Voir: Aperçu synthétique de l'aide du Royaume Uni.
Le gouvernement actuel, au pouvoir depuis 1997, accorde un rang élevé aux questions de développement dans l'échelle des priorités politiques, aussi bien au plan intérieur qu'à l'échelon international. La lutte contre la pauvreté est devenue l'axe central de la coopération britannique pour le développement, et l'aide publique au développement (APD), qui est en voie d'augmentation, est désormais considérée comme s'inscrivant dans le cadre d'un effort plus général à l'appui du développement international. Améliorer la cohérence des politiques ayant des retombées pour les pays en développement est devenu une priorité du gouvernement dans son ensemble, lequel s'efforce aussi de promouvoir une action dans ce sens au niveau international, en particulier au sein des institutions de l'Union européenne (UE). Dans deux Livres blancs, parus respectivement en 1997 et en 2000, le gouvernement définit les nouvelles orientations et le mandat élargi de la coopération britannique pour le développement. Le Livre blanc de 2000 traite plus spécialement des opportunités et des dangers de la mondialisation pour le développement, en reconnaissance du fait que les pays les plus pauvres risquent d'être encore plus marginalisés si une attention accrue n'est pas portée à l'interdépendance grandissante entre les nations au plan économique.
Le Royaume-Uni s'est totalement rallié au principe du partenariat et a articulé son programme d'aide autour des objectifs internationaux de développement et des objectifs de développement du millénaire, dont la plupart appelle l'obtention de résultats pour 2015. Conscient qu'aucun pays n'est en mesure d'éradiquer seul la pauvreté du monde, le gouvernement britannique a chargé le ministère du Développement international (DFID-Department for International Development) de stimuler les efforts déployés à l'échelon international pour faire reculer la pauvreté, mission dont celui-ci s'efforce de s'acquitter en collaborant avec d'autres instances et en jouant de son influence auprès de ces dernières pour appuyer les efforts qu'engagent eux-mêmes les pays en développement pour combattre la pauvreté. Parmi les Membres du Comité d'aide au développement (CAD) de l'OCDE, le Royaume-Uni joue un rôle de premier plan pour promouvoir la stratégie de partenariat pour le développement -- telle qu'elle est définie dans le rapport de 1996 du CAD sur Le rôle de la coopération pour le développement à l'aube du XXIe siècle -- et pour inciter la communauté internationale à œuvrer à la réalisation des objectifs internationaux de développement.
Le système britannique de coopération pour le développement a connu de profondes transformations depuis 1997. La refonte du DFID, qui est devenu une instance autonome, l'a rendu mieux à même de s'acquitter de son nouveau mandat élargi et lui a permis de jouer un rôle actif de promotion de la cohérence des politiques. Ces évolutions doivent beaucoup à la vigueur de la volonté politique manifestée par la ministre du Développement international, laquelle siège au Cabinet.
Afin de bien montrer sa détermination à faire reculer la pauvreté dans le monde et à inverser la tendance à la baisse de son APD, le gouvernement britannique portera au niveau jamais atteint de 3.6 milliards de £ (environ 5.2 milliards de $) le plafond de dépenses du DFID pour l'exercice 2003/2004. L'APD nette du Royaume-Uni a totalisé 4.5 milliards de $ en 2000, chiffre qui classe ce pays au quatrième rang parmi les pays Membres du CAD. Cela représente 0.32 % du revenu national brut (RNB), ce qui est supérieur à la moyenne (pondérée) du CAD avec ses 0.22 %, mais reste inférieur à l'effort moyen par pays du CAD (moyenne non pondérée) qui s'est, lui, établi à 0.39 %. Le Royaume-Uni s'est engagé à porter son rapport APD/RNB à 0.33 % en 2003/2004.
