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Corriger les politiques d’hier à l’appui des échanges de demain

Retour vers le futur : corriger les politiques d’hier à l’appui des échanges de demain

28 février 2019 | Janos Ferencz et Javier Lopez Gonzalez

Dans Retour vers le futur II, un classique du cinéma sorti en 1989, Marty McFly fait un bond dans le temps de 1985 à 2015 et se retrouve au Café 80, un restaurant où des serveurs robots inspirés de stars des années 80 accueillent les clients, prennent leurs commandes et les servent.

En 2015, et bien plus encore ces dernières années, les progrès technologiques comme l’intelligence artificielle (IA) ont repoussé les limites en allant bien plus loin que les commandes numériques au restaurant et dans les chaînes de restauration rapide. Les algorithmes d’apprentissage automatique fondamentaux, technologie sur laquelle repose l’intelligence artificielle, s’appuient sur de gros volumes de données pour donner aux activités de services et au secteur manufacturier les moyens d’être compétitifs à chaque maillon de la chaîne de valeur – ce qui implique souvent des transferts de données transfrontières. Les technologies d’IA améliorent l’efficience de la production, permettent d’analyser en temps réel les goûts et les préférences des consommateurs, sous-tendent le commerce en ligne et les services à la clientèle autonomes sur les marchés du monde entier, et bien plus encore.

De route ? Là où on va, on a besoin de services.

À l’instar de nombreuses dimensions de la transformation numérique, les services constituent la clef de voûte des nouvelles technologies telles que l’intelligence artificielle. Les algorithmes, les logiciels et l’ingénierie informatique constituent le « cerveau » de l’IA, tandis que les services de télécommunications veillent à ce que les informations circulent rapidement et de manière fiable à travers les réseaux numériques. Les services « classiques » sont désormais aussi nombreux à s’appuyer sur le numérique, souvent en association avec l’IA : les services de transport à la demande modernes (à l’exception pour le moment du transport aérien) ont recours à des algorithmes pour améliorer la tarification des courses et contrôler la demande compte tenu d’une offre limitée, tandis que les services de diffusion de musique en flux (qui remplacent le jukebox du Café 80) s’appuient sur l’apprentissage automatique pour automatiser les recommandations proposées.

Pour autant, la réglementation du commerce mondial n’a pas suivi le rythme des progrès technologiques et les obstacles aux échanges qui se dessinent pourraient limiter certains des avantages offerts par l’essor du numérique. Les obstacles aux échanges de services qui sous-tendent les technologies telles que l’intelligence artificielle font obstacle à l’utilisation de l’IA elle-même.

Nom de Zeus, c’est l’Indice de restrictivité des échanges de services numériques !

On manque toutefois de données comparables et exhaustives sur la réglementation ayant une incidence sur les transactions numériques. L’Indice de restrictivité des échanges de services numériques de l'OCDE vise à combler cette lacune en établissant une cartographie du cadre réglementaire transversal des échanges de services via les réseaux numériques dans 46 pays, afin d’apporter un nouvel éclairage sur la complexité du cadre réglementaire auquel sont confrontées les entreprises aujourd’hui. Il n’est pas surprenant que les approches adoptées en matière de réglementation du numérique soient très différentes en fonction des pays.

Plusieurs grands enjeux d’action publique sont mis en évidence dans l’Indice de restrictivité des échanges de services numériques, notamment la nécessité de s’assurer que la réglementation favorise bien les interconnexions à haut débit entre les réseaux de communication plutôt qu’elle ne les entrave, de même qu’elle promeut la concurrence entre les fournisseurs de services de télécommunications, ce qui pourrait encourager les investissements dans des réseaux plus rapides et plus fiables.

 

Mais alors, ça fonctionne avec quoi… des données ?

Si la DeLorean volante utilisée pour voyager dans le temps utilisait les ordures ménagères comme carburant, les échanges numériques et les nouvelles technologies fonctionnent avec des données. C’est pourquoi il est essentiel de mettre en place des réglementations assurant un juste équilibre entre les transferts de données transfrontières et les obligations de stockage local. Mais les échanges de données à travers les frontières suscitent des préoccupations, portant aussi bien sur la protection de la vie privée que sur la sécurité et les droits de propriété intellectuelle. Il ressort de travaux récents de l'OCDE que ces craintes ont abouti à l’adoption de diverses mesures limitant la circulation des données ou imposant que les données soient stockées localement. Ces mesures sont susceptibles d’avoir une incidence sur les échanges et l’innovation.

À terme, le défi consiste à trouver un équilibre entre la réalisation d’objectifs importants de la réglementation – comme la protection de la vie privée – et la mise en place d’un cadre d’action permettant aux entreprises et aux consommateurs de profiter des avantages d’un internet mondial. À mesure que l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique transforment le commerce mondial, il est impératif de renforcer dès à présent la coopération internationale en matière de réglementation afin de bâtir un cadre d’action propice aux échanges numériques.

En définitive, nous ne pouvons que spéculer sur ce à quoi ressemblerait le futur si Marty McFly faisait un bond dans le temps de cent ans. Il pourrait découvrir que les technologies fondées sur l’IA ont transformé le commerce, éradiqué la pauvreté et amélioré le bien-être à l’échelle de la société dans son ensemble. Qui sait, il pourrait même s’apercevoir que l’hoverboard est enfin devenu réalité ! Ce qu’il ne faudrait pas qu’il découvre néanmoins, c’est une réglementation des échanges figée dans le passé.

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