suit :

  • République Tchèque (4.2 %) ;
  • Estonie (+21.1 %) ;
  • Hongrie (+16.2 %) ;
  • Islande (-18.2%) ;
  • Israël (+14.9 %) ;
  • Pologne (+5.6 %) ;
  • République slovaque (+10.1 %) ;
  • Slovénie (+1.7 %) ;
  • Turquie (+38.2 %).

 

Perspectives d’évolution de l’APD

Pendant plus d’une décennie jusqu’en 2011, l’aide a régulièrement progressé.  L’APD nette s’est accrue de 63 % entre 2000 et 2010, année où elle a atteint son record. Depuis longtemps une source stable de financement du développement, l’APD a permis d’atténuer les conséquences immédiates de précédentes crises financières  (ex. : après la crise de la dette mexicaine au début des années 80 ou la récession du début des années 90). Néanmoins, la récession que connaissent plusieurs donneurs du CAD a déjà eu pour effet de réduire considérablement les budgets d’aide et les autres donneurs seront de plus en plus mis à l’épreuve dans les années qui viennent.

Une partie de l’aide transite par le canal d’organisations internationales et  n’est donc pas reçue immédiatement. Une mesure utile des montants effectivement perçus – l’aide-pays programmable (APP) - serait estimée, selon des chiffres provisoires, à 93.1 milliards USD en 2011, soit un recul de 2.4 % par rapport à 2010, analogue au repli enregistré pour l’APD. Ce fléchissement, qui représente une baisse de près de 2.3 milliards USD en termes réels, a principalement concerné les pays d’Amérique centrale, ainsi que quelques importants bénéficiaires d’aide d’Asie de l’Est (ex. : Indonésie et Philippines). Le recul de l’APP entre 2010 et 2011 s’inscrit en rupture par rapport à la tendance observée jusqu’ici et aux augmentations initiales convenues par les acteurs du financement multilatéral au début de la crise financière afin d’en atténuer les effets  sur les pays en développement.

En ce qui concerne l’avenir, l’Enquête du CAD-OCDE sur les plans prévisionnels de dépenses des donneurs de 2012 à 2015  laisse penser que l’APP globale pourrait quelque peu augmenter (de 6 % en termes réels) en 2012. Toutefois, il s’agirait pour l’essentiel d’augmentations prévues des prêts assortis de conditions libérales consentis par les organismes multilatéraux (sorties) à attribuer à l’effet différé de reconstitutions de leurs ressources en 2009-2011. A partir de 2013, l’APP devrait stagner, ce qui confirmerait les constatations antérieures selon lesquelles il pourrait se passer plusieurs années avant que la récession fasse pleinement sentir ses effets sur les apports d’aide . Selon les projections actuelles des donneurs, ce fléchissement à partir de 2013 variera peut-être selon les régions, l’APP consentie à l’Amérique latine étant appelée à continuer d’évoluer à la baisse, tandis que celle versée aux pays d’Asie du Sud et d’Asie centrale comme le Bangladesh, le Myanmar et le Népal pourrait remonter. S’agissant de l’Afrique, l’Enquête prévoit   quelques changements en ce qui concerne l’APP, même si les événements récents qui se sont produits dans la région du Sahel et de l’Afrique du Nord pourraient amener les donneurs à modifier quelque peu leurs programmes. Pour les pays se trouvant dans des situations fragiles (46 pays en 2011), l’Enquête prévoit peu de changement en total d’APP, les plus grandes hausses étant attendues en République Démocratique du Congo et au Kenya, et les plus fortes baisses en Haïti et en Afghanistan.

L’année dernière, les membres du CAD ont approuvé une Recommandation du CAD (1) sur les bonnes pratiques pour la prise d’engagements, conçues dans l’optique d’aider les apporteurs d’aide au développement à prendre des engagements crédibles et réalistes de façon à renforcer la transparence de l’aide et la responsabilité. Cette Recommandation pourrait être une contribution utile aux conférences qui vont être consacrées aux objectifs mondiaux et à leur financement (voir note 4).

 

Ce document est fondé sur les réponses des pays membres de l’OCDE au questionnaire anticipé sur les principaux agrégats de l’APD. Les données peuvent être sujettes à révision. Pour plus d’informations  et des renseignements sur les graphiques dynamiques, voir : www.oecd.org/cad/stats.

Pour toute information, les journalistes sont invités à prendre contact auprès de Helen Fisher à la Division des Médias de l’OCDE (Helen.Fisher@oecd.org; Tél. : +33 145 24 80 97).

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 1 L’APP est calculée sur la base des recettes brutes ; en sont exclus les éléments non programmables tels que l’aide humanitaire, les allégements de dette et les dépenses encourues dans les pays donneurs comme les frais administratifs et le coût des réfugiés. Pour de plus amples détails sur l’APP, voir http://oecd.org/document/38/0,3746,fr_2649_3236398_49522940_1_1_1_1,00.html
 2 Voir http://oecd.org/document/30/0,3746,fr_2649_3236398_49523126_1_1_1_1,00.html.  Les résultats définitifs de l’Enquête 2012 seront disponibles en juin 2012, et comprendront pour la première fois des informations détaillées sur les programmes pour les pays qui ont accepté de rendre accessibles ces données. Ces résultats guideront les échanges de vues qui auront lieu entre les donneurs au niveau des services centraux sur les futures dotations au titre de l’aide. 
 3 Voir le Rapport sur la coopération pour le développement de 1996, pages 95-97.

 4. Voir les informations disponibles ici

>> Voir les tableaux et graphiques en annexe:

  • Tableau 1 : Aide publique au développement nette des membres du CAD et des autres membres de l'OCDE en 2011 (Données préliminaires pour 2011)
  • Graphique 1: Aide publique au développement nette des membres du CAD en 2011 (Données préliminaires pour 2011)
  • Graphique 2: Composition de l'APD nette émanant des pays membres du CAD
  • Tableau 2 : Aide publique au développement brute en 2011 (Données préliminaires pour 2011)

 

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