Soucieux d'améliorer l'efficacité de son aide et d'en accroître l'impact sur le développement, le Royaume-Uni achemine une part croissante de son aide en collaboration avec d'autres donneurs par l'intermédiaire de cadres de développement destinés à appuyer des stratégies de lutte contre la pauvreté conduites par les pays partenaires, parmi lesquels viennent à la première place les cadres stratégiques de lutte contre la pauvreté (CSLP). Cela explique un certain nombre de caractéristiques du programme d'aide britannique, notamment la place moins importante qui y est désormais faite aux projets isolés et le recours accru à la mise en commun des fonds bilatéraux et à l'aide non liée. De ce fait, le soutien de l'opinion publique doit être motivé davantage par la contribution que l'aide doit apporter à la réalisation des objectifs de développement que par la visibilité que le Royaume-Uni peut retirer de son aide. L'adaptation des organismes d'aide bilatérale à ce contexte nouveau est un phénomène auquel nul ne peut aujourd'hui échapper. La démarche du Royaume-Uni témoigne que les organismes bilatéraux peuvent conserver une utilité propre en apportant une contribution constructive et informée au débat international, en fournissant une source additionnelle de recherches indépendantes et en assurant le suivi de la mise en œuvre des engagements internationaux. La question se pose toutefois de savoir dans quelle mesure la démarche adoptée par le Royaume-Uni est transposable à d'autres pays et peut servir de modèle sur lequel bâtir une stratégie commune des donneurs bilatéraux.
Depuis le dernier examen par le CAD de l'aide du Royaume-Uni, en 1997, divers ajustements ont été opérés qui ont consolidé la place du Royaume-Uni dans le peloton de tête de la communauté des donneurs. Nombre de ces changements représentent un revirement important par rapport aux méthodes passées et ont contribué à aligner le programme britannique sur les bonnes pratiques internationales. L'objectif de ces modifications conceptuelles et opérationnelles est de concourir à rehausser l'efficacité de l'effort international à l'appui du développement. Parmi ces dernières, on citera en particulier les suivantes :
Un approfondissement des partenariats pour le développement appelle une forte présence des donneurs dans les pays partenaires et des stratégies-pays bien définies, conformes aux stratégies de lutte contre la pauvreté choisies par les pays d'accueil eux-mêmes. Compte tenu des ambitieux objectifs assignés à son programme d'aide, le Royaume-Uni se trouve en outre confronté à un certain nombre de défis particuliers qu'il lui faut relever pour préserver la place de premier plan qu'il occupe au sein de la communauté internationale des donneurs et pour aider le DFID à remplir plus efficacement le mandat de collaboration et d'influence qui lui a été confié.
Les autorités reconnaissent qu'un accroissement du rapport APD/RNB est indispensable pour prouver la détermination du Royaume-Uni à faire refluer la pauvreté dans le monde et ont réitéré leur attachement à l'objectif de 0.7 % fixé par les Nations unies. Le Royaume-Uni fait certes partie des quelques Membres du CAD qui affichent une réelle volonté d'augmenter le volume de leur APD et leur rapport APD/RNB, mais il lui reste encore beaucoup à faire pour atteindre cet objectif.
Comme pour les autres Membres du CAD, assurer la cohérence des politiques se révèle une entreprise difficile, qui continuera de nécessiter une attention constante. Le DFID mène activement campagne auprès des autres sphères de l'administration britannique en faveur de la cohérence des politiques et des décisions. La soumission au Parlement de projets de loi dans certains domaines importants à cet égard comme la corruption, les exportations d'armes et le blanchiment des capitaux, qui n'avait jusqu'à présent pas reçu une grande priorité, est prévue en 2001/2002. Les intérêts nationaux continuent cependant de peser lourdement dans certains domaines, ainsi qu'en atteste le processus d'octroi de crédits à l'exportation pour des projets susceptibles d'avoir des retombées dommageables au plan social ou environnemental. Par ailleurs, les résultats obtenus dans certains autres domaines, par exemple en ce qui concerne l'initiative « Tout sauf les armes » de l'UE, témoignent de la difficulté de mettre en œuvre des politiques qui soient totalement compatibles avec les objectifs de développement.
Au vu de la répartition géographique de son aide bilatérale, le Royaume-Uni tend nettement à privilégier les pays les moins avancés et autres pays à faible revenu comme le veut sa stratégie affichée. Compte tenu de l'augmentation du budget de l'APD, le DFID doit prendre en considération, dans ses décisions concernant l'enveloppe à allouer à chaque pays et région, l'importance relative à affecter au nombre de pauvres, à la probabilité de réalisation des objectifs internationaux de développement, à l'existence de ressources provenant d'autres sources et à la qualité de l'environnement général. Le DFID mène des activités dans un certain nombre de pays pauvres où le contexte est peu favorable et où se posent des problèmes de gestion des affaires publiques afin d'y soutenir les évolutions susceptibles de déboucher sur des changements positifs et d'offrir une certaine protection aux pauvres qui y vivent. Peut-être une plus grande attention devrait-elle être portée au recensement et à la diffusion des enseignements à tirer de l'expérience ainsi accumulée.
