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Centre de développement

La philanthropie privée dans les pays en développement : un potentiel à mieux exploiter, selon un nouveau rapport

 

Les fondations des pays émergents ont représenté 19 % du total des flux philanthropiques pour le développement sur la période 2016-19. En Inde, en République populaire de Chine et au Mexique, leur financement a dépassé les flux philanthropiques internationaux, selon le rapport Private Philanthropy for Development 2021.

 

Lors du lancement du rapport aujourd'hui, le Secrétaire général de l'OCDE, Mathias Cormann, a déclaré :  « La philanthropie privée pour le développement joue un rôle central en apportant des ressources ciblées, en mobilisant des capitaux privés et en testant des approches innovantes pour soutenir de nombreuses communautés des pays du Sud. Elle sait s’adapter rapidement aux changements pour répondre aux besoins de développement. »

 

La deuxième édition du rapport, qui couvre 205 organisations dans 32 pays, constate que la philanthropie privée pour le développement s'est élevée à 42,5 milliards de dollars entre 2016 et 2019, soit une moyenne annuelle de 10,6 milliards de dollars. La plupart de ces fonds étaient des flux transfrontaliers, dont plus de la moitié en provenance des États-Unis (24 milliards USD).

 

La plupart des financements philanthropiques ciblaient les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, qui ont reçu environ 9,9 milliards USD au cours de la période 2016-19. Les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure ont reçu 9,1 milliards de dollars. Une part plus faible des dons philanthropiques a été dirigée vers les pays à faible revenu, atteignant 3 milliards de dollars. Ce sont l'Amérique latine et les Caraïbes qui ont reçu la plus grande part du financement philanthropique total (transfrontalier et national), suivies par l'Asie du Sud. L'Afrique subsaharienne a reçu la plus grande proportion de la philanthropie transfrontalière.

 

Les sources des dons philanthropiques aux pays en développement sont très concentrées. La majeure partie de la philanthropie transfrontalière a été fournie par la Fondation Bill & Melinda Gates (16,1 milliards USD, soit 38 % du financement philanthropique total), tandis que le plus grand fournisseur de philanthropie nationale était Tata Trusts, qui a alloué 0,9 milliard USD. Les dix principaux bailleurs de fonds transfrontaliers ont fourni 76 % de tous les financements transfrontaliers, tandis que les dix plus grandes organisations philanthropiques opérant au niveau national ont fourni 50 % de tous les dons nationaux identifiés.

 

Le rapport souligne également que la philanthropie privée reste modeste par rapport à l'aide publique au développement (APD). Sur la période 2016-19, la première représentait l'équivalent de 7 % de l'APD des membres du Comité d'aide au développement de l'OCDE, à 595,5 milliards USD. Néanmoins, les fondations jouent un rôle déterminant dans certains domaines, notamment la santé et l'éducation. Plus d'un tiers de leurs financements (43%) a été alloué à la santé et à la santé reproductive, pour un total de 18,4 milliards de dollars sur la période.

 

Le rapport donne un nouvel éclairage sur les stratégies des fondations philanthropiques en termes de dépenses, d'investissement, de plaidoyer, de suivi et d'évaluation. Il met en évidence une série de défis qui limitent leur contribution au développement : aversion au risque, temps et ressources limités pour un apprentissage et un plaidoyer rigoureux, manque de transparence et capacités limitées pour mobiliser les financements pour le développement.

Sur la base de ce diagnostic, le rapport fournit des recommandations aux fondations et aux gouvernements pour tirer davantage parti de la philanthropie privée mondiale pour le développement.

 

Les fondations devraient :

• investir davantage dans un apprentissage rigoureux et devrait étayer les initiatives avec des preuves solides d'efficacité ;

• partager des données sur les dons philanthropiques pour mieux identifier les déficits de financement, éviter les doubles emplois, explorer les synergies avec d'autres bailleurs de fonds et informer le grand public ;

• augmenter les capacités internes, y compris les compétences financières des conseils d'administration, de la direction et du personnel, et se coordonner avec d'autres donateurs pour mettre en commun les fonds pour l'apprentissage et le plaidoyer communs.

 

Les gouvernements devraient :

• encourager une plus grande transparence dans le secteur philanthropique en exigeant des rapports annuels et en renforçant la capacité des bureaux nationaux de statistique à surveiller le financement du développement des fondations, des fournisseurs d'APD et d'autres sources ;

• envisager de supprimer les contraintes sur la philanthropie transfrontalière, y compris les différences de traitement fiscal entre activités menées dans le pays et à l'étranger, ou le refus d'exonérations fiscales pour les activités dont les bénéficiaires sont des organisations étrangères d'intérêt public ; réévaluer les situations spécifiques justifiant un traitement fiscal plus égal entre financements national et transfrontalier ;

• impliquer les fondations dans les efforts de suivi et d'évaluation des fournisseurs d'APD à travers le renforcement des capacités de suivi, d'évaluation et d'apprentissage, et le partage transparent des résultats d'évaluation.

 

Le Centre de l'OCDE sur la philanthropie fournit des données et des analyses sur les tendances mondiales de la philanthropie pour le développement dans le contexte de l’Agenda 2030. Les données du rapport sont accessibles à l'adresse https://oecd-main.shinyapps.io/philanthropy4development/

 

Pour plus d'informations ou pour demander une copie du reportage, les journalistes sont invités à contacter Bochra Kriout (Tél : +331 45 24 82 96)

 

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