19/06/2018 - L’économie européenne connaît une croissance solide, à la faveur d’une politique monétaire accommodante, d’une politique budgétaire modérément expansionniste et de l’accélération mondiale de l’activité. L’expansion économique en cours devrait être mise à profit pour accélérer la mise en œuvre de réformes de l’architecture de la zone euro et des politiques publiques à même de promouvoir l’intégration européenne et de garantir une croissance à long terme plus forte et inclusive, selon deux nouveaux rapports publiés par l’OCDE.
Dans ses deux dernières Études économiques de l’Union européenne et de la zone euro, l’OCDE examine les facteurs qui expliquent la vigueur de la reprise, ainsi que les défis auquel l’Europe va se trouver confrontée. Les auteurs des Études prévoient que la croissance devrait dépasser les 2 % pour la période 2018-19 et présentent un programme d’action permettant de stimuler la croissance à long terme et les niveaux de vie dans toute l’Europe.
Dans les deux Études, présentées à Bruxelles par le Secrétaire général de l’OCDE M. Angel Gurría, la nécessité de réformer le budget de l’UE, de mettre en œuvre des politiques plus efficaces pour réduire les fractures régionales et de poursuivre les efforts visant à approfondir le marché unique est mise en relief. L’OCDE montre également comment le parachèvement de l’union bancaire, la création d’un mécanisme de soutien budgétaire commun et la simplification des règles budgétaires sont autant de mesures qui permettraient de rendre la zone euro plus résiliente face aux chocs économiques.
« Après des années de crise, une dynamique économique positive a pris corps dans toute l’Europe », a déclaré M. Gurría. « La croissance se poursuit à un rythme soutenu, et s’est généralisée parmi les secteurs et parmi les pays. Les conditions sont réunies pour procéder à une nouvelle vague de réformes afin de relancer le projet européen et de faire en sorte que les avantages en soient partagés par tous. » Lire le discours (en anglais).
D’après les Études, la politique macroéconomique devrait être ajustée de façon à soutenir l’expansion économique tout en réduisant les déséquilibres. La politique monétaire devrait rester accommodante jusqu’à ce que l’inflation ait renoué durablement avec son objectif, quand bien même la BCE devrait se préparer à une normalisation très progressive de sa politique. Dans le contexte actuel d’expansion économique, les gouvernements devraient s’efforcer de réduire leurs ratios dette/PIB. Des règles budgétaires simplifiées et une attention plus grande accordée à l’augmentation des dépenses devraient contribuer à la réalisation de cet objectif sans compromettre la reprise.
Pour conforter les progrès économiques futurs, il est indispensable de garantir la stabilité de l’union monétaire et d’accroître la résilience de la monnaie commune aux récessions. Un partage plus large des risques sera nécessaire. Les auteurs des Études appellent à la mise en place d’un régime de réassurance chômage permettant de faire face aux chocs économiques trop massifs pour pouvoir être contrés uniquement par des politiques budgétaires ou monétaires nationales. Il importe également d’engager des réformes pour développer l’union des marchés de capitaux et, parallèlement, réduire rapidement le volume des prêts non performants, afin de permettre à l’Union économique et monétaire de mieux fonctionner.
D’autres réformes visant à parachever l’union bancaire sont aussi nécessaires, en particulier la mise en place d’un mécanisme commun d’assurance des dépôts au niveau européen et l’utilisation du Mécanisme européen de stabilité pour soutenir le Fonds de résolution unique ; ces deux réformes contribueraient à éviter qu’une éventuelle crise bancaire future ne puisse dégénérer en crise de la dette souveraine. Des exigences de fonds propres supplémentaires pour les banques détenant une forte proportion d’emprunts souverains de leur propre pays devraient être introduites, et un nouvel actif européen sans risque devrait être parallèlement créé. De telles mesures favoriseraient la diversification des expositions des banques aux emprunts d’État et permettraient d’amoindrir les éventuels effets d’entraînement négatifs entre les banques fragiles et les finances publiques sous pression.
Réformer le budget de l’UE pourrait stimuler la croissance et la rendre plus inclusive. Une marge existe pour augmenter les contributions des États membres, notamment en revoyant le mode de financement du budget européen qui, sous sa forme actuelle, ne reflète pas la capacité des pays à y contribuer. Les auteurs des Études suggèrent que des ressources permettant de financer des dépenses propices à la croissance, notamment la Recherche et Développement, pourraient être libérées grâce à la suppression progressive des paiements basés sur la production dans la Politique agricole commune et à un ciblage plus fin de la politique régionale en faveur des régions en retard.
Améliorer le fonctionnement du Marché unique permettrait de stimuler la croissance et les niveaux de vie, peut-on lire dans les Études. Il est possible d’alléger la charge de la réglementation et de s’attaquer aux obstacles aux échanges dans les services, de renforcer la coopération transnationale dans le secteur de l’énergie grâce à une amélioration du fonctionnement et des échanges dans le secteur de l’électricité, et d’aider les États membres à développer l’acquisition des compétences numériques.
Une Synthèse des Études économiques reprenant les principales conclusions peut être consultée à http://www.oecd.org/fr/economie/etude-economique-union-europeenne-et-zone-euro.htm.
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