Les méthodes de travail du DFID découlent directement de son mandat, qui l'appelle à collaborer avec les autres acteurs œuvrant au développement international et à tenter d'influer sur leur action. Le DFID coopère largement avec les autres donneurs, par exemple au sein des instances internationales et en mettant à leur disposition les résultats de ses recherches et les enseignements de son expérience. Certains estiment toutefois que, dans sa quête d'influence, le Royaume-Uni devrait s'appliquer davantage à susciter chez les autres donneurs un sentiment plus fort d'appropriation des alliances qu'il s'efforce de constituer autour de priorités et d'objectifs communs. Le DFID a donc là une possibilité de pousser plus avant l'esprit de collaboration qui l'anime.
Le DFID s'est doté d'un cadre stratégique ambitieux et bien structuré, axé principalement sur la réalisation des objectifs internationaux de développement. Il lui faut cependant encore fournir à ses agents, en particulier ceux en poste sur le terrain, des orientations sur ce qu'implique concrètement sa mise en œuvre. L'application de ces stratégies dans les pays en développement où le contexte est peu favorable ne va en outre pas sans problèmes. Le DFID a entrepris de recentrer son attention sur les questions de mise en œuvre et d'élaborer à l'intention des bureaux locaux des conseils pratiques pour les aider à donner corps à sa nouvelle conception de l'aide au développement. La nouvelle politique doit être confrontée à la réalité du terrain et affinée si besoin est. Ceci montre clairement l'importance d'une différentiation de l'approche retenue en fonction de la situation locale et d'un meilleur partage des connaissances et des enseignements de l'expérience.
Du fait de la complexité et de l'ambition grandissantes des moyens susceptibles d'être utilisés pour mettre l'aide au service de stratégies de lutte contre la pauvreté que les pays d'accueil font leurs, il devient sans doute aussi plus difficile de faire bien saisir à l'opinion publique les objectifs, les instruments et les modes d'intervention associés à un programme d'aide qui se veut avoir un réel impact. Le DFID s'efforce d'associer plus largement la collectivité au programme d'aide en étendant ses contacts à l'ensemble de la société civile et en ne les limitant plus seulement aux ONG. Dans ce context, le DFID se doit d'aider les organisations de dimensions restreintes à s'intéresser aux questions de développement et à satisfaire aux critères auxquels sont assujettis ses financements.
Les dispositifs de suivi et d'évaluation du DFID ont subi de profondes transformations ces dernières années. Dans de nombreux domaines, ce type de mécanismes constitue une nouveauté et ceux qui ont été mis en place doivent encore être expérimentés. Lorsque de tels systèmes existaient déjà, ils sont peu respectés car le personnel du DFID paraît d'une manière générale ne se sentir que peu concerné par ce genre d'exercice. Une autre question qui mériterait de retenir l'attention est celle l'indépendance institutionnelle des évaluations ex post, dont le programme est actuellement déterminé par un comité comprenant des membres du directoire du DFID.
A terme, les progrès accomplis dans chaque pays en développement vers les objectifs internationaux de développement fourniront une base sur laquelle fonder l'évaluation de la performance du DFID. La tâche n'a en l'occurrence rien d'aisé étant donné les difficultés que soulèvent la collecte de données sur les changements observés dans les pays en développement et l'attribution de ces changements à l'action d'un donneur particulier. Malgré la mise en place de systèmes propres à améliorer l'évaluation des performances se pose toujours la question de savoir comment concilier les objectifs intégrés dans l'accord triennal et les objectifs à plus long terme poursuivis par le DFID dans le domaine du développement.
Sur la base des éléments qui précèdent, le CAD encourage le Royaume-Uni à :
Cet éxamen est disponible dans Les Dossiers du CAD, Volume 2, No. 4.
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