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Centre de développement

Une meilleure coordination internationale pourrait permettre de tirer davantage parti des migrations au niveau mondial

 

12/12/2016 - Si nombre de régions en développement connaissent un dynamisme économique grandissant, les flux migratoires internationaux ne se déplacent pas pour autant vers ces nouveaux pôles de croissance mais convergent plutôt vers les économies avancées, selon un nouveau rapport du Centre de développement de l’OCDE.

 

Perspectives du développement mondial 2017 : Les migrations dans un monde en mutation montre que, si la part des migrants mondiaux venant de pays en développement est restée assez stable au cours des 20 dernières années , aux alentours de 80 %, la part des migrants de pays en développement qui se dirigent vers des pays à revenu élevé a fait un bond, passant de 36 % à 51 % du total mondial. Le rapport étudie l’impact des migrations sur les pays en développement et examine les politiques qui peuvent aider à en maximiser les avantages et à stimuler le développement.

 

Plusieurs facteurs déterminent la physionomie actuelle des migrations. Malgré la croissance économique rapide qu’enregistrent beaucoup d’économies en développement, l’écart moyen de revenu par habitant entre économies en développement et économies avancées a augmenté pour passer de 20 000 USD environ en 1995 à plus de 35 000 USD en 2015, renforçant encore l’attrait des seconds aux yeux des migrants. Si les pays en développement ont vu s’améliorer le bien-être de leur population dans des domaines tels que l’espérance de vie, la sécurité, la santé et l’éducation, les disparités en la matière par rapport aux pays avancés demeurent fortes. L’existence de réseaux de migrants qui vivent déjà dans les pays d’accueil (famille, amis et communauté) a pour effet de faciliter les migrations et d’accentuer ainsi leur concentration sur un petit nombre de destinations privilégiées.

 

Parmi les autres déterminants qui influent sur les tendances migratoires figurent les politiques d'immigration, l’élévation du niveau d’instruction dans les pays en développement, ainsi que les changements démographiques et l’évolution des besoins du marché du travail observés dans le monde entier.

 

La proportion de personnes qui vivent en dehors de leur pays d’origine est passée de 2,7 % de la population mondiale en 1995 à 3,3 % en 2015, soit, en l’espace de 20 ans, une augmentation d’environ 85 millions de personnes qui a porté à quelque 245 millions le nombre total de migrants internationaux.

 

« Les migrations sont une résultante naturelle du développement économique dont peuvent tirer avantage aussi bien les pays d’origine que les pays de destination. C’est une tendance qui est appelée à durer, il faut donc que tous les pays y trouvent leur intérêt », a déclaré Angel Gurría, Secrétaire général de l’OCDE. « Une amélioration de la coopération aiderait les économies en développement, émergentes et avancées à mieux gérer les migrations pour l’avantage  de tous, et à garantir ainsi que celles-ci feront plus  de gagnants et moins de perdants ».

 

Les migrations peuvent avoir des effets tant positifs que négatifs sur les pays d’origine et les pays de destination. S’agissant des pays qui voient partir leurs ressortissants, cette perte de main-d’œuvre peut réduire la pression qui s’exerce sur des marchés du travail surpeuplés et permettre ainsi de soutenir les salaires et d’atténuer le chômage. De plus, les migrants envoient des fonds à leur famille et rapportent des connaissances et des idées lorsqu’ils rentrent chez eux. Mais l’émigration peut aussi avoir un coût économique et social, comme les pénuries de main-d’œuvre, la perte de travailleurs instruits et qualifiés ou les répercussions sociales du départ sur les proches restés au pays. Les pouvoirs publics des pays d’origine doivent prendre des mesures pour faire face à ces coûts tout en créant les conditions requises pour porter au maximum les avantages produits.

 

Les pays de destination peuvent profiter des migrations pour remédier aux pénuries de main-d’œuvre, surtout dans des secteurs spécifiques. Toutefois, la contribution des immigrés ne se limite pas à leur travail : ceux-ci investissent aussi dans leur pays d’accueil et contribuent à y créer des emplois. Et ils sont d’ailleurs moins susceptibles de recevoir des transferts publics que les autochtones. Mais ils ont moins de chances que ces derniers d’obtenir un contrat de travail formel. Les politiques publiques des pays de destination en développement doivent viser à investir dans l’insertion économique et sociale des immigrés, et permettre de faire face à l’impact que peut produire un afflux massif de migrants sur la capacité de réponse des services publics, notamment à l’échelon infranational.


Étant donné que le nombre de personnes qui migrent va probablement continuer à croître, il apparaît de plus en plus nécessaire de renforcer la coopération internationale dans la gestion des flux migratoires, ainsi que de disposer d’un cadre pour la prise en main des crises des réfugiés, phénomène distinct de celui des migrations économiques et d’une ampleur moindre. Même avec la crise actuelle, les réfugiés représentent en effet moins de 10 % du total des migrants du monde entier.

 

Les efforts d’amélioration de la coopération internationale devraient porter sur des domaines tels que la protection des droits des migrants, les accords de visa, les coûts afférents au recrutement et aux envois de fonds, ainsi que les partenariats pour les qualifications et les compétences.

 

Afin d’atteindre ces buts ambitieux, l’inclusion réussie  des cibles concernant les migrations dans les Objectifs de développement durable est une étape importante pour favoriser l’adoption d’engagements qui puissent faire l’objet d’un suivi aux niveaux multilatéral, régional et national. Le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières proposé par les Nations Unies représente une avancée positive vers l’instauration d’une coopération internationale plus efficace. Le Pacte mondial sur les réfugiés constituera également un élément important du cadre solide qu’il est nécessaire de créer pour la prise en charge des futures crises des réfugiés.

 

Les points saillants  du rapport ont été discutés hier, au Forum mondial sur la migration et le développement qui s’est tenu à Dacca, au Bangladesh, lors d’une réunion sur l’avenir des migrations internationales dans un monde en mutation à laquelle ont pris part des experts du Centre de développement de l’OCDE, dont M. Federico Bonaglia, Directeur adjoint.

 

Pour avoir de plus amples informations ou obtenir un exemplaire du rapport Perspectives du développement mondial 2017 : Les migrations dans un monde en mutation, les journalistes sont invités à prendre contact avec le service de presse du Centre de développement de l’OCDE (courriel : bochra.kriout@oecd.org ; tél. : +33 1 45 24 82 96).